Ce ciel, point central de notre solennité de l’Ascension que l’Église célèbre quarante jours après Pâques. Ce ciel à l’allure un peu naïve dont parle les Actes des Apôtres : «Quelques hommes du haut d’une colline le contemple, comme extasiés… Il est caché par une nuée où leur maître vient de disparaître. Deux hommes en vêtement blanc leur apparaissent pour leur demander : Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus qui a été enlevé du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. Attendez-le comme il vous l’a demandé.»

L’Ascension est donc la fête du Christ. Du ciel le Verbe était descendu pour prendre chair dans le sein de la Vierge Marie. Dans la simplicité de Nazareth, il avait grandi en grâce et en sagesse dans la soumission à ses parents. Eux-mêmes avaient eu de la peine à le comprendre lorsqu’à 12 ans dans le temple de Jérusalem ils lui avaient reproché : «Pourquoi nous as-tu fait cela ?» Alors que les docteurs de la Loi se demandaient d’où lui venait toute cette science, Quand il avait quitté Nazareth pour annoncer par des signes et des prodiges que le règne de Dieu était désormais présent, tous se demandaient avec étonnement «N’est-ce pas là le fils du charpentier ? Et ses frères et ses soeurs, ne vivent-ils pas au milieu de nous ?»

Ni le fils de la veuve de Naïm ressuscité, ni les lépreux guéris de leur mal, ni les pains et les poissons multipliés ne suffirent à convaincre ceux qui craignaient de le prendre au sérieux. «Il est nécessaire qu’un homme meure pour le peuple» dit Caïphe d’une manière prophétique. Ainsi il fut livré pour mourir sur la croix. Mais le 3e jour, Dieu le ressuscita et l’éleva à sa droite. Nous venons de lire dans la lettre aux Hébreux «Christ est entré dans le sanctuaire qui n’a pas été construit de mains d’homme, mais dans le ciel, afin de se tenir maintenant devant la face de Dieu».

Dans les jours de la Passion, nous avions tous participés avec émotion à ses humiliations et à ses souffrances.

Aujourd’hui par le Psaume 46, l’Église exulte en chants de joie et invite tous les peuples à célébrer le Seigneur, le Très-Haut, le Roi, le plus grand. Le Christ de la Croix est devenu le Seigneur assis à la droite de Dieu.

Fête du Christ : Ascension, mais aussi fête de l‘homme lié à la terre parce que de la terre Dieu l’a modelé. Sur la terre la créature humaine fait ses expériences héroïques, parfois médiocres. Jour après jour l’homme construit son existence, entrelace sa vie à celle des autres, formant avec eux une grande famille humaine. Ainsi sur les routes de la terre, il avance. Parfois ses pas sont fatigués, parfois ils sont rapides. Notre mère la terre ne réussit toutefois pas à satisfaire toutes nos aspirations et notre coeur demeurerait insatisfait si à l’horizon ne luisait pas l’espérance du ciel. Un ciel sans frontières qui nous accompagne jour et nuit, qui brille au-dessus de chaque continent et nous réunit dans une unique demeure.

Ce ciel dans lequel le Christ nous a appris à rencontrer Dieu en invoquant «Notre Père qui es aux cieux ».

Dans ce ciel l’homme trouve la sécurité et la protection que la terre ne réussit pas à lui offrir. Dans ce ciel repose la certitude d’une vie sans fin.

Ascension, fête du Christ, fête de l’homme, mais aussi fête de l’Église. Notre expérience humaine nous fait souvent souffrir quand une personne chère nous quitte surtout lorsque la séparation est définitive comme la mort. Nous vivons alors avec des souvenirs mélancoliques et tristes qui se traduisent par des larmes et des lamentations. Ainsi la façon dont l’évangile de Luc termine son récit pourrait nous surprendre : «Jésus les emmena jusque vers Béthanie et levant les mains il les bénit, tandis qu’il les bénissait il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui puis retournèrent à Jérusalem remplis de joie.» Chez les disciples donc pas de tristesse, pas de mélancolie, pas de peur de la solitude mais la joie d’avoir vu le Christ crucifié, ressuscité et glorifié, et dans le même temps un enthousiasme pour une nouvelle mission qui commence : devenir témoins de sa résurrection. La mission de ces premiers apôtres est aussi l’engagement de l’Église de tous les temps, donc de notre Église. Frères et soeurs, demandons-nous si aujourd’hui nous réussissons encore à nous situer comme témoins du Christ ressuscité et à révéler la présence de celui qui siège glorieux à la droite du Père.

Très souvent nous vivons dans une tension, une peur, un découragement, une angoisse, comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Loin de nous la volonté de minimiser la gravité des problèmes qui tourmentent notre société. Nous sommes confrontés à une évolution qui bouleverse le mode de vie à l’intérieur des familles et de toute la communauté humaine. Bien des personnes sont préoccupées par leur avenir, menacé de chômage, ainsi que par des bouleversements qui les mettent dans des situations précaires. Même au sein de la communauté chrétienne des avis divergents se confrontent, créant ainsi des tensions. D’une part on veut respecter la tradition et d’autre part on recherche de nouvelles voies pour rallier l’Évangile de toujours aux hommes de notre temps. Mais tout ceci ne suffit pas pour nous faire perdre le courage et l’enthousiasme propre à l’Église primitive. Nous ne pouvons pas trahir la confiance que le Christ a mise dans son Église, le jour où il est monté dans la gloire des cieux. Dans dix jours nous célébrerons la Pentecôte. Qu’à l’instar des Apôtres, réunis avec Marie au Cénacle descende de nouveau sur nous le feu de l’Esprit Saint afin qu’il nous redonne enthousiasme et courage.

Références bibliques :

Référence des chants :

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