Frères et sœurs, chers amis,

Les fêtes de Noël approchant, plusieurs parmi vous auront peut-être déjà installé une crèche dans leur maison et profité de l’occasion pour revenir, seul ou en famille, sur l’histoire des personnages qui la composent : je pense au petit Jésus bien entendu, mais aussi à Marie, aux anges, aux bergers, aux mages, sans oublier le bœuf et l’âne gris ! D’eux, nous savons à peu près la part qu’ils ont prise à l’événement. Mais Joseph le charpentier, cet homme à la parole rare et au regard songeur, qu’a-t-il fait au juste ? Souvent, et probablement sans trop réfléchir, nous plaçons son santon à l’ombre de celui de Marie, en léger retrait, comme si tout s’était passé sans lui. Or l’évangéliste Matthieu est formel : si Joseph n’avait pas été là, il n’y aurait pas eu de Noël, du moins de Noël tel que nous le connaissons aujourd’hui !

L’affaire était pourtant mal engagée… Que faire en effet de cette fiancée enceinte d’un autre que lui ? En temps normal, la loi de Moïse interdit de prendre sous son toit une femme qui n’a pas gardé sa virginité. Comme tout juif pieux en pareille circonstance, Joseph ne peut donc pas accueillir Marie. Je vous laisse imaginer ici les hésitations de son cœur et les nuits passées à chercher une solution ! Se refusant à assumer une paternité qui n’est pas la sienne, il choisit finalement de la répudier en secret afin de ne pas salir davantage sa réputation. Mais voilà… Dieu, qui par son Esprit œuvre déjà dans la vie de Marie, va s’approcher de lui par la voix de son ange. A rebours de ce qu’exige la loi, il lui demande d’infléchir son projet et de ne pas avoir peur de prendre chez lui son épouse. Il lui demande surtout de donner un nom au garçon qui va naître, c’est-à-dire de l’accueillir dans sa famille et de s’engager à l’aimer comme son propre fils. Bref, Dieu demande à Joseph d’accepter cette vocation aussi merveilleuse qu’éprouvante d’être père. Et Joseph a dit oui.

Vous le savez : cet acquiescement tacite le conduira sur des routes parfois périlleuses. Peu après sa naissance, Jésus sera menacé par la folie meurtrière du roi Hérode. Averti par un nouveau songe, Joseph serrera alors l’enfant dans ses bras et fuira avec Marie en Egypte. De retour à Nazareth, il n’oubliera pas de lui donner une éducation religieuse et de l’éveiller à la prière. Et puis il faut le dire : il se fera du souci lorsque Jésus, âgé d’à peine douze ans, fera sa première fugue au temple de Jérusalem ! Il lui transmettra enfin son métier et son amour du bois. Comme tous les pères, Joseph a donc aimé, lutté, veillé, tâtonné, prié ; il a espéré et souffert pour permettre à son fils de grandir et de devenir un homme.

Quel chemin, frères et sœurs, que celui du Dieu unique et libre lorsqu’il décide d’apporter en son Fils le salut à l’humanité ! Pour venir au monde, il a eu besoin des gestes attentionnés et de la fidélité sans faille du charpentier de Nazareth. Mais l’histoire, vous vous en doutez, ne s’arrête pas là, et l’invitation lancée à Joseph il y a deux mille ans résonne encore à nos oreilles aujourd’hui. Car le Christ, qui est né pour nous, ne peut pas naître sans nous. Consentirons-nous comme Joseph à entrer dans ce projet qui nous dépasse ? Laisserons-nous Dieu naître en nous, entre nous et autour de nous ? Et veillerons-nous sur cette naissance, toujours nouvelle ? Alors mes amis, pourquoi ne pas placer Joseph bien en vue dans nos crèches de Noël ? Son exemple, j’en suis sûr, nous aidera à trouver les vraies sources d’apaisement et d’audace, de changement et de conversion pour laisser l’Esprit faire en nous la joie de Dieu et notre propre joie… pour la joie de tous ! Amen.

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