Comme d’autres apôtres, saint Thomas avait un surnom : « le jumeau ». Et il est bien un peu notre frère jumeau lorsque nous aussi, nous hésitons sur le chemin de la foi. Bien des gens se réfèrent à cette gémellité, lorsqu’ils disent : « Moi, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. » On en fait un peu le saint patron de ceux qui voudraient une preuve tangible et scientifiquement irréfutable de la vérité au sujet de Dieu et de son Christ, comme condition pour aller plus loin dans l’adhésion à Jésus, pour oser croire en sa résurrection.
Mais si nous nous reconnaissons une ressemblance avec saint Thomas dans sa première réaction, alors il faut accepter que la suite de son histoire nous conduise sur le chemin de la foi, au delà du doute ou de notre prudente réserve. Et nous avons beaucoup à apprendre de saint Thomas.

Il nous rappelle d’abord la double dimension, communautaire et personnelle, de la foi. Et c’est en présence des autres apôtres que Thomas va reconnaître le Christ comme son Seigneur et son Dieu, dans l’unité de la foi. Le disciple est donc celui qui s’engage personnellement à la suite du Christ, sans que sa foi ne cesse d’être ecclésiale pour autant.

Ensuite, quand Thomas veut voir les signes de la passion sur le corps du Christ, ce n’est pas du rationalisme scientifique mais en raison d’une conception juste de ce qu’est la foi en la Résurrection. Il nous met ainsi en garde contre une idée de la Résurrection qui ne serait qu’une sorte de survie de l’âme ou une simple mémoire de quelqu’un du passé. Si Thomas veut voir les plaies du Christ, c’est parce que c’est corps et âme que l’on ressuscite, dans l’intégralité de notre être, comme accomplissement de notre histoire humaine en Dieu. Et c’est aussi parce que la foi n’est pas une simple adhésion à des valeurs, mais la communion à la personne vivante du Christ.
Et Jésus lui montre ses plaies, qui sont les preuves de son amour pour nous : c’est par ces blessures que nous sommes guéris. Non pas à cause du degré de la souffrance physique subie, mais à cause de l’amour qu’il n’a cessé d’avoir pour nous et son Père, au cœur même de cette injuste souffrance. En invitant Thomas à s’approcher des ses plaies, Jésus le fait entrer en communion avec son amour pour l’humanité, dont ses plaies sont la preuve.

Alors Thomas peut reconnaître en Jésus non pas un homme exceptionnel dont les idées, par delà sa mort, continueraient d’inspirer des humains, mais « son Seigneur et son Dieu », celui qui lui révèle le visage et l’amour de Dieu, celui auquel il peut donner sa vie, en toute confiance, parce qu’il est le Vivant, dont l’amour est plus fort que la mort.

Alors Jésus peut dire la dernière béatitude de l’Évangile : « Heureux ceux qui croient. » Car nous n’avons rien à envier à saint Thomas, même si nous ne bénéficierons pas comme lui d’une apparition du Ressuscité, car nous pouvons suivre le même chemin que lui : en voyant d’autres croyants vivre leur foi, en nous approchant de l’humanité du Christ, en découvrant dans sa passion, l’amour dont Dieu nous aime, nous pouvons oser croire et vivre à notre tour de la foi et recevoir l’Esprit promis pour lui rendre témoignage, par toute notre vie, en nous associant à la passion du Christ.
Parmi ceux qui ont osé croire et vivre leur foi, comment ne pas citer ici sainte Jeanne Jugan ? À quelques pas de cette église, voilà plus d’un siècle, cette femme croyante a recueilli une pauvresse, commençant ainsi cette belle œuvre de charité que les petites sœurs des pauvres poursuivent aujourd’hui. Elle est un de ses témoins de la foi en la résurrection du Christ, dont la vie de foi doit réveiller la nôtre.

N’ayons donc pas peur de ressembler à saint Thomas : il est notre jumeau, dans ses doutes et ses objections, mais aussi dans sa disponibilité à accueillir la grâce de la foi et à comprendre le bonheur qu’il y a de croire, de suivre le Christ, sur le chemin de sa passion miséricordieuse, jusqu’à la gloire de sa résurrection. Amen.

Références bibliques : Ac 5, 12-16; Ps. 117; Ap 1, 9-11a.12-13.17-19; Jn 20, 19-31

Référence des chants : Mission de France

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