Frères et sœurs, si je retiens une chose de l’Abbé Pierre, c’est la béatitude à laquelle, pour moi, il colle le mieux : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés. »

L’Abbé Pierre a été un affamé de justice. Et nous, où en sommes-nous ? Sommes-nous justes vis-à-vis de Dieu ? Vis-à-vis des autres ? Où en est notre foi ? Où en sont nos actes ?

Vis-à-vis de Dieu, sommes-nous comme ces Israélites dans le désert qui, tellement froussards, ne s’adressent pas à lui directement mais à Moïse ? Pensons-nous, comme eux, pouvoir gérer nos vies seul ? « Pourquoi aurais-je besoin de toi, Seigneur, puisque j’y arrive très bien tout seul ? Je vais à la messe tous les dimanches et tu me protèges, nous sommes bien d’accord. Mais ma vie tu me laisses la gérer. » Et comme ces Israélites, quand rien ne va plus, on se tourne vers le Seigneur et on lui crie dessus : « Seigneur, tu attends quoi pour m’aider ? Je te donne une heure par semaine et toi, tu me laisses galérer comme un chien. » Réaction humaine apparemment normale, puisque ça fait plus de 2000 ans que ça se fait ainsi.

Mais il y a le Christ. Comme nous n’arrivions pas à être à son image et à sa ressemblance de Dieu, il nous a envoyé son Fils pour apprendre à l’homme à être parfaitement homme. Ce que le Christ nous donne à voir, et pour nous c’est vital, découvrir combien nous sommes dépendants de Dieu. Dépendants de cette nourriture qu’il nous donne : le pain de Vie, son Fils. Car il est un Père Bienveillant.

L’Abbé Pierre disait que « le péché, c’est vouloir ne plus dépendre de Dieu, affirmer que notre destinée se réalise par nos seuls efforts. » Peut-être que nous avons à nous redécouvrir dépendants de Dieu, à nous reconnaitre vraiment comme ses enfants. À reconnaître que sans lui nous ne sommes rien. Ou plutôt, et de façon bien plus positive, qu’avec Lui, nous sommes tout ! Alors, nous allons peut être redécouvrir notre vocation : notre vocation d’affamés de Dieu, comme l’Abbé Pierre.

Frères et sœurs, en fait, nous sommes tous ensemble affamés. Arrêtons de nous comparer les uns aux autres. Mais vivons notre foi personnelle ensemble. Car j’ai besoin de la foi de tous pour vivre ma foi personnelle. Nous formons le Corps du Christ ! Ce même Christ qui a nourri une foule entière. Nous sommes ensemble des signes pour notre temps !

Et donc, vis-à-vis de nos frères, nous ne pouvons plus rester sans rien dire face aux injustices de notre monde : on taille l’Église en pièces avec toutes ces faiblesses que sont nos injustices. Vous pensez que j’invite à la révolution ? Non. J’invite à ce que ce monde reconnaisse le besoin vital que nous avons de justice. J’invite à ne pas rater l’appel que saint Paul nous fait : « Laissez-vous guider intérieurement par un esprit renouvelé. Adoptez le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité à l’image de Dieu. »

Chers amis, comment pourrions-nous essayer d’être un peu plus justes ? En ayant foi en l’autre. Non pas en se disant : « Je ne vais pas faire ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse », mais de façon plus positive : « Et si je faisais aux autres ce que j’aimerais bien qu’on fasse pour moi. » En fait, faire œuvre de justice, c’est avoir foi en l’autre. « La première règle avant d’agir, disait l’Abbé Pierre, consiste à se mettre à la place de l’autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là. » C’est alors, frères et sœurs, que vous pourrez dire avec le Christ : « J’ai travaillé pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. »

Références bibliques : Ex 16, 2-4.12-15 ; Ps. 77 ; Ep 4, 17-24 ; Jn 6, 24-35

Référence des chants :

 

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