Frères et sœurs, aujourd’hui, par deux fois, il est dit de Jésus qu’il s’approcha. De la ville, d’abord. D’un cercueil, ensuite. Celui du fils unique d’une veuve. Cela pourrait sembler insignifiant, si ce n’est que dans tout cet épisode à maints détails nous voyons Jésus qui se fait proche. Ses entrailles frémissent de compassion. Et même s’il est occupé avec une grande foule autour de lui, Jésus est capable de voir ! Il remarque une veuve et sa douleur, alors qu’elle est entourée, elle aussi, d’une autre foule nombreuse. Jésus, notre Seigneur, ne perd pas le sens des réalités. Il est attentif. Il a les yeux du cœur.

Et pour ce qui est de s’approcher, il nous faut remarquer autre chose. Je le disais : il y a deux foules. L’une entoure Jésus. En fait, elle écoutait son enseignement et des malades mettaient en lui leur confiance pour se laisser guérir. L’autre foule, quant à elle, entoure la veuve qui a perdu son fils unique. Une femme qui a perdu son mari et son seul fils devient très vulnérable, et se prépare à connaitre la détresse de la précarité et de la grande solitude. Et tout le monde le savait. C’est pour cela qu’une grande foule s’est faite solidaire pour l’accompagner.

Ne peut-on pas voir ici une image de l’Église comme on l’aime ? C’est-à-dire, premièrement : des chrétiens qui, à l’image de la première foule, cherchent à accueillir l’enseignement du Christ et vont chercher en lui leur réconfort.

Mais aussi, deuxièmement : des chrétiens qui, à l’image de la seconde foule, écoutent leur cœur et vont se faire solidaires de ceux qui peinent dans la vie. D’ailleurs, peut-être que la seconde foule ne connaissait pas Jésus, mais, grâce à lui, la voici à présent unie à la première foule.

Et encore, troisièmement : des chrétiens qui, à l’image du Christ, se préoccupent de ce qui se passe autour d’eux. Des chrétiens qui ne vivent pas dans une bulle. Pour autant, des chrétiens qui ne se laissent pas submerger par leurs émotions, car, voyez-vous, si Jésus est ému, il n’en reste pas moins capable de prendre des décisions et de manifester une réelle autorité pour sauvegarder la vie. Il touche le cercueil et immédiatement les porteurs s’arrêtent. Puis il prend la parole. Et il dit au fils défunt : « Je te l’ordonne, lève-toi ! »

Je disais que c’est là, peut-être, une image de l’Église comme on l’aime, car hélas, beaucoup de voix s’élèvent autour de nous, et peut-être parfois en nous-mêmes, pour dire leur déception ou même leur colère contre l’Église. « Dans le credo, je ne suis plus capable de dire "Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique" », me disait quelqu’un récemment. Cela m’a fait de la peine. Pour lui et pour d’autres, l’Église, ce sont des prêtres qui ont commis des abus, ou des catholiques intransigeants, ou encore des chrétiens trop indifférents à l’amour de Dieu et à la vie des autres, et qui n’ont plus le feu de la foi.

C’est à nous de montrer que l’Église que nous sommes n’aime pas les divisions ; qu’elle vit vraiment du Christ ; qu’elle est attentive à tous ; et qu’elle se laisse envoyer loin de ses petits conforts. Avec ça, la voici déjà mieux « une, sainte, catholique, c’est-à-dire universelle, et apostolique ».

Et l’Évangile, aujourd’hui, est une bonne école pour cela. Et le grand saint Martin, cher à ce lieu où il est mort, en fut bien inspiré. Moine, homme de prière, il se confiait à son Dieu. Évêque, comme un bon pasteur, il se donnait au peuple de Dieu. Et « homme rempli de Dieu »[1], pour que d’autres retrouvent leur dignité, il partagea sa vie, comme il l’avait fait avec son manteau pour un pauvre transi de froid.

Je crois, frères et sœurs, que le monde attend vraiment que nous soyons des chrétiens chaleureux. Amen.

[1] Sulpice Sévère, « Vie de saint Martin ». Éditions du Cerf, 2016. Page 42.

Références bibliques : 1 R 17, 17-24 ; Ps 29 ; Ga 1, 11-19 ; Lc 7, 11-17

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Candes Saint Martin 5 juin 2016

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