Frères et sœurs, chers amis, Simon et ses compagnons se doutaient-ils, ce matin-là, que leurs vies étaient sur le point de basculer ? Se doutaient-ils que le passage de cet « homme au cœur de feu » allait embraser le leur et les conduire sur les routes du monde, pêcheurs d’hommes, bien au-delà de tout ce qu’ils avaient imaginé auparavant ?

Lorsque Jésus arrive au bord du lac de Génésareth, le petit groupe de pêcheurs est en train de nettoyer ses filets. De lui, ils ont évidemment entendu parler. Les rumeurs vont bon train dans la région et tout le monde sait déjà ce qu’il a dit dans la synagogue de Nazareth. Et puis, il y a eu, peu après, la guérison de la belle-mère de Simon et celle de tant d’autres malades qui maintenant le suivent. Aujourd’hui encore, Jésus n’est pas seul, et pour mieux s’adresser cette foule nombreuse qui le presse, il demande à Simon la permission de monter dans sa barque et de l’éloigner de quelques mètres. Simon accepte de bonne grâce : sans doute est-il lui aussi intéressé par ce que Jésus va dire… et c’est là que tout bascule : « Simon, – lui dit Jésus à la fin de son enseignement, – avance au large et jetez vos filets. » Je vous laisse imaginer la tête de Simon et son bougonnement intérieur ! « Ce fils de charpentier est quand même étrange… Il a bien vu que nous n’avons rien pris de la nuit et voilà qu’il nous dit de reprendre la mer en plein jour ! C’est perdu d’avance : les poissons sont au fond de l’eau et nous n’attraperons rien. » Il ajoute pourtant, presque mystérieusement : « Rabbi-maître, sur ta parole, je vais jeter les filets. » « Sur ta parole », c’est-à-dire même si je ne comprends pas, simplement parce que j’ai confiance en toi. Simon oublie alors sa fatigue, sa fierté de marin et même son bon sens pratique, pour faire ce que Jésus lui demande. Il jette ses filets, il risque son va-tout et vous l’avez entendu : c’est la pêche miraculeuse.

Frères et sœurs, cette surabondance inattendue montre que Dieu a visité la barque de Simon, et il l’a visitée au moment où celui-ci n’envisageait plus sa journée qu’à travers les filets vides qu’il avait ramenés. C’est vrai : la tentation est grande parfois de tout envoyer promener et de démissionner, lorsque nos efforts ou nos combats se révèlent vains, lorsque le sort semble s’acharner contre nos projets et nos désirs, lorsque nous nous sommes fatigués… « De toute façon, je n’y arriverai jamais ; ce n’est pas la peine d’essayer… » Mais voilà que c’est au cœur de son découragement que Jésus rejoint Simon et qu’il l’invite à prendre avec lui le risque d’une profondeur infinie. En acceptant de se rendre au milieu du lac, Simon et ses compagnons ont donc vraiment pris le large. Non pas qu’ils se soient aventurés dans des eaux jusque-là inconnues, mais ils ont répondu à cet appel venant de plus loin qu’eux et les conduisant beaucoup plus loin qu’eux. D’ailleurs, une fois passé l’effroi légitime, ils laisseront en plan la surabondance de ce qu’ils cherchaient pour suivre Jésus. Simon, qui entretemps est devenu Simon-Pierre, a compris qu’il y a plus important que les poissons : il y a Jésus. Il a compris qu’il y a plus important que ce que Dieu donne : il y a Dieu lui-même.

Chers amis, le sacrement des malades, que deux d’entre nous vont recevoir dans quelques instants, n’est autre que l’accomplissement de cette présence de Dieu à l’égard des personnes souffrantes. Présence à la fois douce et réconfortante, pacifiante et encourageante, que Simon-Pierre a découverte à Génésareth et qui a changé sa vie. Oui, Dieu descend dans la profondeur de nos interrogations et de nos angoisses. Puissions-nous tous, malades et bien-portants, nous ouvrir à cette présence pour en être, toujours et partout, les témoins vivants. Amen.

Références bibliques : Isaïe 6, 1-8 ; Ps. 137 ; Première lettre de Saint Paul aux Corinthiens 15, 1-11 ; Évangile selon saint Luc Chapitre 5, 1-11

Référence des chants : Liste des chants de la messe du 7 février à Plaisir

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