« Il est si grand ce sacrement ! » C’est ce que nous chantons lorsque nous prenons un temps, en prière, devant le Saint Sacrement. Mais il vaut la peine de poser tout de suite la question de savoir pourquoi aime-t-on prolonger ainsi, dans l’adoration, le geste eucharistique lui-même, l’eucharistie célébrée en communauté ? Peut-être, tout simplement pour laisser résonner en nous les paroles du Seigneur, telles que saint Paul les rapporte aux Corinthiens : « Prenez et mangez, ceci est mon corps ; prenez et buvez, ceci est mon sang » ; et encore : « Faites ceci en mémoire de moi. » Et ces paroles, nous l’avons bien entendu, sont un commandement : Prenez, mangez, buvez, faites !

Rien de facultatif là-dedans. Par ces mots et par son geste, le Seigneur donne l’eucharistie à ses disciples. Et dans ces mots, il y a deux choses : d’une part, les disciples devront refaire le geste qui leur rappellera son amour à lui, Jésus. L’eucharistie, c’est le geste de l’anti-oubli de l’amour de Dieu révélé dans le Christ Jésus. Mais dans ces mots il y a aussi l’impératif pour les disciples de faire « comme le maître a fait » : aimer comme il a aimé. Se donner, comme il s’est donné. Servir comme il s’est fait serviteur. Et faire tout ceci, saint Jean y insistera « en acte et en vérité… »

En fait, si nous aimons à prolonger dans l’adoration l’eucharistie célébrée en communauté, c’est pour bien prendre conscience qu’à la vérité, quand on est devant le Saint Sacrement, on n’est pas devant quelque chose. Non ! On est en présence de quelqu’un. Et ce quelqu’un c’est le Seigneur qui nous parle, qui parle à son Église, qui rejoint chacun, veut le bien de chacun et envoie chacun vers les autres, porter témoignage de l’amour de Dieu.

Au fond, ce qu’il faut bien saisir, c’est que dans la prière, on n’est jamais devant le mystère eucharistique, comme s’il nous restait extérieur et nous étrangers à lui. Non ! Pour peu qu’on prenne le mystère eucharistique au sérieux, à fleur d’Évangile, on saisit de plus en plus et de mieux en mieux que, s’agissant de l’eucharistie, on est en réalité toujours dedans. Pour parler comme saint Paul, il s’agit bien de se laisser saisir par l’amour du Christ. Il s’agit bien d’imprimer à nos vies la marque de l’amour que le Christ nous a témoigné lorsqu’il s’est livré « pour nous et pour la multitude. » Pour parler comme saint Jean, il s’agit bien de demeurer dans la logique de l’amour dont le Christ a donné l’exemple quand il a lavé les pieds de ses disciples. Vous vous souvenez que c’est le texte qu’on lit le jeudi saint, lorsqu’on célèbre l’institution de l’eucharistie.

Frères et sœurs rien n’est plus important que de comprendre de mieux en mieux le mystère eucharistique.
Pour cela, en conclusion, permettez-moi de vous livrer quatre mots que l’on ne devrait jamais séparer pour entrer dans le mystère et pour en vivre. Le premier mot c’est sacrifice : parce que l’on entend dire parfois qu’à la messe le Seigneur se donne et que nous cultivons la mémoire de cet amour. Le second mot c’est présence : parce que le Seigneur ressuscité est et demeure réellement présent à son Église et à chacun. Le troisième mot c’est prochain : car l’Eucharistie construit et nourrit une assemblée fraternelle, l’Eglise. Le dernier mot c’est service : parce que la mission de l’Eglise du Christ c’est le service dans l’amour.
dit le Seigneur dans l’Evangile de ce jour. Cela ne signifie-t-il pas : devenez ce que vous célébrez en mon nom, Amour « en acte et en vérité ». AMEN.

Références bibliques : Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17

Référence des chants : Chants de la messe à Villedieu-les-Poêles

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