Frères et sœurs, amis en Christ, c’est encore Bartimée qui nous casse les oreilles. Quel gêneur ! Oh, il est bien connu à Jéricho. D’ailleurs s’il est aveugle, c’est qu’il a été puni par Dieu, suite à une mauvaise action. Pauvre Bartimée ! Il est là au bord du chemin, assis à même le sol, totalement dépendant de la charité des autres. Certains jours il ne mange pas à sa faim, quelquefois il grelotte sous un porche. Mais le pire c’est qu’il n’existe pour personne.

Frères et sœurs, Bartimée n’est-il pas l’icône même de la détresse et de la pauvreté ? À travers lui, c’est l’image des réfugiés, des sans-abris, qui nous interpelle et nous dérange au coin de nos rues et de nos feux rouges : « T’as pas cent balles ? », « une pièce pour manger S.V.P. » Et pourtant au plus profond de lui-même, Bartimée garde confiance. Un jour, il en est sûr, il sortira de la nuit et verra de ses yeux le soleil de Dieu, comme les réfugiés qui espèrent atteindre un jour l’Eldorado.

En effet, un homme, Jésus de Nazareth, retient toute son attention. Bartimée en a entendu parler, car il s’intéresse aux moins que rien comme lui. Les bruits courent même : Jésus préfère les pauvres et les marginaux, aux riches et aux puissants. Et voici que ce jour tant espéré se présente, Jésus passe à Jéricho. Quelle aubaine ! Il ne faut pas louper le coche. Bartimée crie si fort sa détresse qu’il aurait pu faire trembler une nouvelle fois les murs de Jéricho. Mais le cri du pauvre, du malade, de l’handicapé, du marginal ; bouscule et dérange. Vous en savez quelque chose, chers amis, vous qui nous regardez depuis votre lit d’hôpital, depuis votre prison, depuis votre humble appartement, ou parce que vous connaissez  des fins de mois difficiles.

Bartimée ne se laisse pas intimider, il crie de plus belle : « Fils de David, aies pitié de moi. » Il ne voit pas Jésus avec les yeux de son corps, mais avec les yeux de la foi. N’est-il pas vrai qu’on ne voit bien qu’avec le cœur ?

Jésus ne peut rester insensible devant une telle foi. Il le fait appeler. Et voilà que les gens qui empêchent Bartimée de crier, se mettent à l’aider et à le guider vers Jésus. Jamais on ne s’est tant intéressé à lui. Pas de parole creuse de la part de Jésus, juste une question, j’allais dire une prière : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Et c’est le cri du cœur : « Rabbouni que je voie. » Avec beaucoup d’affection, Bartimée ose demander la réalisation de son rêve de toujours, voir la lumière. Ses yeux s’ouvrent, il peut contempler le regard aimant de Jésus. Jésus ne lui donne pas seulement la vue, mais aussi la Vie.

Frères et sœurs, aujourd’hui encore les pauvres, les mendiants de toute sorte, mendiants de lumière, mendiants d’amour, crient leur angoisse et leur détresse. Saurons-nous entendre leur cri, nous arrêter un instant, les regarder, leur parler et « leur permettre d’être de dignes acteurs de leur propre destin », comme nous y invite le pape François dans son allocution du 25 septembre aux Nations Unies.

Frères et sœurs, sans doute y-a-t-il différentes façons d’exprimer cette solidarité envers tous les « Bartimée » d’aujourd’hui. Merci à vous, chères sœurs de porter, devant le Seigneur, l’immense souffrance de notre monde déchiré et meurtri, les aspirations de ceux dont les mots sont noyés par trop de sanglots. L’humanité souffrante a tant besoin du soutien de votre prière. Par ailleurs, les travaux du Synode sur la famille viennent de s’achever. Puissions-nous, à l’image de Jésus, avoir une oreille attentive et accompagner toutes les familles qui se sentent en difficulté ou exclues. Osons poser un regard de compassion, de tendresse et de miséricorde, sur tous les blessés de l’amour. Merci Bartimée, mendiant d’Amour, pour ton joli clin d’œil, le comble pour un aveugle. Amen.

Références bibliques : Jr 31, 7-9 ; Ps. 125 ; He 5,1-6 ; Mc 10, 46b-52

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Craon 25 octobre 2015

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