Frères et Sœurs,

 

Étonnante réaction que celle de Jésus qui, dans un premier temps, ne répond pas à l’appel de cette cananéenne venue intercéder pour sa fille « tourmentée par un démon ». Et devant l’insistance des disciples qui veulent en finir avec le harcèlement verbal de cette femme venue en quelque sorte de l’étranger, Jésus répond : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ».

 

En écoutant cette réponse assez inattendue, on se rend compte que Jésus a fait, lui aussi, tout un chemin d’humanité pour ajuster sa mission à sa vocation de Messie. Il a fallu l’humilité confiante de cette femme venue des terres étrangères à Israël pour que le regard de Jésus lui-même s’ouvre aux dimensions universelles de sa mission. Jusqu’au bout, Dieu a voulu avoir « besoin » des hommes car c’est ici dans l’épaisseur de l’humain que se révèle pleinement la mesure universelle de la mission de Jésus reconnu comme Christ et Messie.

 

Dieu ne se révèle pleinement Dieu que dans son alliance avec l’homme « créé à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1).

 

L’homme n’est pleinement homme que dans l’alliance avec Dieu qui donne à sa destinée son cap et son sens.

 

Mais alors, direz-vous, que dire de Dieu avant l’apparition de l’homme ? Et que dire de l’homme qui fait le pari et le choix de vivre « sans Dieu » ? Ne tombons pas dans le piège des réponses faciles qui mettraient l’homme et Dieu en état de dépendance ou de concurrence réciproques ! Ce n’est pas la dépendance qui est source de liberté ni la concurrence… mais l’alliance. Ce qui est vrai au plan de nos relations humaines l’est aussi au plan de notre vie spirituelle et religieuse.

 

Dans l’Évangile de ce dimanche, Dieu nous dit en quelque sorte : « laisse-toi toucher », « deviens vulnérable ». Nos carapaces du cœur ne nous protègent de rien mais nous isolent de tout… et de tous. Jésus s’est laissé toucher le cœur par cette femme venue d’ailleurs et qui a pu le rejoindre au plus profond de lui-même.

 

Dieu se laisse toucher plus qu’il ne se laisse convaincre. C’est là le secret de notre prière qui rejoint la foi de cette femme cananéenne toute soucieuse de la santé et du salut de sa fille emprisonnée dans son mal.

 

Reste cependant la question de nos prières apparemment non exaucées… Faudrait-il se contenter des miettes d’un festin auquel nous n’avons pas accès ? Non car Dieu ne fait pas de nous les mendiants mais les invités de son repas. C’est là notre véritable dignité.

 

Sur les routes de la vie souvent tumultueuses et parsemées d’obstacles imprévus, la confiance reste le seul chemin capable de créer l’avenir. Et le Christ vient toujours nous fixer rendez-vous, même dans les régions apparemment les plus éloignées du cœur humain. Tous, nous voici invités à faire cette expérience d’être libérés de nos peurs, relevés de nos chutes et apaisés par la certitude de se savoir aimés dans la vérité de ce que nous sommes.

 

L’Évangile de ce dimanche nous révèle que Dieu ne reste pas sourd à nos appels. Sans doute sait-il mieux que nous ce dont nous avons besoin… mais un peu à la façon dont les parents se réjouissent de ce que les demandes de leurs enfants correspondent à ce qui semble le meilleur pour eux, ainsi Dieu se réjouit-il de la confiance que nous lui exprimons.

 

La prière n’a pas pour but d’informer Dieu mais de nouer une alliance qui permet l’abondance du don. C’est ce qu’a compris cette femme cananéenne (de l’Évangile). On pourrait presque dire que c’est la foi de l’homme qui dilate le cœur de Dieu !

 

Nous sommes ici à La-Roche-en-Ardenne, dans cette belle région touristique de l’Ardenne belge. Que ce temps de vacances puisse nous aider à revenir sans cesse à l’essentiel. Mais je veux aussi rejoindre tous ceux d’entre nous qui n’ont pas (ou ne pourront pas) profiter de ces vacances. Aujourd’hui, et au cœur de cette eucharistie, le Christ nous fixe rendez-vous :

 

• pour que la lassitude se transforme en plénitude,

 

• pour que les déchirures du cœur se cicatrisent dans la douceur de l’amour,

 

• pour que la détresse devienne tendresse,

 

• pour que la fraternité l’emporte sur la violence,

 

• pour que la méfiance devienne confiance.

 

« Ta foi est grande » nous dit alors le Christ. Désormais, s’ouvre l’avenir pour « tisser les liens de l’invisible et briser les murs de l’impossible ».

 

Amen.

Références bibliques : Is 56, 1.6-7 ; Ps 66 ; Rm 11, 13-15.29.32 ; Mt 15, 21-28

Référence des chants :

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