Est-ce que vraiment l’amour rend aveugle ? Est-ce que vraiment l’amour rend aveugle ? L’évènement de ce jour nous montre plutôt le contraire. Le matin de Pâques, les yeux de l’apôtre de l’amour s’ouvrent sur une telle lumière qu’elle le conduit à la foi.

Voyons par quel chemin il parvient à cette conviction. C’est, je crois, le chemin de la gloire de Noël à la gloire de Pâques… Dans la Bible, la gloire de Dieu c’est la manifestation de sa lumière. Je vous propose d’explorer comment la lumière de Dieu guide le chemin qui conduit de Noël à Pâques.

Dans la nuit de Noël, l’évangile nous dit que la gloire de Dieu a enveloppé les bergers de sa lumière. Puis la lumière du Père a resplendi au jour du baptême de Jésus. Elle a aussi, par l’Esprit, conduit Jésus au désert. Elle a ouvert les yeux de l’aveugle. Dans l’évangile de Jean, l’heure de la glorification c’est la Passion et la mort de Jésus. Nous découvrons que l’histoire des premiers témoins est marquée par la gloire et la lumière de Dieu, mais elle n’est pas immédiatement source de joie. Elle est d’abord l’objet de la crainte, de la tentation, de l’incompréhension ; elle est même marquée par la mort. Bref, la gloire de Dieu n’est pas recevable telle qu’elle par constatation ou déduction. Elle est comme la lumière avec la nuit. C’est quand elle permet de sortir des ténèbres qu’elle donne tout son rayonnement.
    

Car Dieu respecte notre rythme humain : il tient compte de ce besoin fondamental que nous avons d’avoir le temps pour découvrir progressivement l’amour qu’il nous donne. Voilà pourquoi nous avons besoin de passer de la gloire de Noël encore si nébuleuse, à la gloire de Pâques qui éclaire la foi des apôtres. Et qui nous conduit à la joie de ce jour!
    

Oui, la gloire de Dieu accompagne tous les chemins des témoins et des disciples jusqu’à ce qu’ils voient son accomplissement au matin de Pâques. Le « voir » est important dans les derniers chapitres de l’évangile de Jean. Dans le récit de ce jour Marie Madeleine voit la pierre enlevée du tombeau ; le premier disciple voit les linges posés à plat ; Pierre voit le suaire roulé à sa place. Puis le disciple que Jésus aime voit et croit.
    

Il y a là une différence de taille. Le « voir » de Marie Madeleine et des disciples est une constatation. On identifie facilement l’objet de leur regard : une pierre, des linges et un suaire. Alors que le « voir » du disciple que Jésus aime est d’une autre nature : il n’est pas une constatation objective mais il conduit à la foi. Autrement dit nous ne savons ni ce qu’il voit, puisque le tombeau est vide, ni ce qu’il croit puisque le texte ne le dit pas. Pourtant nous recevons son regard et sa foi comme la Bonne Nouvelle de ce matin de Pâques.
    

Un détail de l’évangile d’aujourd’hui montre son importance. Celui qui voit et qui croit est identifié par le récit comme « le disciple que Jésus aime ». Y aurait-il des disciples que Jésus n’aime pas ? Évidemment non. Il ne s’agit pas là d’une sélection ou d’une préférence de Jésus, mais plutôt d’une insistance pour faire comprendre qu’être disciple et être aimé, c’est la même chose. L’évangéliste, que la tradition identifie à ce disciple aimé de Jésus, nous fait part de son témoignage : pour lui, l’amour de Dieu est ce qui met en lumière tout le parcours terrestre de Jésus, de Noël jusqu’à Pâques.
    

Toute l’histoire biblique nous montre comment le peuple de la première alliance est guidé par Dieu pour marcher vers l’accomplissement de la promesse d’une alliance éternelle. Voilà ce qui permet aux disciples de comprendre le chemin de Jésus selon l’Écriture : jusqu’à sa résurrection d’entre les morts.
    

Nous voyons donc que le regard du disciple que Jésus aime, c’est-à-dire de tout disciple, est éclairé par l’amour. C’est l’amour de Jésus qui ouvre les yeux sur sa présence vivante. Non seulement l’amour ne rend pas aveugle, mais il permet de voir la présence de l’être aimé, même lorsque celui-ci n’est pas visible aux yeux du corps. C’est cela la foi ! C’est la réponse de l’amour à l’amour.
    

La Bonne Nouvelle de ce jour, c’est que nous croyons que cet amour est possible même dans les circonstances plus difficiles de nos vies. Dans la solitude de ceux qui se sentent isolés, dans les deuils et les soucis de santé, de petits gestes simples peuvent faire du bien. Dans nos vies surchargées par le travail ou minées par le chômage, nous savons comment une parole d’amitié peut nous soutenir. Quand les difficultés matérielles et les soucis du lendemain nous angoissent, nous croyons que des signes de fraternité et de partage peuvent donner sens à nos vies. Nous croyons que Jésus est là, en silence comme sur la croix.
    

Lors de la veillée pascale, nous avons allumé le cierge pascal au feu nouveau qui a éclairé la nuit dans l’une des églises de notre Unité pastorale. Nous nous sommes mis en marche à la suite du Christ ressuscité et avons suivi cette lumière qui ce matin a ouvert notre célébration de Pâques. En entrant dans cette église de Notre-Dame-des-Grâces, nous avons entraîné dans notre joie tous ces disciples qui sont unis à nous par leur présence visible en ce lieu ou par leur présence télévisuelle. Nous croyons que nous sommes réunis pour célébrer la résurrection.
    

Puissions-nous voir des signes d’amour dans toutes les situations de nos vies. Ils sont, nous le croyons, l’expression pour nous de l’amour du Christ ressuscité ! Belle fête à tous !

Références bibliques : Ac 10, 34a.37-43 ; Ps.117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9

Référence des chants :

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