Chers élèves, merci de m’accueillir chez vous ce week-end pour me rappeler que oui, le soleil existe ! A Strasbourg, d’où je viens, je dois vous avouer qu’on finit par oublier qu’il y a quelque chose derrière les nuages. J’en ai donc profité. Ce matin, j’ai visité votre vigne, respirant le printemps à plein poumon autour de votre école.
Savez-vous qui a planté la première vigne dans l’Ecriture ? C’est Noé, juste après être descendu de son arche, une fois la pluie cessée. Je vous laisse aller voir dans vos bibles ce qu’il se passa ensuite (pas sûr que je puisse le raconter à la télé). Sans Noé, pas de vin ; ce vin consacré devenu sang du Christ. C’est ainsi : Dieu choisit de nous rendre visite à chaque eucharistie, à travers les fruits de sa création. Mais attention ! Pas les fruits bruts, raisin ou blé, mais les fruits transformés par le génie de l’homme : le pain, qui est plus que le grain ; le vin, qui est plus que la vigne. Dieu s’attend à ce que nous lui rendions cette terre perfectionnée par notre labeur. Il bénit à chaque messe le travail de nos mains, en choisissant le pain et le vin pour se donner à nous. Les sacrements font parler la Création.
C’est d’ailleurs là qu’il commence sa tournée. Avant d’aller prêcher dans les villes et villages, Jésus plonge dans les éléments du monde : enseveli tout d’abord sous les eaux du Jourdain, il brûle ensuite dans le feu du désert. Au baptême, il revit le déluge puis retourne en Exode, tenté dans le désert. Il mime, pour ainsi dire, presque comme au théâtre, l’histoire du peuple hébreu. Son corps se frotte au monde qu’il a lui-même voulu, en souvenir de l’alliance entre Dieu et toute chair. Les anges invisibles et les bêtes charnues servent celui qui les fait vivre. 

Seul le diable s’énerve. Il ne supporte pas que Dieu visite la terre. Il envoie un flot de tentations pour submerger le Christ. Car Satan sait que Jésus est l’arche sainte qui porte en son corps bien plus que huit personnes et quelques bestiaux.
Le Christ qui s’avance sur les vagues de sable est l’arche nouvelle ouverte au salut de l’univers entier. En lui, le ciel est descendu pour inonder la terre. Bientôt il poursuivra le diable jusqu’aux fond des enfers. Satan n’a plus où se cacher. Les enfers des cœurs endurcis par la haine, les déserts des quartiers salis par la violence, aucun de nos exils n’est étranger à l’Exode du Fils envoyé sur la terre. Dans les sables, c’est nous que Jésus est venu rechercher. Avons-nous foi, frères et sœurs en la venue du Fils de l’homme qui vient nous sauver jusque dans nos déserts ?
Il paraît que vous faites pas mal de sport ici. Rien de tel pour rester en contact avec la nature. L’actualité nous le montre : nous sommes trop loin de la terre. Enfermés dans nos villes, nous tournons le dos au soleil aux bêtes et aux plantes. Exilés de la terre, les Cieux peu à peu nous échappent. La création se tait, on ne l’écoute plus. Nous avons oublié qu’elle nous parlait de Dieu. Alors : Sortons ! Ouvrons l’œil ! Allons voir Noé titubant dans vigne ! Don Bosco le savait, l’éducation au grand air nous prépare à la mission : se cultiver soi-même pour cultiver ce monde. Rendre à Dieu le meilleur. 
Je vous propose donc, pour ce carême, de répondre à l’appel de Jésus. Convertissons-nous… en commençant par flâner, pour apprendre, dehors, à louer le Seigneur avec la terre entière. Puis par jeûner, pour préparer nos corps à l’accueillir dans l’intime de nos chairs. Pour partager, ce que notre travail aura fait fructifier. 
Quant à moi, je retourne dans l’Est et ses nuages, où j’ai tout de même bien plus de chance de croiser un arc-en-ciel qu’ici. Mais, maintenant, silence ! Motards, enlevez vos casques et coupez le moteur. Dehors, la nature qui s’éveille nous murmure un message.  
 

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