La Pentecôte est la fête de l’Esprit, du langage et de la communauté. Là où tout a été dit, il manque souvent quelque chose de plus profond. Cela vaut aussi pour ce monde, pour l’Église et pour nos vies. En ce qui concerne le monde, permettez-moi de vous partager certaines expériences. Avant que je ne devienne prêtre, j’étais journaliste. Dans les années quatre-vingt, j’ai visité le Mozambique, en Afrique australe.

Une guerre civile y faisait rage depuis longtemps. Je me suis rendu dans un petit village très reculé à l’intérieur des terres. Quelques jours plus tôt, quatre cents habitants y avaient été assassinés. Beaucoup d’autres étaient grièvement blessés et s’entassaient à l’hôpital. Dans cette région du pays, cela faisait déjà des années qu’on ne parlait plus du gouvernement, ni des rebelles. On communiquait par mitrailleuses et coups de machette. Pourtant, des négociations furent enfin entamées et un accord de paix fut signé.

Deux ans plus tard, je me tenais sur le mur de Berlin. Après des années d’hostilités silencieuses entre l’Est et l’Ouest, des années de Guerre froide, le mur s’ouvrit un matin de novembre. La conversation, le contact et la communauté furent restaurés.

Douze ans plus tard, le 11 septembre, je me trouvais à New-York, près des ruines encore fumantes du World Trade Center. Une Tragédie causée par des fondamentalistes qui ne pouvaient entendre la raison et qui étaient aveuglés par la haine.

Jusqu’à ce jour, il y avait aux États-Unis de nombreuses communautés de chrétiens, de non-croyants et de musulmans, qui pouvaient vivre ensemble sans le moindre problème. Le dialogue est soudainement devenu muet. La méfiance s’est mise à grandir et les communautés se sont effondrées. Aujourd’hui, rien n’est vraiment différent. Pensez à la Syrie, à l’Ukraine, au Nigéria. Pas de dialogue et une violence intense.

La méfiance apparaît en l’absence de dialogue. Cela vaut aussi pour l’Église. Les dirigeants religieux qui ne s’adressent pas aux fidèles, perdent le contact avec le monde. Ils crient dans leur propre désert. Les échanges et le dialogue ont leur importance, de même que les rencontres et le respect. C’est pour cela aussi que notre diocèse souhaite organiser l’année prochaine à Amsterdam une série d’événements où le dialogue entre croyants et non-croyants serait privilégié. Pas pour conquérir de nouvelles âmes, mais pour se rapprocher. L’Esprit est en effet le bien de tous.

Pentecôte, langage et communauté. Dans le monde, au sein de l’Église et en nous-mêmes. En pastorale, j’entends souvent parler de relations familiales perturbées. Récemment, j’ai rencontré une dame qui n’avait plus que peu de temps à vivre. Elle avait un frère qu’elle n’avait plus vu depuis longtemps à cause d’une dispute.

À la demande d’un membre de la famille, ils sont finalement entrés en contact et n’ont pas tardé à s’embrasser. Ils se sont tous les deux demandé pourquoi ils n’avaient pas fait cela avant. La langue peut lier une communauté. Mais pas toujours. Les mots peuvent aussi être destructeurs. C’est pour cela que la Pentecôte commence avec l’arrivée de l’Esprit Saint. Nous avons d’ailleurs chanté nos prières en ce début de célébration pour cette venue de l’Esprit. L’Esprit qui représente l’amour entre le Père et le Fils.

Quand nous sommes doués d’Esprit, alors pouvons-nous parler dans une langue qui tisse les communautés. Une langue que tout le monde comprend, et qui est le langage de l’amour. Amen.

Références bibliques : Ac 2, 1-11 ; Ps. 103 ; 1 Co 12, 3b-7.12-13 ; Jn 20, 19-23

Référence des chants :

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