Le jour de la « Grande Expiation », le grand prêtre passait derrière le voile du Temple avec le sang des victimes, il entrait dans le « Saint des Saints » et là, il prononçait le Nom divin ineffable révélé à Moïse du milieu du buisson ardent. Par ce rite, les péchés du peuple étaient expiés.

Aujourd’hui, Jésus, le grand prêtre par excellence (cf. He 4,14), réalise par sa mort sur la croix, la rémission parfaite des péchés. Le culte de la première Alliance est mené à son accomplissement. Le rideau du Sanctuaire s’est déchiré car le Nom divin a quitté le Temple et repose en Celui « en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. » (Col 2,9)

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, avait dit Jésus, alors vous saurez que Je suis. » (Jn 8,28) Jésus a reçu du Père le « Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Ph 2,9) Devant une telle révélation, saint Paul n’hésite pas à dire « qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse (…) et que toute langue proclame : "Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père’". » (Ph 2,10-11) Dire que Jésus est Seigneur, c’est reconnaître le don que le Père lui a fait de son Nom ineffable, c’est confesser qu’il a reçu du Père tout pouvoir pour sauver les hommes. Jésus est plus qu’un « homme juste ». (Lc 23,47) Il est Dieu fait homme livré pour le salut de toute l’humanité.

Le sommet de cette révélation se fait à la croix. Là est le point le plus paradoxal de notre foi. Qui voudrait s’agenouiller devant une croix, devant un tel objet de torture ? Qui voudrait appeler « Seigneur » un homme qui présente son dos à qui le frappe et ses joues à ceux qui lui arrachent la barbe ? (cf. Is 50,6) « Voici l’homme », dit Pilate. (Jn 19,5) Il est « défiguré, compté pour rien. » « Fais le prophète ! » ricanent les soldats. (Lc 23,64) Il est tourné en dérision. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » (Lc 23,37), mais son « royaume n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36) « N’es-tu pas le Christ ? » (Lc 23,39) « Il n’y a que dans le Saint-Esprit que l’on peut dire que Jésus est Seigneur. » (1Co 12,3)

L’aveuglement de l’homme est total. Et pourtant, c’est de la bouche d’un larron condamné à mort comme lui que va jaillir une lumière, une parole de vérité : « Lui, il n’a rien fait de mal. » (Lc 23,41) Jésus est reconnu innocent par celui qui est crucifié comme lui. Le bon larron voit dans sa misère ce que tout homme, dans sa suffisance, ne peut voir. Dans sa misère, il trouve Jésus qui lui offre le paradis. C’est cela la miséricorde divine. En regardant, de sa propre croix, la croix de Jésus, il voit le mal vaincu, la souffrance transfigurée, la mort anéantie. En regardant la croix de Jésus, il voit la transformation de sa propre affliction, son renversement définitif.

Frères et sœurs, la croix de Jésus parle à tous ceux qui souffrent : les malades, les prisonniers, les étrangers, les pauvres, les victimes de la violence ; et elle leur offre l’espérance que Dieu peut transformer leur souffrance en joie, leur solitude en communion, leur mort en vie. Le bon larron enjoint à Jésus à établir sa seigneurie sur sa vie. Au lieu d’être dominé par le mal, il choisit d’être soumis librement à la tendresse et à l’amour qui émanent de Jésus. Il veut vivre pour Jésus et non plus pour lui-même. Jésus devient son Seigneur, la raison d’être de sa vie. Écartelé entre vie et mort, il comprend qu’il a le choix entre la vie pour le Seigneur ou la vie pour lui-même. Vivre pour soi, tel est le nouveau nom de la mort. Mais vivre pour Jésus, c’est choisir la vraie vie, c’est passer sur l’autre rive, celle du monde nouveau où nous pourrons confesser, avec le disciple bien-aimé, en voyant le Ressuscité : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21,7)

Références bibliques : Evangile selon saint Luc, 19, 28- 40 ; Livre du prophète Isaïe, 50, 4-7 ; Ps. 21 ; Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens, 2, 6- 1 ; Évangile selon saint Luc, 23, 1- 49

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Paris du 20 mars 2016

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