Aimer Dieu et aimer le prochain, frères et sœurs chrétiens, c’est le B.A. BA de la foi chrétienne, le fondement incontournable de notre vie selon l’évangile.
Aimer Dieu et aimer l’homme, c’est le résumé de toute la loi ancienne que Jésus vient porter à son achèvement et qu’il incarne en sa personne. Pour lui, les deux commandements anciens de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain sont non seulement aussi importants l’un que l’autre, mais ils sont indissociables l’un de l’autre, ils ne font qu’un. En lui-même, Jésus sera l’homme du total amour, amour de son Père jusqu’à l’obéissance de la croix et amour de l’homme jusqu’à partager sa mort pour le ressusciter avec lui, le restaurer en sa qualité de fils bien aimé du Père.
S’il est vrai qu’aimer Dieu et aimer les hommes, c’est la marque des disciples de Jésus, nous ne pouvons pas éviter de nous interroger : notre vie témoigne-t-elle de ces deux commandements qui ne font qu’un ? De façon très pratique et concrète, où en sommes-nous de l’amour de Dieu qui exige qu’on lui donne du temps et qu’on le traduise en amour du prochain ? Je ne parle pas seulement de l’amour de nos proches, de nos parents, de nos amis, mais au-delà, de tous les autres, des exclus, des SDF, des blessés de la vie…
Moïse évoquait déjà, au livre de l’Exode que nous lisions tout à l’heure, ces gens qui sont en situation précaire et qui méritent plus que d’autres l’attention des croyants : l’étranger qui réside chez nous et qu’il faut respecter, la veuve et l’orphelin qui sont sans défense et qu’il faut protéger.
Notre référence à nous, chrétiens, c’est le Christ. Par le baptême, son amour a été répandu dans nos cœurs pour que nous mettions dans nos rapports familiaux et sociaux un peu de la tendresse et de la compassion de son Père, comme il l’a fait lui-même, par son écoute de tous et sa bienveillance pour tous. L’ancienne abbaye de cisterciennes où nous célébrons aujourd’hui est devenue, pour vous, Travailleuses missionnaires qui l’habitez, le lieu où vous vous préparez à votre mission de demain : vivre dans le monde votre consécration à Dieu, au service de vos frères. On pourrait dire qu’à l’école de la Parole de Dieu étudiée et priée et de la vie en communauté, vous ne faites rien d’autre qu’apprendre à vivre l’unique commandement de l’amour de Dieu et du prochain, pour mieux en témoigner là où vous serez envoyées.
Car c’est bien en cela que consiste la mission. L’Apôtre Paul le disait déjà quand il écrivait aux chrétiens de Thessalonique : « À partir de chez vous, la Parole a retenti dans toute la Grèce. » Par vous qui venez de tous les continents, la Parole de Dieu retentira demain dans le monde entier.
Nous sommes en octobre, mois traditionnel de la mission ; cette année, nous sommes invités à nous tourner davantage vers les chrétiens d’Océanie, le plus petit des continents, qui attire beaucoup de voyageurs, d’artistes et de touristes. Mais la mission c’est aussi tous les jours et chez nous, dans nos diocèses. Notre Église diocésaine est-elle missionnaire ? Notre communauté, notre famille, sont-elles attirantes pour ceux qui ne partagent pas notre foi ?
Aujourd’hui, nous sommes ballotés à tous vents de doctrine, bousculés par les crises et les coups durs, ébranlés par toutes sortes d’incertitudes. L’apôtre Paul pourrait-il constater chez nous, comme hier chez les chrétiens de Thessalonique, que nous avons tenu bon dans la foi et la charité malgré toutes nos épreuves ? C’est pourtant à cette condition que l’Évangile peut être réellement une Bonne Nouvelle et nous remplir de joie et d’espérance.
Ce jeudi, en mémoire de la rencontre d’Assise, voici 25 ans, avec le pape Jean Paul II, Benoit XVI invite à Assise les responsables de toutes les grandes religions. Nous nous associerons à leur démarche, dans nos diocèses, afin de témoigner de la prière des croyants et de notre engagement ensemble au service de la justice et de la paix, pour une société où tous soient libres de professer leur religion ou leur foi.
Nous en sommes convaincus, que nous soyons investis dans nos travaux et nos engagements divers, ou en maison de retraite, malades ou hospitalisés, nos vies risquent toujours d’être vides de ce qui est essentiel : l’amour, un amour qui soit humble et vrai. L’Eucharistie que nous célébrons fait mémoire de l’amour du Christ. Que Dieu, Père plein de tendresse, nous donne son Esprit d’amour. Amen.
Références bibliques : Ex 22, 20-26 ; Ps. 17 ; 1 Th 1, 5c-10 ; Mt 22, 34-40
Référence des chants :