Veillez
« Veillez donc, car vous ne savez pas le jour où le Seigneur viendra »

Noël, non pas déjà ! Encore quatre semaines. Pas déjà, mais on en parle déjà, en famille, en ville, dans les magasins. Eh bien ! dans les églises, pendant quatre semaines, les chrétiens vont parler de Noël, préparer la fête de Noël. Moi, je voudrais, avec vous, prendre au sérieux cette montée joyeuse vers Noël.

Nous serons en bonne compagnie, en compagnie de trois personnages qui ont préparé la venue du Seigneur :
– Isaïe, le prophète qui a entretenu dans le peuple d’Israël cette attente d’un salut, d’un Sauveur.
– Jean-Baptiste, le précurseur, c’est lui qui a désigné Jésus comme le Sauveur attendu.
– Marie, elle a donné naissance au Sauveur. Chaque dimanche, nous serons, comme ce matin, dans un sanctuaire où des foules viennent prier Marie.

Pendant tout l’Avent, nous entendrons parler de la venue du Seigneur et de l’attitude qui convient pour ne pas manquer sa visite. Il me semble que les textes qui sont proposés par la liturgie, durant ces quatre dimanches, nous dictent quatre attitudes. J’ai envie de vous les proposer, une par dimanche : veiller…préparer…espérer…écouter. Quatre mots, mais ce sont des verbes actifs, car il faudra le faire.

Veuillez. Ce jour-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue, pour leur demander de se tenir prêts. De quelle venue s’agit-il ? À quoi pensez-vous spontanément ? Je parie que vous pensez à l’heure de votre mort. Pourquoi pas ? Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Mais dans l’évangile d’aujourd’hui, il s’agit de la venue du Seigneur à la fin des temps, le retour du Christ dans la gloire. La première génération des chrétiens, vous le savez sans doute, attendait le retour du Seigneur de façon imminente. Mais plus les années passaient, plus ils ont réalisé que le retour du Seigneur n’était pas pour le lendemain et, donc, que les disciples de Jésus ne devaient pas se contenter d’attendre passivement. Il convenait au contraire de prendre au sérieux le temps présent et de veiller activement. « Veillez donc », soyez prêts à accueillir le Christ, non seulement quand il viendra à la fin des temps, nul ne sait quand, non seulement à la fin de notre vie, nul ne sait quand non plus, mais à tout instant, car le Christ frappe à notre porte à tout instant et parfois de façon inattendue.

Inattendue comme l’arrivée du déluge à l’époque de Noé ou comme la venue d’un voleur qui ne prévient pas. Après Jésus, les évangélistes le répètent sur tous les tons : « Tenez-vous prêts, ne dormez pas, veillez ».

Veiller, oui mais comment ? Pour que ce ne soit pas un mot, une parole sans suite, j’ai envie de préciser et de vous suggérer deux manières de veiller. La première, une attitude permanente : faire attention, être en éveil, ne pas dormir. La deuxième, une décision : prendre de temps en temps de vrais moments de veille.

La première : faire attention, être en éveil, ne pas dormir.

Croyez-vous, mes amis, que nous sommes les premiers à nous tenir en éveil pour attendre un salut ? C’est l’attente de tous les hommes au long de l’histoire. C’est une attente qui parcourt tout l’Ancien Testament et tout le Nouveau Testament.

Isaïe l’exprimait souvent, comme tous les prophètes, et il entretenait cette attente, nous venons de le lire. Souvenons-nous aussi de ce que saint Paul nous disait tout à l’heure : « Frères, vous le savez, c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil, le salut est là, tout proche ». Eh bien, pour nous qui savons que Jésus est venu combler cette attente et accomplir la Promesse, mettons-nous à l’œuvre pour faire de cette Promesse une réalité. Ce n’est pas le moment de dormir.

Il y a bien des manières d’être endormi. Le sommeil de l’habitude, de la routine de l’engourdissement. Dans nos vies surmenées, il faut se tenir éveillé pour ne pas vivre sa vie machinalement, superficiellement. Il faut ouvrir les yeux, les mains, le cœur sur l’essentiel que nous risquons toujours d’oublier. Ceci est vrai dans nos relations les plus quotidiennes. Ceci s’impose également dans notre participation à la vie du monde. La télévision nous restitue chaque jour l’autre face du monde, parfois la détresse, le malheur, la misère. Ce n’est pas le moment de s’endormir. Si nous manquons cet engagement pour nos frères proches ou lointains, nous manquerons la visite du Seigneur.

La deuxième : prendre de temps en temps de vrais moments de veille.

On peut traduire le mot veiller par un autre mot : prier C’est Jésus lui-même qui a associé les deux mots, la veille de sa mort : « Veillez et priez ».

Depuis plus de dix ans, trois religieux, des Frères du Père de Foucauld, vivent dans une case, à Tamanrasset, dans le sud Sahara. Ils sont venus vivre avec les Touaregs, dans le désert. Ils accueillent les voisins pour un peu de travail et beaucoup d’amitié. Et puis, durant de longues heures, au cœur de la nuit, ils prient pour eux, ils veillent.

Vous, les mamans, les parents, les grands-parents, quand vous êtes ici dans cette église le dimanche ou quand vous priez avec nous devant votre écran, vous portez les intentions de votre famille, de ceux que vous aimez. Vous priez avec vos enfants parfois, pour eux toujours, sans eux souvent. Vous veillez.

Depuis le 17 janvier 1871, ici à Pontmain, où la Vierge Marie est venue nous rappeler la force de la prière, combien de millions de personnes sont venus veiller et prier ?

Un prêtre de mes amis m’a dit un jour : « J’aime prier chaque jour comme on veille sur ceux et celles dont on est proche, solidaire, responsable. Dans ma prière, j’aime évoquer les visages heureux et douloureux de mes frères, devant Dieu. J’aime égrener leurs noms, leurs souffrances, leurs bonheurs, ce qui les fait vivre et ce qui les accable ».

Moi aussi, ces jours-ci, dans ma prière, je parle d’Hubert qui vient d’être hospitalisé. Je parle de Catherine qui a le sentiment d’avoir échoué partout. Je parle de René qui est en prison. Je parle de Thomas et de Marie qui ne contiennent plus leur joie d’attendre un enfant après quatre années d’attente. Je parle aussi de notre société qui a tant de mal à trouver son chemin. Je murmure ainsi des actions de grâce et des demandes. J’essaie de veiller.

Voilà ! la première consigne pour ce temps de l’Avent est bien claire. Si nous voulons éviter l’insouciance tranquille et nous tenir prêts pour la venue du Christ à Noël, il faudra veiller et prier.

Références bibliques :

Référence des chants :

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