Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
 Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
 Chers frères et soeurs en humanité.

Dans la première lecture, nous avons entendu Saint-Paul nous dire : "… je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur" (1.Co, 11,23). Nous n’inventons pas la messe. Nous la recevons dans la tradition des Apôtres, avec la première communauté chrétienne qui a recueilli précieusement les faits et gestes du Christ, ses paroles mystérieuses et pleines de vie "Ceci est mon corps qui est pour vous (…). Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang (…). Faites cela en mémoire de moi".

Depuis quelque 2000 ans, l’Eglise fait mémoire. Elle se souvient et actualise ce repas où Jésus établit ce rite de l’offrande du pain et du vin en y mettant – dedans – toute sa vie et la vie de tous les hommes de tous les temps. Il offre donc le pain et le vin. A qui ? A Dieu son Père qu’Il nous révèle comme Notre Père et le Père de tous les hommes. Qu’est-ce qu’Il offre en offrant le pain et le vin ? Il offre le sacrifice de sa vie qui ira jusqu’à la mort sur la croix. Il sait qu’il va mourir et il veut donner son amour au-delà de la mort en allant jusqu’au bout de l’amour. Il nous offre déjà nous-mêmes avec lui, dans un grand élan d’amour qui nous porte vers son Père et Notre Père. C’est cela l’Eucharistie. C’est cela la messe.

Nous sommes trop habitués à la messe. Trop habitués à entendre "ceci est mon corps… ceci est mon sang". Ou bien, hélas, certains n’y croient plus du tout. Il nous faut toujours revenir à cette première fois, à ce premier moment où pour la première fois de l’Histoire, cet homme Jésus a eu, pour ainsi dire, ce coup de génie de transmettre à la postérité ce geste de rompre le pain et de partager la coupe, avec ses propres paroles, jusqu’à ce qu’Il revienne. Dans la foi alors, et comme les disciples d’Emmaüs, nos yeux peuvent s’ouvrir et le reconnaître "à la fraction du pain" (Luc 24 , 35). Pourquoi est-ce possible ? Parce que les paroles de Jésus restent les paroles de Jésus pour l’éternité. Elles sont inséparables de sa personne. Il y a comme "un droit d’auteur" sur ce rite immuable. Pourquoi ? Parce que cela lui appartient en propre et que l’auteur de ce rite est vivant. Il a vaincu la mort. Il est ressuscité. Il a dit "lorsque deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux" (Matthieu 18 , 20). Ses paroles sont vraies. Il est réellement présent au milieu de l’assemblée réunie en son nom. Et Lui, le Ressuscité, Il fait lui-même ce qu’Il dit à travers le prêtre agissant en son nom. Mon Dieu, quel mystère !

Alors, la messe, c’est du passé ? C’est dépassé ? Non ! C’est la plus grande source d’Energie pour humaniser aujourd’hui le monde en le transfigurant, en le divinisant, en le faisant passer en Dieu avec le Christ et par le Christ. Et il ne s’agit pas d’un acte magique qui nous dispenserait de collaborer avec Dieu. C’est justement l’inverse : l’Esprit Saint est à l’oeuvre aujourd’hui. Il veut faire toute chose nouvelle en nous et à travers nous.

Dieu Notre Père a voulu avoir besoin de nous pour cette transfiguration du monde en Lui. Le Christ ressuscité ne meurt plus. Il est le même hier, aujourd’hui et demain. Ses paroles sont toujours ses paroles. Oui ! Mais le pain et le vin que nous apportons aujourd’hui ne sont pas le pain et le vin d’il y a quelque 2000 ans. C’est le pain pétri avec la farine des joies et des peines de notre temps. C’est le vin pressé avec le sang qui coule dans les veines des hommes et des femmes de toutes conditions sociales, de toutes cultures et nations, de toutes appartenances syndicales et politiques, de toutes religions qui promeuvent le Bien, de toutes philosophies, y compris athées. Le pain et le vin, c’est le fruit de la terre et du travail des hommes avec le jeu de leurs multiples solidarités connues et inconnues. Le pain et le vin deviennent alors le corps et le sang du Christ. C’est toute l’Humanité qui, concrètement et mystiquement, passe en Dieu avec le poids de ses contradictions appelées à s’harmoniser par la puissance de l’amour de Dieu agissant à travers nous. Mon Dieu, quel mystère et quel vertige d’amour !

"Allez dans la paix du Christ" ! C’est le message adressé à l’assemblée par le prêtre, à la fin de chaque messe. Le Christ s’est donné à nous en nourriture d’amour et nous devenons alors porteurs du monde déjà transfiguré en Lui. En Lui en nous. C’est le secret de la Mission. C’est le Christ lui-même alors qui nous envoie dans le désert du monde où les humains sont toujours en quête de logement et de nourriture. N’attendons pas que le miracle tombe du ciel. Oui, Dieu fera le miracle par le Christ. Mais avec les cinq pains et les deux poissons que nous pouvons lui apporter : "Donnez leur vous-mêmes à manger" (Luc 9 , 13).

Les chrétiens que nous sommes ne sont pas de doux rêveurs. Nous savons que la vie est un rude combat et un combat spirituel. Ce n’et pas pour rien que Jésus nous dit de prier pour que le Père nous délivre du Mal. Avec la grâce de notre baptême, nous avons à nous engager à la suite du Christ pour que toute notre vie, toute la vie de la planète devienne une immense Eucharistie, une action de grâce permanente. Nous chrétiens, nous sommes les seuls à connaître Dieu comme Père. Nous avons l’impérieux devoir de vivre réellement en enfants de Dieu en l’aidant Lui, le Père, à façonner une humanité digne des hommes par la qualité fraternelle de nos vies et de nos engagements. Nous pouvons alors laisser de côté la peur – et la peur de notre peur – pour apprendre à dialoguer, pour dialoguer et pour mieux vivre ensemble.

Les célébrations du 60e anniversaire du débarquement en Normandie nous ont rappelé quels combats ont dû être menés pour retrouver la liberté, pour panser les blessures de la guerre, pour rapprocher les peuples, pour réconcilier l’Europe avec elle-même. Les élections européennes d’aujourd’hui réclament notre participation active pour aller plus loin encore et porter ainsi une contribution à l’évolution de notre planète tiraillée par des extrémismes religieux, des guerres, des guerres économiques qui ne disent pas leur nom. Dans une fidélité totale à l’Evangile et à la foi reçue des apôtres, le dialogue inter-religieux s’inscrit aussi comme un devoir de fraternité pour ce mieux vivre ensemble à l’échelle de nos pays, de nos continents et du monde entier : il s’agit de donner sens à la vie avec des racines spirituelles. Et nous avons toujours à évangéliser.

"Vous êtes le corps du Christ. Alors, qu’avez-vous fait de Lui ?"
"L’Humanité est le corps du Christ. Alors qu’avez-vous fait de Lui ?"
"Il reviendra un jour dans la gloire."

Êtes-vous prêts à le rencontrer ? N’ayez pas peur. Et toi, trouve-le d’abord dans ton coeur qui aimera à la dimension du monde et de Dieu !

Références bibliques :

Référence des chants :

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