L’eucharistie, joie de la communion
Nous sommes, chers amis, dans la joie de ces fêtes que l’Eglise nous offre chaque dimanche pour nous unir plus étroitement à Jésus. Après la fête de la Pentecôte, et le don de l’Esprit Saint, nous avons célébré dimanche dernier la Sainte Trinité et contemplé Dieu dans cette communion de vie et d’amour qui unit le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Aujourd’hui Jésus nous invite à entrer dans cette communion, à goûter la joie de la vie divine, dans le mystère de l’eucharistie. Quelle est cette joie et comment y participer ? Pour le découvrir, arrêtons-nous sur le récit de la multiplication des pains.
« Jésus, nous dit saint Luc, parlait du règne de Dieu ». La joie à laquelle Jésus convie la foule est celle du règne de Dieu, une joie très concrète qui se traduit dans la multiplication des pains où Jésus accueille, console par sa parole avant de partager les quelques pains et poissons à sa disposition pour nourrir la foule en abondance.
Pourtant tout semble mal engagé. Les disciples sont soucieux et, raisonnablement, proposent de disperser la foule... Mais Jésus ne retient pas la solution de la dispersion, pourquoi ? Parce que le règne de Dieu est mystère de rassemblement et non pas de dispersion. Il ne s'accommode pas du chacun pour soi !
Face au besoin de la foule, la solution des disciples est simple : que chacun pense à soi ! Renvoyons la foule ! La solution de Jésus prend les disciples à rebours : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Mais comment est-il possible que nous donnions à manger à une multitude ? « Nous n’avons pas plus de cinq pains et de deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple ». Et Jésus ne se décourage pas : il demande aux disciples de faire asseoir la foule par groupes de cinquante personnes, il lève les yeux au ciel, récite la bénédiction, rompt les pains et les donne aux disciples afin qu’ils les distribuent.
Jésus manifeste que la venue du règne de Dieu est affaire de bénédiction, de dépossession et de confiance. Dans le geste de la bénédiction, Jésus nous montre que le pain est d’abord un don de Dieu, même en toute petite quantité. Spontanément nous bénissons, nous rendons grâce lorsque nous sommes dans l’abondance... Ici Jésus bénit dans le manque, la pénurie, sans lamentation ni accusation. Et le miracle opère. Tous sont rassasiés, et bien au-delà.
A travers le récit de la multiplication des pains, Jésus nous parle en silence du mystère de l’eucharistie. Il est lui-même le vrai pain venu du ciel. Sur la croix il ne nous a pas aimé avec des mots seulement mais en acte et en vérité. Il s’est donné tout entier, et dans l’offrande de sa vie, aussi pauvre et misérable puisse-t-elle nous apparaitre à la croix, il a manifesté la puissance d’un amour qui sauve et relève. Dans l’eucharistie, nous nous laissons saisir par cet amour « jusqu’au bout » et nous goûtons à la joie du royaume. Non seulement nous sommes en communion avec Jésus mais nous découvrons que nous formons un corps, rassemblés, unis les uns aux autres par le partage de ce même pain eucharistique. Si l’eucharistie nous fait donc déjà goûter une intimité plus grande avec le Seigneur et une proximité avec nos frères et sœurs, elle nous invite à prolonger ce mouvement de communion en mettant à la disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles capacités, car c’est seulement dans le partage, dans le don, dans la confiance que notre vie sera féconde, qu’elle portera du fruit et que le règne de Dieu s’étendra.
C’est l’expérience vers laquelle Bernadette elle-même nous entraine. Enfant, elle désirait ardemment communier au corps du Christ, faire sa première communion. Nous savons qu’elle peinait à retenir les rudiments de catéchèse que sa nourrice tentait de lui inculquer. Mais sa véritable catéchiste sera Marie dont les apparitions aux mois de février, mars et avril 1858 préparent Bernadette à faire sa première communion le 3 juin 1858. Après ce jour béni, Marie peut s’effacer, elle apparaîtra une dernière fois le 16 juillet, silencieuse. Et Bernadette pourra faire de sa vie toute simple, marquée par tant de pauvretés, une offrande à la louange de Dieu, dans le service humble et joyeux de ses sœurs.
Le secret de sa joie ? Une vie eucharistique… « Je ne vivrai pas un instant que je ne le passe en aimant ».