Ah, s’il y avait eu des cuisines américaines, un congélateur bien rempli et un micro-ondes à portée de la main, nous n’aurions pas eu cet épisode savoureux dans l’Evangile de Luc, épisode qui, je l’ai constaté souvent, met en boule les mères de famille qui ont souvent deux journées en une !

De fait, si la pauvre Marthe avait pu écouter le Seigneur en même temps qu’elle préparait le repas pour son hôte – qui visiblement lui faisait l’heureuse surprise de sa venue –, elle n’aurait sûrement pas « rouspété » ainsi : « Cela ne te fait rien… ma sœur me laisse seule… dis-lui donc de m’aider » ?

Saint Luc souligne que Marthe est accaparée par les multiples tâches du service. Intérieurement elle se dit : si seulement ma sœur me donnait un coup de main, on serait plus vite ensemble « au salon » pour écouter Jésus. Et elle se compare. Mgr Marty nous disait : « quand on se compare, il y a toujours un perdant » Elle se compare comme les gens actifs, et j’en sais quelque chose, qui sont souvent en train de se plaindre d’avoir tant à faire à côté de proches qui trouvent le temps de lire, de visiter des expositions etc.…

Devant l’attitude de Marthe, Jésus ne la blâme pas, mais lui donne une bonne leçon : « Marthe, Marthe tu t’inquiètes, tu t’agites pour bien  des choses, une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera point ôtée ».
La seule chose nécessaire est d’écouter le Seigneur avec tout ce qu’on est. Maîtresse de maison, elle vit spontanément l’accueil en préparant le repas, il n’y avait pas de serviteur comme sous le chêne de Mambré…

Marie quant à elle, elle vit l’accueil en écoutant les paroles du Maître, de l’ami Jésus. Ce qui sort de la bouche de Jésus, parole de Dieu faite chair, est l’essentiel. C’est cela qui est « nourrissant » : « Lui, le pain vivant descendu du ciel ! » Jésus n’avait guère besoin sans doute d’un « service compliqué »… autre traduction de ce passage de Luc.

L’attitude des deux sœurs ne s’oppose pas dans le fait que l’une est « active » et l’autre « contemplative ». Ce qui les oppose c’est que l’une est en paix, l’autre pas… l’une disponible est justifiée, l’autre accaparée quémande une reconnaissance… l’une est … l’autre fait ! Mais là où Marthe se trompe, c’est que l’œuvre commune à mener n’est pas de « mettre les petits plats dans les grands » mais d’accueillir le Seigneur chacune avec son charisme.

Marthe et Marie représentent en fait deux aspects de l’être humain, avec la part active et la part contemplative. L’essentiel nous le découvrons, c’est d’être en lien avec le Père, comme Jésus l’est naturellement, quelle que soit son activité qui peut varier d’un moment à l’autre de la journée ou de la vie. Et puis selon son tempérament, la tentation sera d’avoir toujours des choses à faire à l’heure de l’adoration, de la méditation ou d’avoir du mal à quitter la chapelle pour accomplir le service de sa communauté ou de sa famille.

La meilleure part, c’est le « cœur à cœur » avec Dieu qui se manifeste dans l’accueil de l’autre qui peut surgir à l’improviste… Sur la route de Compostelle, avant d’arriver à Moissac, une voiture le haillon ouvert à la croisée des chemins, une jeune femme, ses 3 enfants de 5 à 9 ans, installés là depuis le début de l’après midi, nous offrent de l’eau, du sirop. La maman nous raconte qu’ils ont vu hier passer des pèlerins et ils ont déclaré que « demain on leur fait des gâteaux et on leur offre de l’eau fraiche ! ». Hier soir ils ont fait un cake. C’est notre petite escouade qui en a profité…. En voilà 3 petits qui ont choisi la meilleure part en agissant. Ils ont réussi à apaiser notre équipée quelque peu tendue pour raison de pieds meurtris et de difficulté à trouver un rythme commun. Oasis de fraicheur en plein cagnard : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé  aux tout-petits »… Amen.

Références bibliques : Gn 18, 1-10; Ps. 14; Col 1, 24-28; Lc 10, 38-42

Référence des chants :

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