Il suffit d’aimer !
Les deux commandements de l’amour

 

Deux commandements semblables, de même importance ! Le Christ ramène tout à l’amour. Les 617 commandements, positifs ou négatifs, que les pharisiens respectaient scrupuleusement, sont ramenés à l’essentiel : l’amour, de Dieu et du prochain. Une aubaine, il n’y en a que deux. Pas de problème de mémoire, donc ! Et l’on peut rester chez soi. Aime, là où tu es, ton Dieu et tes frères et sœurs, voilà tout l’Évangile. Mais si je manque le rendez-vous de l’amour, c’est toute la religion que j’ai ratée !

 

Dieu existe-t-il ?

 

Aimer le prochain, tout le monde sera d’accord. Cette conviction s’est même traduite dans les Droits de l’Homme. Mais l’amour de Dieu, qui pourtant reste le premier selon Jésus, voilà qui n’est plus évident aujourd’hui. Notre culture s’interroge. Existe-t-il vraiment ?

 

Écoutez plutôt cette histoire que je tiens de Pie Tshibanda. Nous sommes dans un salon de coiffure. « Il n’y a pas de Dieu ! dit soudain le coiffeur – Et pourquoi donc ? interroge son client – S’il existait, il n’y aurait pas tout ce mal et ces êtres mauvais. » Le client opposa quelques arguments, mais en vain. La coupe achevée, il s’en alla. Un peu plus loin, il croisa un pauvre hère à la coiffure désordonnée, à la barbe hirsute. Il fit alors demi-tour et rentra dans le salon de coiffure. « Il n’y a pas de coiffeur dans cette ville ! – Et moi, alors ? – Non, il n’y a pas de coiffeur dans cette ville ! Je viens de voir un homme à la chevelure démesurée et à la barbe non taillée. C’est bien la preuve ! – Mais je n’en peux rien s’il ne s’adresse jamais à moi. – Tu vois, il en va de même pour Dieu ! »

 

Et pourtant, il y a des gens pour qui Dieu est essentiel dans leur vie. Ainsi Ingrid Betancourt, qui a fait la une des journaux ces derniers mois. « Profondément, l’être que je suis ne s’explique que dans la certitude que j’ai de l’existence de Dieu. Ça, c’est ma conviction. Pour moi, l’essentiel, c’est que cette présence de Dieu – que j’ai sentie dans la jungle, dans le malheur – c’est la même présence de Dieu que je sens dans la liberté et dans le bonheur. »

 

Ou Sœur Emmanuelle qui, à propos de sa mort, disait : « Je remercierai Dieu : Seigneur, tu m’as donné une si belle vie. C’est ton amour qui m’a habitée pendant tant d’années. Maintenant je vais vers toi. Merci Seigneur, tu m’aimes et je t’aime. » L’amour pour Dieu est un amour de reconnaissance. Il nous a en effet aimés le premier et nous manifeste son amour de tant de manières – par la beauté de la nature, la présence de nos proches et surtout en Jésus Christ.

 

L’amour du prochain

 

Quant à l’amour du prochain, il s’agit d’un amour d’initiative : c’est à nous de faire le pas vers eux, comme Dieu a fait le pas vers nous. Ce commandement, nous dit Jésus, il est le deuxième, mais semblable en importance. Si tu aimes Dieu sans aimer les autres, commentera saint Jean, tu es un menteur. Mais si tu aimes les autres sans aimer Dieu, tu risques bien de les aimer d’un amour rétréci, rien que pour toi. Les grands croyants – pensez à Sœur Emmanuelle – ont su aimer « pour l’amour de Dieu », et cela les a conduits tellement loin.

 

C’est en effet d’aimer Dieu comme il nous aime, dont il est question. Son amour est toujours inconditionnel, gratuit et universel. Inconditionnel, car il n’attend pas que nous soyons aimables, parfaits pour nous aimer. Au contraire, c’est son amour qui nous rend aimables. Gratuit, parce qu’il n’exige rien en retour. Il continue à nous aimer même si nous ne répondons pas et il est prêt à aller jusqu’au pardon. Et universel, car il n’y a pas d’exception. Nous serons donc parfois invités à faire un pas en dehors de notre petit cercle d’amis, vers les chiffonniers de notre rue, ou ceux du Caire… Si Dieu ne fait pas d’exception, pourquoi en ferions-nous ?

 

Il suffit d’aimer

 

Il suffit donc d’aimer en vérité pour être « en règle » avec la religion. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » Dans une même démarche, nourrir l’affamé, voilà que les deux commandements sont réalisés : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Car, finalement, il n’y a qu’un seul amour qui consiste à sortir de nous-mêmes et à nous mettre en route vers les autres. Quand l’autre est aimé en vérité, Dieu est rencontré.

 

Un jour, un homme, pieux s’il en est, tenait en main son chapelet au volant de sa voiture. Le long de la route, un auto-stoppeur. Notre chauffeur, absorbé par sa prière, continua son chemin. Et tout à coup, l’image de cet homme lui revint avec force et il n’arrivait plus à se concentrer sur ses Ave Maria. Il finit par faire demi-tour. « C’est vous qui êtes passé tout à l’heure ? Vous avez fait demi-tour ? – Oui… » Et notre chauffeur de raconter ce qui lui était arrivé. La réaction du passager : « C’est cela la religion ? »

 

Oui, c’est cela ! Il suffit d’aimer, tout est là. Et si tu manques cela, il ne te reste plus que des rites et des croyances. Bien utiles certes, mais coquilles vides s’il n’y a pas d’amour. À certains jours, cet amour sera simplement fait de petits gestes spontanés. D’autres jours, il sera plus courageux : il s’agira de continuer à aimer. C’est alors que le commandement peut être utile. Mais parfois, l’homme peut aller jusqu’à l’héroïsme : donner sa vie par amour. Oui, l’homme en est capable, car il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ce jour-là, l’amour n’est plus un commandement, mais un accomplissement. Merci à Sœur Emmanuelle de l’avoir illustrer par toute sa vie ! Son message : Tu es aimé, aime donc !

Références bibliques : Ex 22, 20-26 ; PS17 ; 1Th 1, 5c-10 ; Mt 22, 34-40

Référence des chants :

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