Frères et sœurs, amis en Christ, quel Capharnaüm ! C’est la crise, le clash, rien ne va plus. Jésus a-t-il perdu la tête ? Non seulement, il tient des propos intolérables dans la synagogue de Capharnaüm, mais en plus, il les réitère, en demandant aux disciples de le suivre dans cette folie : « Manger sa chair et boire son sang. » C’est à ne plus rien y comprendre ! Jésus n’y est pas allé de main morte. Aussi, nombreux sont les disciples qui, dépités, incrédules, le quittent. Trop c’est trop ! C’est l’heure de vérité. Faut-il faire confiance à cet homme et le suivre dans le saut de la foi ou retourner dans son quotidien si rassurant, mais, peut-être sans espoir et sans avenir ?

Frères et sœurs, ces moments de doutes et de tensions, nous les connaissons également dans nos vies, dans nos couples, dans nos entreprises… Nous sommes parfois à un carrefour de nos existences, où il est particulièrement compliqué, difficile, voire douloureux, de choisir une direction. Habitués à un raisonnement cartésien, il nous faut faire violence pour adhérer à la Bonne Nouvelle. Car Jésus, dans l’Évangile, parle d’abord à notre cœur. Il fait voler en éclat tout un monde de certitudes.

Face à l’abandon des siens, Jésus se sent triste, blessé au plus profond de son être. Sa passion se profile à l’horizon et déjà, il fait l’expérience amère de la solitude. Dans son humanité, il se tourne alors vers ses amis. Avec beaucoup de pudeur, de tendresse et d’affection, il leur pose la question de confiance : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » À ses apôtres, comme à nous, Jésus laisse la liberté de la réponse.

Dans sa fougue et sa spontanéité, Pierre livre la plus belle profession de foi : « Seigneur, vers qui irions-nous ? » Ce même cri de foi, je l’entends souvent sur les lèvres des malades cloués sur leur lit. Quand on ne trouve pas une position confortable, quand on ne comprend pas ce qui arrive, quand on espère une guérison venue du ciel, quand on hurle sa peur dans la nuit des hôpitaux, vers qui se tourner, si ce n’est vers le Christ : « Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Adhérer à Jésus, ce n’est pas d’abord réciter un credo, c’est adhérer à l’amour d’une personne. La foi n’est pas un bagage donné, mais un chemin à emprunter tous les jours à la suite du Christ. Faire le choix du Christ et construire, ici-bas, le « royaume à venir », c’est poser un regard de tendresse sur l’étranger déboussolé, c’est assurer une présence auprès d’un ami qui traverse un moment sombre, c’est éponger un front perlant de sueur, c’est briser la solitude de nos aînés…

Quand l’empereur romain Valérien demandait au tribun Hippolyte, devenu le saint patron de cette église, d’abjurer sa foi en échange de la promesse d’honneurs militaires, il se trouvait également devant un dilemme. Renonçant à la gloire, il préférait librement suivre le Christ dans le martyre. Vous le savez bien, chers habitants de Poligny, capitale du Comté. Pour façonner votre célèbre fromage, il faut croire à la mise en commun de la patience, de la solidarité, du temps d’affinage… Sans la confiance dans ces composantes, son goût unique ne viendrait pas enjouer nos tables de fêtes. À vous aussi, amis musiciens ici présents, il a fallu un temps de persévérance, d’adaptation, pour faire vibrer à l’unisson vos superbes instruments en une belle symphonie, qui enchante notre célébration. Frères et sœurs, un temps de maturation et d’apprivoisement mutuel était nécessaire à Pierre et aux apôtres, pour en arriver à cette merveilleuse profession de foi, qui réjouit, aujourd’hui encore notre assemblée. Puissions-nous aussi, dans nos vies, faire le bon choix et professer notre credo de ce jour : « Jésus, Pain de vie, je veux rester avec toi, où tu voudras, quand tu voudras, comme tu voudras. » Amen.

Références bibliques : Jos 24, 1-2a.15-17.18b ; Ps. 33 ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Poligny 23 août 2015

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