Mesdemoiselles, messieurs – je m’adresse aux jeunes de la profession de foi, ici, devant moi – mesdemoiselles, messieurs,
Bravo – pour votre profession de foi. Mais maintenant que vous vous préparez à être chrétiens dans votre vie d’adultes, je dois vous confier un secret… Ce n’est pas exactement un secret, mais c’est quelque chose qu’on dit rarement. Beaucoup trop rarement à mon avis. Or c’est essentiel. Écoutez bien.

Vous avez entendu les lectures. Elles ne sont pas amusantes. Elles ne sont même pas gentilles. Elles sont radicales. On a tellement l’habitude de penser que Jésus était bon et doux et compatissant, qu’on en est tout surpris. Oui, Jésus peut hausser le ton. Parce que si sa parole est douce, habituellement, son cœur, lui, est brûlant.
Et c’est là le secret :
Être chrétien, ce n’est pas seulement être gentil et compatissant. Entendons-nous : j’aime la gentillesse ; la gentillesse est très nécessaire ; je vous encourage à être gentils. Mais être chrétien, ce n’est pas seulement cela.
Être chrétien, ce n’est pas seulement être ouvert et accueillant, tourné vers les autres, respectueux de chacun. Tout cela est très bien, et nous devons sans cesse y travailler. Mais être chrétien, ce n’est pas seulement cela.
Être chrétien, être vraiment chrétien, c’est ne pas supporter l’injustice et détester notre propre lâcheté, c’est être ému de la souffrance et de l’amour des autres, c’est être remué par un gamin dans la rue ou par le cri d’une mère, c’est n’être jamais content de ce qu’on a fait et dit, c’est râler et espérer et attendre et s’impatienter et recommencer et prier ; c’est taper du poing sur la table et prendre l’épaule d’un ami ; c’est parler à Dieu face à face et sans peur ; enfin c’est avoir un cœur de feu.
Voilà. Être chrétien, c’est là que ça se décide. Dans le cœur.

Vous savez peut-être que, dans ma vie de prêtre, je passe beaucoup de temps parmi les jeunes. Je n’y ai aucun mérite : j’aime les jeunes.
Et d’entre eux, je crois que je préfère les révoltés. Les grandes gueules, les jamais contents, ceux qui me coupent la parole. Ceux qui ont comme un feu en eux-mêmes.
Jésus aussi préférait les révoltés et les têtes de bois. Ses disciples, ses amis ne sont pas du genre mouton. Simon le Zélote, Matthieu le publicain, Pierre qui tire son épée, Marie-Madeleine qui veut de l’amour, et vite, et pour toujours : des cœurs de feu. Jésus s’est fâché contre eux et il a pleuré à cause d’eux, mais c’est bien eux qu’il a choisis.
Parce qu’il n’a pas choisi des savants, ni des sages, ni des prévoyants, ni des consensuels, mais des cœurs de feu. Des cœurs qui brûlent d’espoir et d’impatience, qui s’embrasent d’amour ou d’amitié, qui ne s’éteignent jamais.

Et tel est le secret que je voudrais vous confier. Ne laissez jamais votre cœur s’éteindre. Le Seigneur aime les cœurs de feu. Il a choisi des prophètes notoirement indisciplinés et des apôtres au caractère de porc-épic, parce que ces hommes et ces femmes avaient d’abord le cœur qui brûlait. Qu’ils fussent doués pour les discours ou pour l’action charitable ou pour l’interprétation de la Parole était un problème annexe. Ce qui comptait, c’était qu’ils eussent un cœur de feu.

Après votre profession de foi va venir votre confirmation. Vous allez recevoir l’Esprit de Dieu, l’Esprit qui embrase les cœurs. Qu’il embrase les vôtres, que vous brûliez d’espoir et d’amour toute votre vie. Amen.

Références bibliques : Nb 11, 25-29 ; Ps. 18 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Nogent (52 27 septembre 2015

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