Ces images d’apocalypse sont terrifiantes : le soleil qui s’éteint, la lune qui n’éclaire plus la nuit, les étoiles qui tombent. Un scénario de fin du monde… Un temps de détresse, comme dit le prophète Daniel ; quelque chose qu’on espère bien ne pas connaître dans sa propre vie et qu’on ne souhaite à personne. Mais vraiment, est-ce ainsi que Dieu vient ?

Oui, elles sont violentes ces images de l’ébranlement de la terre et du ciel, mais il ne faudrait pas que cette violence cache cette autre image de l’Évangile : la branche de figuier, avec ses feuilles naissantes et la tendresse de leurs couleurs printanières.

D’un côté on a un monde qui s’effondre dans l’horreur du chaos ; de l’autre c’est la vie qui surgit avec tendresse et douceur. Mais vous le savez bien, on risque souvent d’être davantage préoccupé par la terreur de la mort que par la vie qui naît sans faire de bruit. Qu’est-ce qu’on écoute au journal de 20h ? L’agitation affligeante du monde qui ne va pas bien ; mais les gestes de paix, les sourires de la rencontre, les regards amoureux, qui s’en fera l’écho ? Et nous-mêmes, soyons honnêtes, que voit-on d’abord chez les autres ? Ce qui ne va pas, ce qui est laid, ce qui est mal, ce qui est différent de moi… Et on passe à côté de cette petite étincelle de vie, de bien, de beau, d’absolument unique. Cela vaut d’ailleurs aussi pour le regard que l’on porte sur soi-même. De soi, on ne voit souvent que les défauts…

Aujourd’hui, Jésus nous invite à être attentifs à tout ce qui ne demande qu’à naître, à se lever, à grandir et qui risque bien de passer inaperçu au milieu des drames de la vie. Voyez, dit-il, la feuille tendre et fragile du figuier ! Entendez le Souffle subtil de mon Esprit !

L’audacieux père Brottier avait bien compris cela, comme ses prédécesseurs et notamment le père Roussel. Tout n’a-t-il pas commencé quand on découvrit un enfant en train de fouiller dans une poubelle pour manger et qu’on l’accueillit dans ce qui allait devenir la Fondation d’Auteuil ? De sa misère, c’est sûr, il fallait l’arracher !

Le soleil qui s’obscurcit, c’est la vie de trop d’hommes, de femmes, d’enfants, sans papiers, sans abris, sans patrie. La lune qui perd son éclat, c’est tant de garçons et de filles livrés à une jeunesse sans avenir et sans amour Oui, l’ébranlement du ciel et de la terre, c’est d’abord cela : une vie qui s’effondre, à cause du chômage, de la maladie, de la misère, à cause d’une bêtise qu’on a faite un jour et que personne ne vous pardonne, une vie qui s’effondre ou qui peut-être n’a pas seulement pu commencer à se construire tant elle est trimballée d’échec en échec.

Sœurs et frères, la détresse est le quotidien de bien trop d’hommes et de femmes aujourd’hui, mais l’Évangile que nous venons d’entendre, Bonne Nouvelle, nous dit que c’est là que Dieu vient, pour rassembler les hommes et les femmes aimés de lui, pour apporter le salut, dit le prophète Daniel, pour apporter le pardon, dit la Lettre aux Hébreux, bref pour rendre sa dignité d’homme et de femme à chacun.

Croire à cette dignité, croire à l’avenir de chaque être humain, croire à l’été possible en toute vie, voilà ce que croit Dieu, et il nous exhorte à en faire le sens de notre vie : vivez d’amour, dit la petite Thérèse, ayez des regards qui ressuscitent, des mains qui relèvent, des oreilles qui consolent. C’est tout le projet de la fondation d’Auteuil : ouvre les yeux et vois, ouvre les bras et accueille, ouvre ton cœur et entends ; ça frappe à la porte : un homme, une femme est là ; ça frappe à la porte : Dieu est là. Il croit en toi. Il t’espère. Sois-en sûr : la vie de Dieu trouve toujours son chemin. Quelle que soit la détresse de ton existence. N’est-ce pas le pari fou de tous ceux et celles qui s’occupent de jeunesse et d’éducation ?

Apocalypse, sœurs et frères, cela ne veut pas dire catastrophe ; apocalypse, cela veut dire dévoilement, révélation. Le Dieu qui se révèle en Jésus Christ est un Dieu de douceur et de tendresse, le Dieu des figuiers dont la feuille annonce l’été. Le Dieu qui se révèle sur le visage du plus petit. Lumineux. Oui, vraiment, le visage de mon frère est visage d’apocalypse : En lui se révèle le Dieu qui vient, Dieu tout aimant, Dieu tout assoiffé d’amour.

 

Références bibliques : Dn 12, 1-3; Ps. 15;He 10, 11-14.18; Mc 13, 24-32

Référence des chants :

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