Quelle famille ! Quelle sainte famille !

  • Où le père n’est pas le géniteur…
  • Où la mère est une vierge…
  • Et où le fils unique a l’air de n’en faire qu’à sa tête !

 

Quelle famille !

  • Où le père se tait sans réprimander son adolescent qui l’a pourtant au moins rendu inquiet !
  • Où la mère dit à son fils en parlant de Joseph : " ton père et moi… avons souffert "
  • Et où ce fils répond à ses parents qu’il doit être aux affaires de son Père.

 

Où sont les modèles ? Qui est qui ?

On y perd tous ses repères, sauf si l’enjeu n’est pas de nous dire ce que sont nos familles ni même ce qu’est la famille de Nazareth, mais qui est Jésus : c’est un Évangile sur l’identité de Jésus et la croissance de sa conscience qu’il a de lui-même.

À 12 ans, Jésus a conscience d’avoir avec Dieu une relation unique puisqu’il l’appelle MON Père et pas NOTRE Père. Quelques années plus tard, quand il chassera les marchands dans ce même Temple, il leur dira aussi : " ne faîtes pas de la maison de MON père une maison de trafic ". À 12 ans, il sait déjà qui il est, car sa mère le lui a enseigné, elle qui retient tout dans son coeur, tout ce que l’ange lui a annoncé. C’est elle qui a appris à son Fils qui il était en lui enseignant la Torah et les oracles messianiques que toute famille juive lit et médite. Les premiers éducateurs de Jésus sont sa mère, la Torah et Joseph : n’y a-t-il pas là quelque chose de normatif pour nos familles ? Quels sont les éducateurs des enfants aujourd’hui ?

À 12 ans, à l’âge de sa Bar-mitsva, Jésus va donc chez son Père, c’est à dire au Temple et là, il enseigne les savants et les docteurs de la Loi. Ses parents qui le cherchent vont mettre trois jours pour le retrouver : vous imaginez bien que ce délai n’est pas un hasard, qu’il est un code spirituel : dans la Bible, le troisième jour, c’est le jour du don de la Torah. C’est le jour où Dieu donne les 10 Paroles à Moïse au Sinaï, selon la chronologie de l’Exode (Exode 19, 16). Ce jour devient, avec l’Évangile d’aujourd’hui, le jour où le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, Jésus de Nazareth, se révèle à ceux qui ont charge d’enseigner Israël : les docteurs de la Loi, les docteurs de la Torah. La Parole de Dieu se révèle. Elle se dévoile au beau milieu du Temple – la maison de Dieu – pour permettre aux savants d’Israël de comprendre qui ils ont devant eux. À eux de commencer à discerner…

Tout comme Joseph et Marie : ils doivent aussi discerner et comprendre qu’il ne s’agit pas d’une fugue ou d’une insolence de la part de leur fils, mais d’un accomplissement, d’un acte de maturité de sa part, d’un enseignement pour eux aussi.

Tout comme pour nous, les auditeurs de l’Évangile. Saint Luc veut que nous décodions ces événements. Il commence son récit par ses trois mystérieux jours où disparaît le jeune Jésus et il termine son Évangile par le récit d’une autre disparition qui aboutit à une révélation plus grande encore. Ce récit au Temple est comme une anticipation de la Révélation plénière : la Résurrection du Fils, "c’est chez mon Père que je dois être". Au Jour de son Relèvement, le jour de Pâques, il entrera dans sa vraie demeure, son Royaume. Là d’où il vient. Là où il va.
 Il s’agit donc bien d’une révélation sur la personne de Jésus dans ce texte. Il révèle à ses parents qu’Il connaît son identité et son Père, Dieu, dévoile aux docteurs de la Torah, au Jour de la Torah, l’Incarnation du Fils : le Verbe-fait-homme.

Pour accueillir la Sainte Famille, il nous faut donc accueillir cette révélation. Est-ce qu’on ne pourrait pas en déduire qu’éduquer, c’est révéler ?

Former une famille consiste à révéler à l’autre qui il est et à le révéler tel qu’il est. : dire à l’enfant ce qu’il est, y compris dans sa dimension spirituelle. C’est le rôle des parents de permettre ce dévoilement, cette prise de conscience et cet éveil de leur enfant. C’est tout l ‘enjeu de l’amour, bien plus profond et vital qu’un simple savoir à transmettre.

C’est bien aussi ce que Dieu fait dans un enfant : il dépose en lui des charismes, des capacités, des dons qui s’épanouiront quand ils seront mis en valeur par ses éducateurs. C’est pour cela qu’il faut absolument intégrer l’éducation spirituelle dans l’éducation de l’enfant.
 Même si on ne se sent pas à la hauteur en matière de religion. C’est même presque mieux ainsi parce que cela crée le besoin de s’appuyer sur d’autres. "Je ne me suffis pas à moi-même". Et l’Église se découvre alors pour chacun comme éducatrice.
 Cette éducation, chacun doit la donner même s’il ne se sent pas fier de ce qu’il fait ou de ce qu’il vit. La venue de l’enfant est éducatrice pour ses parents en leur apprenant que c’est bien la qualité de l’amour qui fait la qualité de l’éducateur. C’est probablement pour cela que Marie dit de Joseph qu’il est le père de Jésus. Non parce qu’il a fait l’enfant, mais parce que le père, c’est celui qui aime et qui fait grandir.
 Malgré toutes ses étrangetés, c’est donc bien la Sainte Famille que nous célébrons aujourd’hui. Qu’elle prolonge jusque dans nos propres familles, telles qu’elles sont, cette conscience que pour faire grandir un enfant, il faut le révéler à lui-même. Et que ce révélateur c’est l’amour. Amen

Références bibliques :

Référence des chants :

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