Frères et sœurs, chers amis, la résurrection, ou plutôt la réanimation, de Lazare, dont nous venons d’entendre le récit, est le dernier signe accompli par Jésus avant son ultime montée vers Jérusalem. C’est aussi l’un des plus grandioses et j’ai cru comprendre qu’il n’était pas sans écho avec ce qu’a vécu récemment votre communauté paroissiale. Mais n’allons pas trop vite en besogne… car cet évangile au dénouement si lumineux n’en demeure pas moins assez curieux.

Et de fait : n’est-il pas étrange que Jésus, que nous voyons profondément bouleversé et ému jusqu’aux larmes, soit aussi celui qui a volontairement retardé sa venue au chevet de son ami ? Vous l’avez entendu : lorsqu’il apprend la maladie de Lazare, Jésus attend deux jours avant de se mettre en route. Et quand il arrive enfin à Béthanie, il découvre que celui-ci est au tombeau depuis quatre jours. « Si tu avais été là », lui glisse alors Marthe, un soupçon de reproche dans la voix. « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Tu l’aurais empêché de mourir, je ne sais pas trop ce que tu aurais fait, mais la vie serait toute autre et nous n’en serions pas là. Pourquoi n’es-tu pas venu ? Frères et sœurs, qui parmi nous ne se reconnaît pas dans ces paroles de Marthe ? Qui parmi nous n’a jamais pleuré un Lazare et levé les yeux au ciel, en espérant secrètement qu’une intervention divine vienne le guérir d’une maladie ou mieux, lui éviter cette mort si difficile à affronter ?

Or, Jésus a bien entendu le message des deux sœurs. Il a bien compris que leur prière dissimulait un appel au secours. Mais il laisse la mort faire son œuvre. Il laisse la séparation s’imposer comme une nécessité. Je crois que ce point est vraiment important pour nous aujourd’hui, car il nous redit une vérité à la fois simple et fondamentale : tous croyants que nous sommes, nous ne serons pas dispensés de la mort physique. Et il n’appartient pas à la foi de chercher à effacer ou à nier cette réalité incontournable.

Ce que je vous dis-là n’empêche cependant pas la résurrection de Lazare d’être une authentique victoire de Jésus sur la mort ! Elle l’est seulement bien au-delà de ce que nous nous imaginons le plus souvent. Et c’est ce que nous révèle le magnifique dialogue entre Jésus et Marthe. Comme certains groupes juifs à son époque, celle-ci croit à une résurrection des morts à la fin des temps. Mais cette éventualité est bien trop lointaine pour la consoler de sa peine. Un peu comme pour nous, l’incidence concrète de la résurrection sur sa vie quotidienne est réduite à la peau de chagrin. Et c’est là que Jésus prend la parole en centrant tout sur sa personne et qu’il lui déclare solennellement : « Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Ouaouh ! À entendre Jésus, la résurrection pour celui qui croit en lui est déjà là, elle est déjà à l’œuvre dans nos vies. Elle nous est déjà donnée.

Frères et sœurs, ces paroles sont à elles seules toute la bonne nouvelle pour nous ce matin. Jésus lui-même vient nous faire comprendre que la mort ment lorsqu’elle se fait passer pour le dernier mot de nos vies. Alors, toi qui es assis dans cette église de Domfront ou devant ton poste de télévision, toi qui te prépares aussi à renouveler les promesses de ton baptême dans la nuit de Pâques, « crois-tu cela ? » Amen.

Références bibliques : Ez 37, 12-14 ;Ps. 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45

Référence des chants :

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