Il y a un peu plus d’un mois, nous avons suivi la libération d’ Ingrid Betancourt et de quelques otages. Celle-ci n’hésite pas à reconnaître en sa libération, un miracle.

Dans une interview, elle témoigne : « Je suis tombée en amour devant Marie en lisant l’évangile de Saint Jean, lorsqu’il raconte les noces de Cana. Je trouve ce dialogue entre Marie et Jésus extraordinaire. Cette complicité entre eux est géniale. » Et cette ex-otage faisait à Lourdes cette prière : « Merci, Marie, merci pour ma liberté, merci pour la vie. Je t’aime tellement, prends soin de ceux qui sont restés derrière moi, ils ont besoin de toi, ils ont besoin de ta force, de ton espérance, et de ta lumière. »

Etre en manque de vie permet de faire l’expérience de la manifestation de Dieu .

Ils étaient en manque de vin ces invités à la noce de Cana en Galilée… Jésus change l’eau en vin.

Elle était en manque de nourriture, cette foule près du Lac de Tibériade… Jésus multiplie les pains.

Ils étaient en manque de santé, tous ces malades sur les routes de Palestine… Jésus les guérit.

Elle était en manque de sens à sa vie, cette femme de Samarie près du puits de Jacob… Jésus lui propose l’eau vive.

Il était pauvre, cet humble bûcheron, Jean de la Baume, sur ce mont Verdaille où nous nous trouvons en ce moment… Marie lui apparaît avec Jésus, l’archange Saint Michel et Bernard de Clairvaux, c’était un certain 10 août 1519.

Et aujourd’hui, vous êtes là en ce lieu d’apparition, ou devant votre écran de télévision, vous avez sûrement une demande à exprimer, croyez que Dieu peut vous faire signe ; cherchez au moins à L’informer de votre souffrance, de votre inquiétude, de vos doutes, de vos manques de vie, comme Marie a informé son Fils Jésus de l’embarras des mariés. Avez-vous remarqué ? Marie ne demande rien, elle informe seulement Jésus, comme toujours, elle s’efface. Et Jésus a cette réponse qui nous surprend : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Son heure sera le matin de Pâques où il sera manifesté dans sa gloire.

Et pourtant déjà, au cours de cette noce de village, Jésus « manifeste sa gloire », nous dit Jean. Le mot hébreu que l’on traduit par « gloire » signifie à l’origine « être lourd », « qui a du poids », « ce qui impressionne ». Jésus, à Cana, fait un signe qui donne du poids à sa venue sur terre. « Tel fut le premier signe de Jésus » , précise Saint Jean. Et tous les autres signes de Jésus seront posés lorsqu’il sera en présence d’un manque, d’un besoin, il agit quand les hommes sont privés de vie. En cela il est le Sauveur.

Mais pour être exaucé, encore faut-il se faire pauvre. Les repus ne peuvent être exaucés, ils ne demandent rien, ils croient qu’ils n’ont besoin de rien, ni de personne. Dieu fait signe aux pauvres qui attendent une grâce. La grâce qui leur est offerte n’est pas toujours celle qu’ils ont demandée, car, comme à Cana de Galilée, Dieu surprend. Il fait signe par l’abondance offerte : 600 litres de vin… de quoi enivrer toute une noce… il fait signe par la nouveauté donnée à la religion juive, en effet les cuves de pierre réservées pour les ablutions rituelles deviennent les cuves du vin de la fête, annonce du Royaume comparé à une noce.

Dieu nous demande seulement un acte de foi, car le signe qu’il nous fait n’est signifiant que pour celui qui croit. En effet un signe est fait pour être interprété, il n’est pas une preuve. Face à une preuve on est obligé de croire, face à un signe on a la liberté de lui donner un sens. La foi ne s’impose jamais, elle se propose.

Mais à Cana il a fallu la médiation de Marie qui invite les serviteurs à « faire tout ce que son fils leur dira. »

Ainsi Dieu veut avoir besoin de médiateurs entre lui et les hommes pour faire signe : Il aura besoin de Moïse pour libérer son peuple ; il aura besoin du roi Cyrus pour ramener son peuple exilé à Babylone. Jésus aura besoin d’un jeune homme avec ses cinq pains et ses deux poissons pour nourrir la foule ; il aura besoin de tous ces intermédiaires qui lui présenteront des malades pour qu’il les guérisse.

Dieu a voulu avoir besoin de Jean de la Baume pour qu’aujourd’hui, après près de cinq cents ans, nous soyons en ce lieu, répondant à la double invitation de Marie : « Allez dire au clergé et aux consuls de Cotignac, de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de grâces, et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. »

Combien de fois, Marie a-t-elle dû informer son Fils des souffrances qui blessaient les pèlerins venus en ce lieu ! Et combien de fois a-t-elle dû leur dire : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

Frères et sœurs qui êtes en ce lieu, en ce jour anniversaire des apparitions de Marie, faites-vous pauvres, faites confiance, présentez à Dieu, par l’intermédiaire de Marie, vos attentes, vos besoins, vos soifs, vos faims. Mais en même temps, « faites tout ce qu’il vous dira », et en cette eucharistie qui nous rassemble, reconnaissons le signe qu’il nous fait, une fois de plus il va manifester sa gloire.

Et vous, frère et sœurs qui êtes en ce moment même en communion avec nous, dans votre chambre d’hôpital, dans votre cellule de prison, ou tout simplement chez vous, demandez à Marie de vous introduire auprès de son Fils, elle lui dira ce dont vous avez besoin. Mais écoutez-la vous dire : « Tout ce qu’il vous dira faites-le ! » Soyez attentifs au signe que Dieu va vous faire, il va manifester sa gloire .

Et nous tous, présents ici ou unis par la télévision, invoquons Notre-Dame de grâces, et surtout pensons à rendre grâce.

Références bibliques : 1 R 19, 9a.11-13a ; Ps. 84 ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33

Référence des chants :

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