Le 8e dimanche du temps ordinaire n’a pas souvent été célébré, car il est fonction de la date du début du carême : il l’a été 6 fois... en 30 ans ! Donc 2 ou 3 fois pour l’année C. Il est donc normal que nous soyons moins familiers avec les textes d’aujourd’hui…
Dans les lectures que nous propose la liturgie, les images se bousculent un peu : le tri réalisé par le tamis, le travail du potier éprouvé par le feu, l’arbre dont la valeur se vérifie par son fruit, le « vêtement » de la résurrection chez Paul, le regard aveuglé incapable de guider, la paille et la poutre, et enfin l’humanité capable de tirer un trésor de son coeur.
À travers toutes ces images, il nous est important de pouvoir découvrir et approfondir ce qu’est la vie d’un disciple du Christ.
Il y a d’abord l’attention à la parole.
C’est sans doute ce qui nous saute aux yeux après avoir entendu la 1ère lecture qui nous invite à être attentifs à nos paroles, car elles révèlent ce qui nous habite, ce que nous sommes. La langue de l’homme est comme le miroir de ses pensées intérieures. « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. », conclut également l’évangile de ce jour. La parole est révélatrice de quelque chose de plus profond, elle révèle le cœur de l’homme, son être profond.
Par exemple, pour ceux qui vont célébrer leur mariage à l’Église ou qui sont déjà mariés, rappelons-nous combien c’est la parole donnée lors de l’échange des consentements qui scelle le sacrement. Ce « je te reçois et je me donne à toi » révèle le don le plus profond et le plus important qu’une femme et un homme peuvent se faire l’un à l’autre. Ce n’est pas une parole en l’air… elle engage toute la vie et est révélatrice de l’amour vrai qui habite les cœurs.
Dans le scoutisme également, lors de la promesse, le scout dit : « on pourra compter sur ma parole de scout » ! Il s’engage donc à n'avoir qu'une seule parole sur laquelle les autres doivent pouvoir compter.
Ceci nous conduit à un 2e élément de la vie du disciple du Christ : évaluer ce qui est la source de notre parole. Vers qui les oreilles de notre cœur sont-elles orientées ? Qui écoutons-nous intérieurement ? C’est la question de ne pas nous laisser aveugler ou guider par un aveugle. De là découlera la qualité de notre cœur. Le cœur qui, dans la Bible, désigne le centre de la personne, le siège de toute sa vie intime, sa pensée, sa mémoire, ses sentiments, ses décisions. Il y a un appel à l’unité intérieure, l’unité de vie, qui nous est lancé. Invitation à une concordance entre notre cœur, notre esprit et les gestes et paroles de notre corps.
Ce qui révèle vraiment la valeur d’une personne, c’est la cohérence entre ses paroles et sa vie, entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait.
Qui sera notre maître ? Dieu ou l’opinion des gens ?
Saint Paul, dans la seconde lecture, nous apporte une réponse lorsqu’il nous parle de revêtir ce qui est impérissable, de revêtir l’immortalité.
Cela peut nous faire penser au baptême, où au moment de revêtir le nouveau baptisé du vêtement blanc, le prêtre ou le diacre rappelle combien par ce sacrement nous venons ainsi de revêtir le Christ ! Ainsi, à l’instar des habitudes vestimentaires qui peuvent exprimer une appartenance ou une manière de vivre, nous sommes invités à revêtir le Christ pour adopter une manière chrétienne de regarder les autres, d’échanger avec eux, de nous comporter.
Mais que signifie « revêtir le Christ ressuscité » ? Ou pour reprendre les images de l’évangile de ce jour : que signifie devenir un arbre qui produit du fruit, ou être un homme capable de voir clair pour guider ses semblables ?
La liturgie de ce matin nous invite à nous « confectionner » trois vêtements :
- Faire de Jésus notre « Maître de vie ». Le Maître est celui qui enseigne, forme, redresse, purifie, guide. Jésus est ce compagnon de route qui nous forme et nous façonne pour devenir à notre tour des « maîtres en art de vivre ». Vivre en présence de Jésus, pour être cet arbre qui donne du bon fruit. Cela demande de faire de la place au Seigneur dans notre vie.
- Accepter que Jésus ouvre notre regard, qu’il nous apprenne à examiner ce qu’il faut ajuster dans notre propre vie intérieure avant de vouloir jeter notre jugement sur ce qui doit changer dans la vie des autres. C’est l’image de la paille et de la poutre… La lumière pour nous, c’est la Parole de Dieu qui inspire les décisions de notre vie, elle est comme une boussole intérieure. Le but n’est pas d’être des spécialistes des Écritures, mais de la laisser ouvrir notre regard et purifier notre regard sur notre vie.
L’importance est de nous familiariser avec la Parole de Dieu, d’orienter les oreilles de notre cœur vers elle.
- Accueillir les fruits véritables qui viennent de Jésus.
Ce n’est pas la Loi qui sauve, mais bien le Christ. La Loi est faite pour donner à l’homme une certaine conscience du mal et du péché, mais elle n’a pas pour fonction d’aider l’homme à en sortir victorieux. C’est au contraire la foi en Jésus Christ et la vie par son Esprit qui nous purifient progressivement et nous sauvent rappelait saint Paul.
Mercredi prochain nous entrerons dans le temps du Carême, temps favorable pour revêtir le Christ, changer notre cœur, apprendre à ouvrir nos yeux sur notre vie, avancer sur un chemin d’humilité à la lumière de la Parole de Dieu. Temps qui nous permet de prendre une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, comme disciples.