Le baptême de Jésus, rapporté ici par saint Luc, est l’occasion aujourd’hui de nous interroger sur la nécessité d’être baptisé et sur la nature du baptême dans l’Esprit Saint et le feu que Jean-Baptiste annonce.

Pourquoi, en effet, être baptisé ? À quoi sert le baptême ? Questions auxquelles bon nombre d’entre vous n’avez pas toujours su répondre quand vous avez essayé d’évoquer avec vos enfants le baptême de vos petits-enfants. Questions qui resurgissent souvent lors d’un désaccord avec une position difficile à comprendre de l’Église, après une prise de parole du Pape qui gêne, face à la tragédie de conflits dits religieux.

Cherchons dans les textes de ce jour les motifs qui éclairent le baptême et nous donnent la joie d’accueillir dans un instant Clémence parmi les nouveaux baptisés.

Jean baptise dans les eaux du Jourdain ceux qui viennent à lui pour « produire des fruits dignes du repentir ». Le baptême dans l’eau engage à une conversion, à une vie nouvelle. Mais Jean annonce un autre baptême, plus exigeant, par un autre plus grand que lui : un baptême dans l’Esprit Saint et le feu. Quel est-il ?

Jésus, qui n’avait pas besoin de baptême, vient cependant, lui aussi, au Jourdain pour voir, pour écouter le prophète qui rassemble les foules et annonce la Bonne Nouvelle et se fait baptiser par Jean. Aussitôt baptisé, le ciel s’ouvre, l’Esprit Saint sous forme de colombe descend sur lui et une voix du ciel s’écrie : « Tu es mon fils bien aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »

Qui n’a pas rêvé d’entendre un jour cette parole sur lui prononcée ? Qui n’a pas souhaité, désiré ces mots d’amour pour lui seul ? Sentir que l’on est aimé pour soi, personnellement, pour ce que l’on est et pas pour ce que l’on fait ! Ces mots, cette seule phrase, à mon sens, suffisent à demander le baptême. S’entendre dire, par Dieu : « Tu es mon enfant bien aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »

Oui, c’est pour devenir cet enfant bien-aimé que l’on demande le baptême. Pour cela seulement. Le baptême est – doit être – d’abord cette expérience unique et personnelle de l’amour de Dieu, sans quoi il n’est qu’un rite religieux, familial ou social dont on peut se passer. Le baptême, c’est une histoire d’amour entre Dieu et moi, partagée en Église, où je découvre progressivement Dieu comme un Père très aimant et je me découvre fils aimé et, par conséquence, frère aimant du reste de l’humanité. Expérience unique, indispensable, qui transcende largement toutes nos expériences fragiles ou blessures humaines en matière de relation père/fils, parents/enfants.

Pour devenir cet enfant, il est un chemin à prendre. Non plus le chemin aride du désert, ni les voies tortueuses pour y arriver, ni les dénivelés qui nous font passer par des hauts et des bas… non : tout ravin a été comblé, tout obstacle abaissé ; un chemin droit, une route aplanie a été tracée pour nous… Ce chemin, c’est celui du Fils bien aimé du Père, celui de Jésus. Il est lui-même le chemin, la vérité et la vie et nul ne va au Père sinon par lui (Jn 14, 6). C’est en lui seul que nous apprenons à devenir enfants de Dieu, fils dans le Fils. C’est en l’accueillant, lui et sa Parole ; en le suivant, lui et sa Parole ; en le connaissant, lui et sa Parole que nous apprenons à nous comporter en Fils du Père. « Si vous me connaissez, vous connaitrez aussi mon Père. » (Jn 4, 7). C’est en l’aimant, lui et sa Parole, que nous serons aimés : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’aimez. » (Jn 16,27).

Cet amour du Père pour le Fils, désigné aujourd’hui sous la forme de la colombe, c’est l’Esprit Saint. L’amour du Fils pour le Père, c’est aussi l’Esprit Saint, communion parfaite du Père et du Fils, dans laquelle ils ne font qu’un, ils ne sont qu’un (Jn 10, 30). Le Fils fait les œuvres du Père (Jn 10, 25) et le Père se reconnaît dans le Fils : « Qui m’a vu a vu le Père » répond Jésus à l’apôtre (Jn 14, 9).

Le baptême dans l’Esprit Saint, c’est notre entrée dans cette communion du Père et du Fils pour à notre tour ne faire qu’un avec eux, comme Jésus l’a demandé à son Père : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi… Qu’ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi afin qu’ils soient parfaits dans l’unité et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (J, 17, 11b, 21-23)

Être baptisé, ce n’est donc que cela : faire l’expérience de l’amour de Dieu ; entrer à notre tour dans la relation d’enfant bien aimé du Père qu’il est venu offrir à tous les hommes, parce que Dieu est amour.

Alors l’amour devient en nous comme un feu dévorant ; notre baptême devient lui-même baptême de feu chaque fois que nous sommes invités, sollicités, appelés à témoigner, en parole et en actes, de l’amour de Dieu pour tout homme, dans notre vie, en famille, au travail, dans la société, pour le monde.

Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés par l’Esprit Saint. En cette fête du baptême du Christ, pour nous-mêmes, pour nos enfants et petits-enfants non baptisés, pour Clémence qui va l’être, témoignons simplement, joyeusement de l’amour de Dieu en nous, entre nous, pour tous les hommes et laissons l’Esprit Saint s’occuper du reste.

Références bibliques : Is 40, 1-5.9-11 / Ps 103 / Tt2, 11-14 ; 3, 4-7 / Lc 3, 15-16.21-22

Référence des chants :

 

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