Frères et sœurs, chers amis, à l’approche de Noël, les rites et les traditions familiales auxquelles nous sommes attachés peuvent nous faire penser à la douceur du ciel… Mais si vous êtes ce matin dans cette église de Malakoff ou devant votre télévision, c’est que vous savez dans le fond que Noël n’est pas un événement suspendu en dehors du temps. Car ce qui se dit à Noël, c’est au contraire que Dieu a choisi de commencer là où nous commençons tous, dans la fragilité d’une naissance, afin de renouveler et d’illuminer le monde de l’intérieur. Et comme chrétiens, nous croyons que l’histoire de tout homme a basculé en cette nuit étoilée de Bethléem.

C’est ainsi que le récit que nous venons d’entendre nous rappelle que cette nouvelle inouïe de Noël, pour qu’elle se réalise, s’en est d’abord remise à la liberté d’un homme. Cet homme, vous l’aurez reconnu : c’est Joseph, le charpentier de Nazareth. Il ne parle pas beaucoup et l’Écriture ne nous apprend pas grand-chose sur lui, sinon qu’il se retrouve un beau jour dans une situation tout à la fois dérangée et dérangeante. Car d’où vient ce mystérieux enfant que porte Marie, son épouse ? Et de qui est-il véritablement le fils ?

L’apôtre Paul donne la réponse à cette double question : ce fils, écrit-il aux chrétiens de Rome, est fils de David « selon la chair » et Fils de Dieu « selon l’Esprit qui sanctifie ». Soit. Mais Joseph n’a pas la moindre idée de tout cela ! Complètement déboussolé, il se demande plutôt comment il va pouvoir se tirer d’affaire sans trop de dégâts. Car la Loi de Moïse interdit de prendre chez soi une épouse qui n’a pas gardé sa virginité. Joseph, comme tout bon juif en pareille situation, ne peut donc pas recevoir Marie chez lui.

Vous voyez que tout semble bloqué ! Or c’est là que l’évangéliste Matthieu glisse discrètement que Joseph est un « homme juste ». Juste, il ne l’est certainement pas par rapport à la Loi, puisqu’il choisit de répudier Marie « en secret », alors qu’il aurait dû la livrer aux moqueries de la foule. Non. Si Joseph est déclaré juste, c’est à cause de sa réaction quand l’ange lui dévoile la vérité de l’enfant à naître : il accepte d’entrer avec toute la générosité de son cœur dans le mystère de Dieu qui vient au monde. Juste, Joseph l’est donc simplement parce qu’il s’ajuste au désir de Dieu. Il est juste parce qu’il consent dans la foi à devenir partie prenante d’un projet qui le dépasse : permettre à l’Emmanuel d’être vraiment Dieu-avec-nous !

Frères et sœurs, Joseph a décidé d’accueillir chez lui Marie et son enfant. Il nous fait ainsi comprendre ce que peut produire dans toute vie un cœur disponible au désir de Dieu. Mais alors… et si le grand vertige de Noël, c’était aussi cela ? Cela, c’est-à-dire la révélation d’un Dieu qui s’appuie sur notre consentement pour venir au monde, exactement comme il s’est appuyé sur le consentement de Joseph il y a deux mille ans. Je crois que Noël ne se joue pas seulement le 25 décembre, mais aussi, et de manière moins programmée, dans le plus quotidien de nos vies, dans tous ces petits bouts de chemin que nous parcourons les uns avec les autres et qui font grandir la vie. Car c’est à travers les choix que nous posons, à travers les défis que nous relevons et pourquoi pas à travers les risques que nous courons que Dieu prend chaque jour un visage humain et atteste sa présence au milieu des hommes.

Que cette eucharistie qui nous rassemble aujourd’hui réveille en nous tous les « oui » endormis, qu’elle en éveille aussi de nouveaux pour que resplendisse partout autour de nous la lumière de Noël. Amen.

Références bibliques : Is 7, 10-16 ; Ps 23 ; Rm 1, 1-7 ; Mt 1, 18-24

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Malakoff 22122013

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