Rien ne va plus ! Dans la barque de Pierre, ils ne sont plus que sept sur douze. Et puis imaginez un instant les sentiments de ces hommes sur cette barque après une longue nuit sans avoir pris un poisson. Sentiment de frustration : « Tant d’efforts pour rien ! » Critiques à peine voilées : « Je l’avais bien dit, moi, qu’il ne fallait pas nous embarquer ! » Fatalisme : « Jamais rien n’a réussi dans notre vie, et même avec Jésus, nous avons échoué ! » Et peut-être même défaitisme : « Ça suffit ! Retournons chacun chez nous ! ». Il est probable aussi que l’autorité et les compétences de Pierre soient remises en question par les autres. Pas un, en tous les cas, ne prononce un mot qui réveille, un mot de confiance ou d’espérance. Autrement dit : tout part à vau-l’eau.

Ces sept hommes, ils nous représentent tous. Ils sont nous-mêmes, nos communautés chrétiennes ou notre société avec notre tendance à chercher des boucs émissaires, à critiquer, à nous laisser dominer par l’amertume, la frustration, le défaitisme. « Je n’arriverai jamais à rien, je suis un incapable. »

« Au lever du jour, Jésus était là. » Il était là, le matin, comme s’il y était resté la nuit entière. Il se trouvait au bord de la mer, sans se faire connaître. Comment ne pas se rappeler ici le mystère d’Emmaüs, quand les deux disciples marchaient en compagnie de Jésus, mais leurs yeux étaient comme voilés, de sorte qu’ils ne pouvaient le reconnaître. Comment ne pas se rappeler aussi le mystère de Marie de Magdala : elle s’entretenait avec Jésus après la résurrection, et « elle ne savait pas que c’était lui ». Au cœur de chacune de nos vies, il est là, toujours présent.

Que fait Jésus ? Il n’accomplit pas un miracle, mais il pose une question lourde de sens : « Auriez-vous un peu de poisson ? » autrement dit « N’avez-vous rien à manger ? » C’est une question pour nous tous. À chacun de nous, Jésus dit : de quoi nourris-tu ta vie, ta prière, ta lecture de l’Écriture ? Est-ce avec quelque chose de solide ? Ou bien te contentes-tu de gestes multipliés qui te laissent vides ? Vos liturgies, vos prédications, vos catéchèses nourrissent-elles le cœur et l’esprit, la foi et le courage ? Ou bien sont-ce des pratiques formelles qui ne vous transforment pas de l’intérieur ? À chacune de nos sociétés, Jésus dit : savez-vous donner du pain, favoriser la justice ? Quelles réponses donnez-vous aux cris de détresse de tous les hommes ? Devant toutes ces questions nous devons bien reconnaître notre pauvreté et dire comme les apôtres : non Seigneur nous n’y sommes pas parvenus, nous avons échoué.

Voici alors la parole de Jésus : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Il y a quelque chose à faire. Il nous invite à quitter nos lamentations et gémissements stériles pour agir. Il nous demande finalement d’écouter sa Parole et d’agir fidèlement avec lui, en croyant qu’il est là, qu’il nous envoie, et qu’il est au cœur de tout ce que nous faisons et disons.

Amen.

Références bibliques : Ac 5, 27b-32.40b-41; Ps. 29; Ap 5, 11-14; Jn 21, 1-19

Référence des chants :

 

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