L’Evangile proclamé à l’instant nous relatait la rencontre entre Marie et Elisabeth sa cousine, rencontre d’amitié entre deux femmes enceintes, l’une au terme d’une stérilité éprouvante et l’autre au-delà du projet de se garder pour Dieu seul. L’une et l’autre,  émerveillées par la vie portée comme un cadeau, un mystère, une espérance inespérée. La grâce de la rencontre va faire de cette visite une visitation, un moment de grâce où chacune comprend mieux l’œuvre de Dieu en sa vie : « le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son nom » chante Marie et l’évangéliste nous dit : « Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et s’écria : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Et voilà Marie et Elisabeth qui pendant ces trois mois passés ensemble vont se laisser émerveiller par celui que chacune porte et qui pourtant les porte elles-mêmes, les ouvrant à la fécondité des vies vécues dans la grâce de la rencontre, celle avec Dieu qui se révèle dans ce qui nous arrive et dans ce qui se passe dans la rencontre avec les autres.

Et il en fut ainsi pour Marie durant sa vie. Elle a vécu tout ce qui lui arrivait à la lumière de ce que Dieu faisait en sa faveur : la rencontre avec Joseph qui finit par s’inscrire dans son projet de se garder pour Dieu et d’être toute à lui, son lien unique avec Jésus à qui elle a donné chair et dont elle recevra la chair en nourriture de foi et d’amour, les retrouvailles au temple de Jérusalem avec cet enfant qui parle du Père, l’expérience à Cana de la fidélité du Dieu de l’Alliance, sa présence au pied de la croix où elle portera l’espérance des hommes et recevra Jean comme nouveau fils à aimer et à accompagner dans la foi, la vie avec la première communauté chrétienne au sein de laquelle sa présence maternelle témoignera de celle de l’Invisible. Tout dans la vie de Marie manifeste que sa rencontre de Dieu  donne sens à toute rencontre humaine. Dans sa vie, rien d’autre qu’une vie ordinaire vécue dans la certitude d’être aimée de Dieu et d’être appelée à soutenir ses frères.

En ce 15 août, l’Eglise fête l’entrée de Marie dans la présence de Celui qu’elle aime et dont elle a perçu que son amour est à la source et au terme de tout ! Celui qu’elle avait reçu dans ses bras au pied de la croix, Celui dont elle avait goûté la présence de ressuscité au-delà de la mort, Celui qui l’avait envahi de la puissance de son Esprit depuis le tout premier instant, celui-là accueille auprès de Lui celle qui l’avait porté en son sein et la conduit près du Père pour des épousailles éternelles. La grâce de la rencontre éternelle : celle que nous espérons, celle que nous attendons, celle qui nous comblera.

Chers Frères et Sœurs : vous le savez bien, quand nous montons à Notre-Dame de la Garde, nous y rencontrons Celle qui a mené le combat de la foi comme l’évoquait le récit de l’Apocalypse, celle qui a veillé sur la vie de l’enfant, celle qui annonçait déjà l’Eglise, nouvelle mère qui enfante en ce monde ceux que le Seigneur se donne comme fils et filles de Dieu. La statue qui surplombe la basilique nous la montre présentant fièrement son Fils comme lumière du monde. Et quand nous montons vers elle, elle s’efface pour nous conduire à le reconnaître, à vivre nous aussi la grâce de la rencontre. Elle nous conduit à cette présence cachée mais bien réelle de Dieu en nos vies et en celle des hommes. Et l’Eglise dont elle est l’image ne fait rien d’autre que de montrer le Fils bien aimé, de permettre que la grâce de la rencontre de Dieu devienne lumière, réconfort, espérance. Et ici, quand on redescend de Notre-Dame de la Garde, on ne redescend pas comme on y était monté ! On est moins seul, on est plus fort. Non pas que la Bonne Mère nous ait bercé d’illusions ! Oh non, elle connait  les épreuves et les duretés de cette vie. Mais elle nous donne de chanter : «  Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il se souvient de son amour ! »  Et nous allons, redescendant dans nos vies ordinaires comme des ouvriers d’espérance, des amis de la paix, des disciples de Celui qui nous dit : « je ne vous laisserai pas seuls. Je suis allé vous préparer une place, Je reviendrai vous prendre pour que vous soyez en moi comme je suis dans le Père. » 

Que l’espérance de cette rencontre éternelle soutienne notre marche ici-bas et fasse de nous des visiteurs fraternels qui apportons en cette humanité en pèlerinage le témoignage de la joie que donne la rencontre de Dieu  et celle d’avancer dans nos vies en sa présence.

Que la Bonne Mère nous ouvre à sa tendresse.

Références bibliques : Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab ;Ps. 44 ; 1 Co 15, 20-27a ; Lc 1, 39-56

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Marseille 15 août 2014

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