L’évangile que nous venons d’entendre se termine par une sentence lapidaire fort catégorique : nous ne pouvons servir à la fois deux maîtres, nous devons absolument choisir entre Dieu et l’argent. Ce choix est crucial dans notre société de consommation où le but est souvent le profit et le plaisir, dans un monde où l’argent tient tant de place, où, par ailleurs, le manque d’argent est trop souvent dramatique, tant il est nécessaire pour vivre.

 

Si nous ne pouvons pas servir à la fois Dieu et l’argent, demandons-nous donc de qui nous sommes les serviteurs : de l’argent, dont le service est plutôt un rude esclavage, puisque l’argent devient une idole tyrannique ? Ou bien de Dieu qui a promis de nous appeler non plus ses serviteurs, mais ses amis, et, qui plus est, a fait de nous ses fils et nous procure la liberté de ses enfants ? Eprouvons-nous le bonheur angoissé d’Arpagon, constamment confronté à la peur de perdre son trésor, ou bien vivons-nous la béatitude des pauvres qui héritent du Royaume des cieux : « Tout ce qui est à moi est à toi » ? Le choix n’est pas facile ici-bas : l’Ancien Testament présentait la richesse comme une bénédiction de Dieu, et voilà que Jésus est venu prêcher le détachement. Certes, le détachement radical volontaire est demandé seulement aux consacrés, mais à tous il est proposé la joie de la liberté d’un cœur qui sert Dieu. Alors que se mettre au service de l’argent mène à la servitude, servir Dieu, c’est en réalité régner : celle qui s’est proclamée l’humble servante du Seigneur est devenue la reine des anges.

 

Jésus rapporte une parabole qui suscite notre étonnement. Ne donne-t-il pas l’impression de nous présenter comme exemple un escroc notoire ? Le Seigneur ne veut pas nous inviter à imiter en tout cet intendant infidèle, car les moyens qu’il met en œuvre sont évidemment contraires à la morale chrétienne ; il fait seulement l’éloge de l’habileté de cet homme pour sortir d’une situation délicate.

 

Jésus demande à ses disciples, les fils de lumière, d’avoir la même finesse pour garder leur trésor, un trésor qu’ils possèdent au ciel. Il leur faut, eux aussi, se créer des amitiés, non pas en dilapidant le bien d’autrui, mais en faisant fructifier le leur par le partage, car ce bien, en réalité, leur a été confié : ils en sont les dépositaires pour en faire bénéficier l’ensemble des fils de Dieu. Le Maître en attend des intérêts, parce que ce bien aura été mis à la disposition des pauvres, qui sont toujours ses préférés.

 

Pour les chrétiens, la fin reste le service de Dieu ; Jésus nous enseigne à nous détacher de l’argent pour être plus libres dans ce service ; mais il nous laisse toujours libres de notre choix. A nous de nous montrer dignes de la confiance que nous fait le Seigneur.

 

Les fils de lumière ne peuvent être de reste quand il s’agit d’habileté et de finesse pour gagner le Royaume des cieux ; puissent-ils surpasser les fils de ce monde qui s’ingénient, frauduleusement parfois, à s’assurer des biens transitoires et caducs ! Ce zèle pour le Royaume est le test et la preuve de notre amour pour Dieu.

Références bibliques : Am 8, 4-7; Ps. 112; 1 Tm 2, 1-8; Lc 16, 1-13

Référence des chants :

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