Chers Frères et Soeurs
Vendredi prochain, nous allons célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II ! La grâce que les participants vécurent durant ce concile fut l’art de délibérer ensemble et de se concerter. Mgr Gérard Philips, théologien du cardinal Suenens, dira à ce sujet : « Il ne s’agit pas de faire triompher nos idées personnelles, mais d’arriver à un consensus sur l’expression de la foi (1) ». De cet engagement communautaire résulte ce qu’on appellera « le style de Vatican II », c’est-à-dire une manière de faire qui ne cherche pas la confrontation, mais le dialogue.

Cette démarche du Concile est illustrée par l’évangile d’aujourd’hui. Jésus rencontre les enfants. Mais ses disciples repoussaient les gens, parce qu’ils craignaient qu’on ne dérange Jésus. Alors Jésus se fâche et dit : « Laissez les enfants venir à moi,… car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». Jésus accueille les enfants car il sait qu’ils ont besoin de protection et d’amour. Il accueille le petit et le pauvre par priorité !

Or cette dimension du service, le concile Vatican II l’a développée dans sa constitution sur l’Eglise dans le monde (Gaudium et spes). Je cite : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi celles des disciples du Christ (2) ». Le concile souligne la solidarité des chrétiens avec l’humanité, et surtout avec les pauvres. Ainsi, l’Église abandonne l’attitude de repli sur soi. Jésus s’est fâché contre cette tentation du repli. De même l’Église au concile Vatican II a-t-elle promu l’engagement pour la justice, pour la paix et pour la protection de la vie humaine.

Ensuite, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus répond aux pharisiens sur la question du divorce. Il insiste sur le but premier de la Loi (3). Il va au cœur de l’Écriture, au récit de la création. Il cite le texte de la Genèse : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un ». Jésus nous donne une leçon de lecture de la Bible. Car il souligne le sens principal du texte.

Or c’est cela aussi que le Concile Vatican II nous apprend, dans sa constitution Dei verbum, sur la Parole de Dieu. Il propose aux chrétiens un retour aux sources, un accès direct à la lecture de la Bible, éclairée par la tradition de l’Église. Le Concile donne une méthode de lecture de l’Écriture, en invitant à placer les textes dans leur cadre historique et à tenir compte de leur genre littéraire ; il situe ainsi la Bible en dialogue avec les sciences, avec l’histoire ou avec la physique, qui ont longtemps paru s’opposer à la foi.

Pour Jésus ce retour aux sources éclaire le sens du mariage. L’union entre l’homme et la femme a une valeur définitive, le mariage reflète un désir d’amour absolu. Il suppose donc la fidélité. Certes, aujourd’hui, dans notre société, le mariage est en crise. L’idée même de famille est érodée. Mais c’était le même cas à l’époque de Jésus ! Il invite donc les croyants à garder le cap de la fidélité dans le mariage. Ce qui ne nous empêche pas de prier pour toutes les victimes de la crise de la famille, pour les divorcés, les enfants qui grandissent dans des ménages déchirés, les personnes âgées abandonnées.

Enfin, Jésus prend ses disciples à part et discute avec eux dans l’intimité. Cette réunion ressemble à un mini-concile ! Cela me fait penser à la Constitution du concile sur l’Église, intitulée Lumen gentium. Le concile y précise le rôle de chacun dans l’Église et il accorde une place importante aux laïcs. Un bel exemple nous en est donné aujourd’hui par la communauté Sant’Egidio, qui anime cette eucharistie. Cette communauté se compose de laïcs chrétiens qui se réunissent autour de l’évangile dans une prière du soir, ouverte à tous, ici dans cette église du centre de Bruxelles ; Sant’Egidio vit aussi l’amitié avec les pauvres, spécialement avec les gens de la rue et les personnes âgées. Ainsi se réalise concrètement le message de Vatican II (4).

Chers Frères et Sœurs, notre participation active à cette célébration est aussi le fruit du Concile Vatican II et de la réforme liturgique qu’il a promue. Elle favorise notre compréhension du message évangélique et notre union à Dieu. Remercions le Seigneur qui nous rassemble ici ou qui nous réunit via les ondes de la TV. Notre mémoire du Concile revigore notre foi, en ce début d’année de la foi lancée notre pape Benoit XVI ! Que notre engagement soit nourri aux sources de l’évangile et de la tradition vivante de l’Église. Amen !

 

1- Propos rapporté par Mgr Albert Prignon, dans Claude SOETENS (éd.), Vatican II et la Belgique (Collection Sillages – Arca), Louvain-la-Neuve, 1996, p. 157. Reprint, Presses universitaires de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2012.

2- CONCILE ŒCUMENIQUE VATICAN II. Constitutions, décrets, déclarations, messsages. Textes français et latin, Paris, Centurion, 1967, p. 207. Cf. aussi le texte en ligne : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/index_fr.htm

3- Camille FOCANT, L’évangile selon Marc (Commentaire biblique, Nouveau Testament, 2),Paris, Cerf, 2004, p. 373.

4-  Hilde KIEBOOM, L’Evangile dans la ville : la spiritualité et l’action de Sant’Egidio, Namur, Fidélité, 2007.

Références bibliques : Gn 2, 18-24 ; Ps. 127 ; He 2, 9-11 ; Mc 10, 2-16

Référence des chants :

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