« Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » L’expression peut faire peur. Elle nous apparaît peu conforme à ce que nous pensons savoir de Dieu. N’est-il pas quelqu’un qui apporte avec lui paix et consolation ? N’est-il pas miséricorde ? Bien sûr qu’il est cela. Cependant, la parole de Jean-Baptiste et plus encore sa personne, révèlent une qualité fondamentale de Dieu : c’est sa justice. Il est quelqu’un qui a un projet sur notre monde, sur les relations qui doivent régner entre nous, il a pouvoir et autorité sur tout ce qui existe, car tout a été fait par lui. Or, c’est toute cette réalité qui entend se manifester, avec toute la force de Dieu, qui explique cet événement de la colère de Dieu. N’en ayons pas peur, car nous savons qu’elle révèle la vérité dans nos vies, dans nos relations, dans l’ordre dans lequel doit s’édifier ce monde. Avec cette vérité, c’est la paix véritable qui advient, c’est l’harmonie entre les êtres les plus divers qui devient réalité, c’est l’amour qui se révèle au cœur de notre monde. Au fond, heureusement qu’il y a la colère de Dieu ! Heureusement qu’il y a quelqu’un qui est là et dont la présence atteste que toutes les réalités qui sont les nôtres ont un sens, même si nous ne le voyons pas pleinement dès ici-bas. Voilà le grand bienfait qu’apporte Jean-Baptiste dans notre monde d’aujourd’hui. Car, en sa personne, c’est l’avènement du Seigneur qui est annoncé sans plus tarder. Sa parole est tranchante, certes, mais libératrice en vérité, car elle nous réveille et nous prépare à l’essentiel. Nous avons besoin d’une telle parole, tant il est vrai que nous « fuyons » ce qui est essentiel dans nos vies. Nous sommes en effet très habiles pour remettre à demain la décision dont nous savons pourtant qu’elle est bonne pour nous. Et donc, heureusement qu’il y a tel ou tel événement qui, lu à la lumière de cet évangile, nous réveille et nous rappelle l’urgence de la conversion à laquelle nous sommes appelés.

Quêter l’essentiel, le vrai, pour accomplir le bien et la justice, telle est aussi en définitive la tâche de l’université. Et comme le précise saint Paul dans la 2e lecture, cette quête du vrai et du bien est un chemin où Dieu lui-même vient à notre rencontre par sa Parole : « Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture.» Dit autrement, qu’apprenons-nous à l’université si ce n’est d’être toujours prêts à rendre compte de l’Espérance qui est en nous ? (1 Pi 3, 16)

Rendre compte de l’Espérance est appelé à prendre chair dans notre vie d’étudiant, de professeur, de membre du personnel administratif et technique. C’est en ce sens que le Bienheureux Jean Paul II, dans ce qui constitue la charte des universités catholiques : la constitution apostolique Ex Corde Ecclesiae, évoque la tâche de l’université comme celle d’« unifier existentiellement, dans le travail intellectuel, deux ordres de réalités qu’on a trop souvent tendance à opposer comme si elles étaient antithétiques, la recherche de la vérité et la certitude de connaître déjà la source de la vérité. »

Bref, il ne suffit pas d’entendre une parole qui nous interpelle de loin. Il s’agit d’accueillir une parole qui appelle à changer de vie, à produire des fruits de conversion. Il s’agit en fait de nous préparer, dès aujourd’hui, à ce monde nouveau auquel le Seigneur nous invite. Nous y préparer, c’est-à-dire nous y disposer. Qu’il devienne, dès maintenant, notre milieu naturel en quelque sorte. Voilà pourquoi il ne faut pas mal comprendre cette parole forte de Jean-Baptiste. Au contraire, elle est salutaire. Elle a la grande qualité d’être très concrète. Il nous est bien difficile de saisir ce que veut dire être baptisé dans l’Esprit Saint et le feu, et pourtant, nous le sommes, nous qui avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Bien sûr, il est de notre devoir d’approfondir ce mystère, d’en vivre jusqu’à ce qu’il s’accomplisse en nous, lorsque nous paraîtrons devant le Seigneur. Nous pressentons combien seront nécessaires ce renouvellement, cette recréation que le Seigneur nous donnera, mais il est normal de ne pouvoir tout comprendre dès aujourd’hui. Pour autant, il est très important d’accueillir la parole de Jean-Baptiste et de la mettre en pratique. Nous demandons au Seigneur sa lumière pour être touchés par cette parole forte. Elle nous invite à nous disposer devant le Seigneur qui vient nous transformer en lui. Amen !

Références bibliques : Is 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Angers 08.12.2013

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