Nous sommes au ciel, nous sommes transportés loin de notre monde habituel : une cour royale, une cour céleste. Dieu, comme il paraît lointain ! C’est dans une vision que le prophète Isaïe est ainsi mis en communication avec cet univers normalement inaccessible. Isaïe, ce prophète de la grandeur et de la gloire de Dieu, nous paraîtra un homme privilégié : pensez donc, dans ses visions, il a contact avec le Dieu du ciel.

Mais, après tout, c’est comme Paul l’Apôtre, comme Pierre, les Douze, et cinq cents autres frères. Ils ont eu la chance de rencontrer Jésus, Lui qu’ils appellent le Seigneur. Certains, familièrement du temps de sa vie terrestre, avant la Passion, la mort et la Résurrection. D’autres, comme Paul, n’ont pas eu cette chance. Mais les 500, plus les Douze, plus Paul, ont bénéficié de ses apparitions après la Résurrection. Ce n’est pas à nous que cela arriverait : nous voilà bien frustrés peut-être.

Ne vous êtes-vous pas dit un jour : quelle chance ils ont eu, ceux qui ont côtoyé Jésus de Nazareth ! Si j’avais su ce que je sais en voyant ce qu’ils ont vu, quelle merveille. Aujourd’hui même, beaucoup de nos contemporains disent douter de la présence, de l’action, et peut-être même de l’existence de Dieu, parce qu’il ne leur est pas donné – jusqu’alors – de vivre l’expérience d’une relation personnelle avec Dieu. Et même, l’on nous dit – et nous le voyons en vérité – que parmi nos frères chrétiens, il en est beaucoup qui ne croient pas en ce Dieu personnel avec lequel on peut être en dialogue ; en tout cas, pour beaucoup de chrétiens, je le sais, et peut-être aussi pour certains d’entre vous qui m’écoutez, il est difficile de se représenter ce qu’est une relation avec Dieu comme une personne.

Alors avez-vous aussi remarqué comme on se parle beaucoup sur la terre (ou sur l’eau, dans une barque ou d’une barque à l’autre) comme au ciel. Au ciel, il y a des anges qui crient : « Saint le Seigneur de l’univers », il y a un prophète qui gémit : « malheur à moi, je suis impur et j’ai vu Dieu ». Il y a même Dieu qui s’interroge : « qui enverrai-je ?» Et le prophète aux lèvres purifiées qui dit : « moi, envoie-moi ».

Avez-vous aussi entendu cette discussion entre Jésus et Simon ? Jésus n’a-t-il donc pas assez d’autorité pour s’imposer d’un mot, d’un ordre à Simon ? Là n’est pas la question, car il faut d’abord se parler, s’écouter. Accueillir le fait que le maître ne veut rien faire sans nous. Accepter le fait que nous puissions d’abord ne pas comprendre, avoir peur, ne pas savoir du premier coup.
Pierre, comme Isaïe, comme Paul, accepte cela en reconnaissant sa faiblesse, sa fragilité, son insuffisance : « je suis un homme aux lèvres impures » ; « je ne suis que l’avorton » ; « je suis un homme pécheur ».
Oui, je crois que c’est la bonne nouvelle qui nous est offerte aujourd’hui, et qui peut toucher nos contemporains. En s’enfermant sur ses soucis et sur sa volonté de réussir par lui-même, l’homme d’aujourd’hui n’entrevoit pas facilement qu’un dialogue est possible. Il ne sait pas encore qu’il pourrait entrer en relation durable avec l’auteur de toute relation. Peut-être a-t-il peur, peut-être avons-nous peur de voir l’invisible, d’écouter une parole de promesse ?

N’auraient-ils vécu que d’illusion ceux qui, avant nous – mais quelques-uns sont encore là – ont fait naître ici-même une communauté chrétienne dans ce quartier, il a cinquante ans ? N’ont-ils pas apporté une qualité de vie spirituelle et fraternelle aux hommes et aux femmes de milieux modestes qui s’étaient installés ici dans les années 50, ceux qui célébrèrent Noël pour la première fois dans cette église, le 25 décembre 1956 ? Et aujourd’hui, c’est plus qu’un hommage que nous adressons à ces constructeurs de murs et de communauté. C’est une action de grâce au Dieu vivant. C’est une louange au Christ Sauveur. C’est un chant à l’Esprit Saint qui habite dans le cœur de tout homme : Seigneur éternel est ton amour ! N’arrête pas l’œuvre de tes mains.

Le pape Jean-Paul II, dans sa lettre au début du nouveau millénaire, a invité les communautés chrétiennes à être d’authentiques écoles de prière où la rencontre avec le Christ s’exprime « non seulement en demandes d’aide mais aussi en actions de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente jusqu’à une vraie folie » (§33).
Cette église a été placée sous le patronage de saint Jean Bosco, l’éducateur des rues dans le Turin des années 1840 à 1880. Bosco, dans la lignée du Savoyard François de Sales, savait bien que c’était dans la rencontre personnelle avec son Sauveur qu’il puisait la force d’aimer généreusement et joyeusement tous ces enfants perdus. Au même moment, à Chambéry, un autre disciple de François de Sales ouvrait l’institution du Bocage qui existe encore aujourd’hui : une grave épidémie avait fait beaucoup d’orphelins, les privant de toute éducation et de tout amour ; l’abbé Camille Costa de Beauregard, dont nous espérons bien la béatification par l’Église, leur a ouvert la route de l’avenir en les accueillant et les éduquant. C’est qu’il trouvait la force d’aimer et d’espérer dans sa relation quotidienne d’amour au Dieu Vivant : que son nom soit béni !

Références bibliques : Is 6, 1-8 ; Ps 137 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11

Référence des chants :

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