Vous avez placé votre rassemblement sous le signe d’une invitation : "Forge l’avenir !" Et, vous venez de l’entendre, la liturgie vous rejoint exactement au coeur de vos préoccupations. Vous vous demandez : "Que voulons-nous faire de notre vie ? Quel sens voulons-nous lui donner ?" Et l’Évangile vous demande précisément : "Voulez-vous continuer de suivre le Christ ?"

Je pense que ces questions retentissent très fort dans votre vie, à vous qui avez accepté de prendre une responsabilité dans le mouvement des Guides de France. En effet, dans votre génération, en France, vous êtes très souvent interrogées sur votre appartenance à l’Église. Je le vois à travers ce que m’écrivent les jeunes de votre âge qui demandent la confirmation.

Alors, je vous dis : n’ayez pas peur de ces questions ! N’ayez pas peur de les approfondir. Aucun être humain ne peut éviter une interrogation personnelle sur le sens qu’il veut donner à son existence. Alors, à plus forte raison, comme disciples du Christ, ne soyons pas surpris d’avoir à rendre compte de notre foi. Ce qui est important, ce n’est pas que l’on nous interroge. Ce qui est décisif, c’est la manière dont nous cherchons des réponses ! Car il y a des réponses.

Ce matin, je me contenterai de deux souhaits que je formule pour vous.

Tout d’abord, soyez des êtres d’admiration.

Vous avez le privilège d’être aujourd’hui en Auvergne. Regardez : la région est superbe ! Ouvrez vos yeux et retrouvez toute votre capacité de vous émerveiller. Laissez-vous porter par la nature qui est à la fois sauvage, volcanique et apaisée. Regardez aussi l’harmonie des villages et la beauté discrète des églises romanes. Je n’oublie pas, en cet été 2003, que la nature peut être aussi dure et cruelle. Si vous le pouvez, allez parler aux agriculteurs : ils vous diront combien ils ont à souffrir de la sécheresse. Et il faut entendre cette souffrance. Mais tout en la prenant en compte, je vous souhaite de vous laisser interroger par la splendeur de l’univers au milieu duquel nous vivons.

À ce propos, je voudrais vous raconter une histoire qui m’a souvent fait réfléchir. En 1968, j’avais été embauché, pour le temps des vacances, par le P. Michel Jaouen, qui dirigeait alors le Foyer des Épinettes, à Paris. Chaque été, il organisait un camp itinérant, un peu comme vous faites, pour permettre à des jeunes, entre 16 et 20 ans, de quitter la ville et de découvrir la nature. Et donc, le premier soir, en descendant l’Ardèche, nous dormions à la belle étoile, au bord de la rivière. À ma grande surprise, pour moi qui suis fils de paysans et qui ai grandi à la campagne, lorsque la nuit est tombée, un des jeunes est venu vers moi et m’a demandé : " mais qu’est-ce qui brille là-haut ?". Ceci peut vous paraître incroyable, mais c’est vrai. Ce jeune n’avait encore jamais vu les étoiles ! Et j’ai compris, ce soir-là, en discutant avec lui, que les lumières de la ville empêchent de voir les étoiles !!

Réfléchissez bien à ceci : les lumières de la ville empêchent de voir les étoiles. Ayez donc toujours assez de curiosité pour aller plus loin que les évidences reçues dans la société. Retrouvez la capacité d’admirer les merveilles de l’univers. Et si vous vous laissez instruire par elles, vous pourrez aller à la rencontre de votre Créateur. Comme le dit le Psaume 8° :

" À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme, que tu t’en souviennes, le fils d’Adam, que tu penses à lui ? "

L’admiration peut conduire à l’adoration. Je vous souhaite d’aller jusqu’au bout de cet itinéraire spirituel. Et lorsque vous serez revenues chez vous, que cette expérience reste pour vous comme une invitation à chercher, au plus profond de votre coeur et de votre intelligence, la Source de votre vitalité, la Source qui vous donne d’être, de comprendre et d’aimer.

En France, on dit encore souvent qu’il y aurait une opposition entre la science et la foi. Je l’ai encore entendu la semaine dernière sur France Culture. Mais ne vous laissez pas intimider par ce lieu commun. À priori, la science et la foi ne répondent pas aux mêmes questions, elles ne peuvent donc pas, fondamentalement, se trouver en contradiction. Elles sont utiles toutes les deux à l’humanité, dès lors qu’elles acceptent de n’être pas totalisantes. Que diriez-vous d’un médecin qui prétendrait bien connaître ses enfants, son fils ou sa fille, simplement parce qu’il les aurait soumis à une analyse de sang, à un scanner et à une IRM, sans jamais prendre le temps de les écouter ? Ce serait absurde. L’attitude inverse le serait tout autant.

Ainsi, autre exemple, si vous admirez la planète Mars, ces jours-ci, soyez capables de curiosité scientifique, mais soyez aussi capables, en même temps, d’admiration pour le Créateur de l’univers. Car si les savants dépensent autant d’énergie pour aller chercher sur Mars les traces de l’origine de la vie, comment ne pas nous interroger aussi, et avec autant de passion, sur la signification, et sur les buts de notre vie ?

Et voici la seconde attitude que je vous souhaite : soyez des êtres de recherche.

On dit parfois : les chrétiens n’ont pas à se poser de questions, ils doivent seulement suivre le Christ. Mais c’est le Christ lui-même qui interroge ses disciples ! C’est le signe que le Christ fait confiance à notre capacité de réflexion. Nous ne sommes pas des moutons de Panurge. Nous sommes des êtres à qui Dieu fait l’honneur de proposer des choix et une Alliance. Dieu nous a créés intelligents et libres. Regardez bien quelle dignité cela nous confère, à nous les êtres humains : Jésus, le Christ, nous traite en interlocuteurs responsables !

J’ajoute, par mode de conclusion, une dernière indication. Ne confondez pas le fait de vous poser des questions et le fait de douter. Les confirmands me parlent souvent du doute. Ils confondent, à mon point de vue, le doute qui paralyse et le doute qui permet d’avancer dans la foi.

Je prends une comparaison. Lorsque vous partez dans la forêt, il vous arrive d’être à un croisement entre plusieurs chemins. Alors, vous vous interrogez.
Le doute qui détruit la foi consisterait à dire : puisque j’ai des doutes sur le chemin, je reste assis au milieu du carrefour, et je ne choisis pas. Vous resterez longtemps et vous n’irez pas loin.

À l’inverse, le doute qui fait avancer dans la foi, c’est comme lorsque vous dites : puisque je m’interroge, je vais regarder la boussole et la carte.

Alors, si vous savez consulter la boussole et la carte pour votre chemin, pourquoi ne le feriez-vous pas pour votre vie ?

Écoutez bien la question que vous pose aujourd’hui le Christ. Écoutez bien la réponse de l’apôtre Pierre. Vous êtes à un carrefour de votre vie. N’ayez pas peur de vous interroger. Entrez dans la recherche, dans la méditation et la prière. Demandez conseil à ceux en qui vous pouvez avoir confiance.

Alors vous pourrez devenir aussi des êtres responsables, capables d’un engagement authentique, en réponse à l’Alliance que le Christ vous propose.

Nous allons prier ensemble pour que l’Esprit de Dieu vous soit en aide dans votre recherche.

Références bibliques :

Référence des chants :

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