C’est donc clair, sœurs et frères, au nom de notre appartenance au Christ, il y a un monde qu’il faut refuser sans concession. Et c’est un monde où je me croirais permis de tout imposer aux autres de mes certitudes, de mes valeurs, de mes manières de faire. Si ta main se tend pour humilier ton frère qui ne vit pas comme toi, coupe-la ! Si ton pied frappe avec violence celui qui ne croit pas comme toi, coupe-le ! Si ton œil condamne sans appel celui qui n’aime pas comme toi, arrache-le !

« Quelqu’un chassait des esprits mauvais et on a voulu l’empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent » dit un disciple à Jésus. Entendons : il n’y a que les bons chrétiens qui pourraient se réclamer de Jésus et de la vie, et de la joie, et de l’amour qui coulent à flots dans l’évangile, et de ce qui est bon et bien, et vrai ! « Non » dit Jésus, « Ne l’empêchez pas ! » Entendons : ne vous asphyxiez pas en vous repliant sur vous-mêmes. Respirez au milieu des autres, avec les autres et que l’Esprit de mon Père soit sur tous !

Qui est-ce qui dit cela ? Jésus ! L’homme de Nazareth qui se désigne comme le Chemin, la Vérité et la Vie. Et il sait de quoi il parle : le chemin qu’il a pris est celui de l’exclusion en se laissant livrer à la croix ; pour témoigner de la vérité au-dessus de toutes les vérités : la vérité de l’amour ; pour nous révéler que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’ils aient la vie en abondance.

Sœurs et frères, si nous sommes disciples de Jésus, si nous croyons que notre appartenance à l’Église catholique est une vraie et belle manière de vivre notre appartenance à la grande Église du cœur de Dieu, alors il nous faut accepter de nous mettre en chemin, inlassablement, pour sans cesse aller plus avant dans la rencontre de l’autre, de Dieu, de soi. Ne pas le faire est un choix qui conduit à la mort. S’y lancer, même timidement, fait jaillir la vie : la résurrection, encore et toujours !

Par cette eucharistie que nous célébrons, nous signifions que l’Église est Corps du Christ ; et le Corps du Christ, c’est une communion de femmes et d’hommes que je suis appelé à reconnaître, ainsi que dit l’apôtre Paul, comme un frère, une sœur pour qui le Christ a donné sa vie. N’est-ce pas là ce qui doit changer mon regard, ouvrir ma main, affermir mon pas?

Le concile de Vatican II, dont nous célébrons les cinquante ans – c’était en 1962 – nous invite à ce regard « positif » sur les autres, aussi bien sur les autres confessions chrétiennes, les autres religions, que sur les hommes et les femmes en la diversité de leurs cultures et de leurs conceptions de la vie humaine.

Voilà qui n’est pas simple en vérité, parce qu’on tient finalement, vous le savez bien, à ses idées, ses valeurs, ses convictions et il est important de s’engager pour ce qui nous tient à cœur, car il ne s’agit pas en effet d’être d’accord avec tout et son contraire ! Mais rien, sœurs et frères, rien ne nous autorise jamais à regarder les autres de haut, ni à leur dicter nos principes.

Que Dieu lui-même, le Dieu de Jésus Christ, mort par amour pour chacun de nous, soit la mesure de notre regard ! Qu’il soit la mesure débordante de l’ouverture de nos mains ! Qu’il soit la mesure joyeuse et audacieuse du rythme de nos pas ! Et que tous puissent dire à travers le monde : Qu’ils sont beaux, les pieds des messagers de la bonne Nouvelle ! Amen.

Références bibliques : Nb 11, 25-29 ; Ps. 18 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48

Référence des chants :

 

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