Eh bien ! « La porte est étroite » ! Voilà qui est inquiétant ! Et je vois dans l’assemblée des mines inquiètes et des sourcils froncés… « La porte étroite », et toutes ces paroles menaçantes de Jésus… En d’autres temps, le prédicateur en aurait profité. Je crois même que quelques-uns de mes frères dominicains, à la fin du Moyen Âge, se sont livrés sans trop de retenue au genre apocalyptique, ajoutant à la porte étroite une herse de feu, un gardien en forme de dragon et quelques grooms munis d’une fourche. Pour bien faire peur aux fidèles.

Mais quant à moi, je voudrais que la Bonne Nouvelle reste une bonne nouvelle. Sans pour autant donner dans l’excès inverse. Je ne vais quand même pas vous chanter « On ira tous au paradis… » Si ? « On ira tous au paradis, toi et moi… » Non ! Vous seriez peut-être rassurés, mais ce n’est pas vraiment ce que dit Jésus.

Pourtant, Jésus dit bien que le Salut est largement offert et que sa maison est vaste. Tout comme la première lecture : « Je vous rassemblerai de toutes les nations », dit le Seigneur, même « des îles lointaines qui n’ont rien entendu de ma renommée ». Bonne nouvelle : le Salut est offert à tous et la demeure du Seigneur est ouverte à chacun. Même pour le pire d’entre nous, même pour ceux dont la conscience est bien chargée, même pour ceux qui désespèrent de Dieu ou qui désespèrent d’eux-mêmes, il y a une place. J’insiste : même pour celui qui a pensé, voulu ou fait le pire, il y a une place dans la maison du Seigneur. Et si pour cette messe d’été il est bon de garder un ton léger, l’actualité nous fournit un grand nombre de malheureux que le Seigneur veut accueillir chez lui, qu’il ne veut pas perdre, qu’il aime trop, pour les abandonner.

Mais alors, si la maison est grande, pourquoi la porte est-elle étroite ? Parce que la porte, la seule porte, c’est le Christ. Et cela, il faut le dire, sans crainte, sans fausse pudeur, doucement, fermement : la porte, c’est le Christ. Le chemin du Salut, pour les personnes comme pour les sociétés, ce n’est pas une sagesse, ni une philosophie séculière, ce n’est pas une politique, ce n’est même pas une morale ; ce n’est pas un code ni quelque vertu civique ; ce n’est pas une autre obéissance ; c’est le Christ. La porte, c’est l’espérance dans le Christ, la confiance dans le Christ, l’amour à l’image de celui du Christ.

Je sais : nombre de nos proches essaient d’être heureux sans Jésus. À dire vrai, cela fait deux mille ans que les hommes, ou beaucoup d’entre eux, essaient de vivre et d’être heureux sans Jésus. Certains, dans cette entreprise, forcent notre admiration par leur énergie ou leur courage. Il n’empêche : la seule voie, la seule vérité, c’est le Christ. La seule « porte », c’est Jésus. C’est ce que nous croyons, nous, chrétiens. Nous pouvons y avoir du mal. Mais la porte, la seule, c’est l’amour de Jésus. Et si nous peinons à trouver cette porte, gardons espoir, car lui, qui nous aime, saura bien nous trouver et nous prendre à la fin dans son amour qui sauve tout.

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