Je ne sais si vous avez déjà offert à un nouveau-né de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Si oui, j’imagine que ses parents n’ont pas été ravis. Ce sont là des cadeaux parfaitement inadaptés. L’Enfant Jésus n’a pas du tout besoin d’or, d’encens ni de myrrhe. C’est pourquoi j’aime beaucoup les mages. Ils font de leur mieux, ils font même un grand effort, et ils tombent à côté. Tout comme nous.

Je sais bien qu’au sens figuré, ces cadeaux signifient que les mages reconnaissent la majesté de Dieu dans Jésus, parce que l’or, l’encens et la myrrhe sont ce qu’on offre à un roi. Mais au sens propre… Vous imaginez un enfançon âgé de quelques jours avec un lingot d’or ?  Et pour rester sur le sens propre — si nous avions quelque chose à offrir au Christ, que lui offririons-nous ?

D’abord l’or imitation et éventuellement l’encens de nos liturgies. Ensuite nos chants, nos prières, nos louanges. Quand nous élaborons une belle messe, nous sommes un peu comme les mages. Mais au sens propre, Jésus n’a pas besoin de tout cela.

Ensuite nos efforts pour lui. Nos efforts d’Avent, nos efforts de carême, nos efforts de tous les jours. Maigre cadeau, du moins, je dois vous l’avouer, en ce qui me concerne. Nos tentatives d’être plus patients, plus charitables, plus généreux. Tentatives assez piteuses, quels que soient nos efforts. Chaque année nous recommençons et chaque année, quand arrive le 24 décembre ou la Semaine Sainte, nous avons l’impression d’être un enfant qui offre un pauvre présent mal emballé en espérant que ses parents auront quand même la gentillesse de s’extasier…

Enfin, nous offrons notre prière. Et là encore, le cadeau est bien modeste. Car dans notre prière, nous offrons surtout des demandes, n’est-ce pas ? Seigneur, je viens t’offrir ce fils, cette fille qui me cause du souci, mon travail, mes amis, mon pays si fragiles,  je viens t’offrir mon insatisfaction fondamentale et même ma colère ; je viens t’offrir mes doutes et mon peu de foi.

Mais ce n’est pas grave. Jésus ne nous en veut pas. Mieux : il est très content ainsi. Car, de même qu’un parent se réjouit du petit cadeau bricolé par son enfant, de même le Seigneur se réjouit de tout ce que nous lui offrons. Pour lui, c’est notre bonne volonté qui compte. Et notre sincérité. Il nous aime déjà, par avance.

Par la suite, Jésus acceptera tout. Les disciples, les femmes perdues, les assoiffés de miracle, les publicains en quête de rachat, jusqu’à la parodie de costume royal dont on le revêtira le jour de sa Passion, il prendra tout. Il prendra l’amour maladroit de Marie-Madeleine, et celui de Zachée, et celui de Pierre. Car le plus beau cadeau, pour Jésus, ce n’est pas ce que nous offrons, c’est nous-mêmes. Nous, notre visage, notre regard. De même que lorsqu’un enfant nous fait un cadeau, c’est l’enfant qui compte plus que le cadeau — c’est l’enfant que nous embrassons —, de même Jésus est heureux lorsque nous faisons ne serait-ce qu’un petit effort pour lui, parce que c’est un peu de nous-mêmes que nous offrons.

Le plus beau cadeau que nous pouvons faire au Christ, c’est cet amour que nous tâchons de lui donner, directement ou au travers de ceux que nous servons. Seigneur, je n’ai pas grand-chose à t’offrir. Tout ce que je puis t’offrir tombe toujours un peu à côté. Seigneur, je n’ai que mes mains et mon cœur à t’offrir. Mes mains pour servir, mon cœur pour aimer.

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