Il est des regards qui en disent long… souvenez-vous ! Souvenez-vous de ce regard du malade qui guettait vos réactions pour être rassuré. Souvenez-vous de cet handicapé qui n’avait d’autre langage que son regard. Souvenez-vous de ce regard qui communiait à votre souffrance. Souvenez-vous de ce regard qui vous demandait tout simplement si vous aimiez encore. Peut-être vous souvenez-vous aussi de ce regard qui vous condamnait ou qui exprimait une rancune.

La relation entre deux personnes ne s’exprime pas que par des mots, elle s’exprime aussi par des silences qu’accompagne un simple regard. Et si la relation avec le Christ s’exprimait aussi par un échange de regards ? Telle est l’invitation que nous adresse le Seigneur dans cette page d’Évangile que nous venons d’écouter.

Le regard du Christ élevé sur la croix est un regard qui sauve.
Le regard que nous portons sur le crucifié est un regard qui fait confiance.
Alors nos regards peuvent se croiser !

. Son regard est un regard qui sauve, nous promet Jésus. Ses auditeurs se souviennent de l’événement dont il fait mémoire : le serpent de bronze élevé par Moïse dans le désert. Au cours des quarante années de marche au désert, les Hébreux furent attaqués par un ennemi redoutable, des serpents à la morsure « brûlante » . Moïse fit un caducée, un serpent de bronze guérisseur, élevé sur un bâton, « celui qui tournait les yeux vers le signe élevé, était sauvé, non pas par l’objet regardé, mais par le Seigneur » précise le Livre de la Sagesse. Jésus se présente donc comme celui qui vient, « non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

Durant toute sa vie publique, Jésus portera ainsi ce regard sauveur sur tous ceux qu’il rencontrera. Rappelez-vous son regard sur les foules affamées, et égarées comme des brebis sans berger, son regard sur les exclus à qui il rendra la dignité, sur les malades à qui il donnera la guérison, sur les pécheurs à qui il offrira son pardon, sur le jeune homme riche qu’il se prend à aimer. Et dans son regard porté sur Pierre qui vient de le renier, qu’exprime-t-il ? Sinon son amitié.

. Si le regard du Christ est un regard qui sauve, il guette le regard de ceux qu’il veut sauver, un regard plein de confiance. Dans ce court passage d’Évangile écouté à l’instant, cinq fois nous avons le verbe « croire ». Si le Christ est élevé, c’est pour que nous levions les yeux vers lui en signe d’appel et donc de confiance.

Dans le regard du malade vers son médecin ou son chirurgien s’exprime la confiance. Il en est de même dans le regard de l’enfant qui a besoin d’être rassuré par ses parents, ou dans le regard de celui qui doute de lui-même, mais qui guette la confiance de ses proches.

Voulez-nous, frères et soeurs, que nous nous arrêtions sur les regards échangés, un certain vendredi de l’histoire, sur cette colline du Golgotha, près de Jérusalem ? Du haut de la croix, Jésus regarde ceux qui l’entourent.

Il regarde Marie, sa mère, et le disciple qu’il aimait, ils sont là débout, les yeux levés vers le fils et le Maître. Au moment où il donne sa vie, il donne sa mère à Jean.

Il regarde ceux qui l’ont mis en croix et qui, en levant les yeux, ricanent. Que dit-il ? « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Il regarde le condamné qui a levé les yeux vers lui pour le supplier, et il lui promet pour le jour-même, le paradis avec lui.

Il regarde Dieu son Père en lui criant le cri de tout homme qui souffre : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » mais, se ressaisissant, il ajoute : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ! ». Le Père reste silencieux, mais son regard le relèvera au matin de Pâques.

Mes amis, nous sommes à quelques jours de la fête de Pâques, une invitation nous est faite pour que notre regard croise le regard du Christ : en effet le sacrement du pardon est un échange de regards. Si nous levons les yeux vers le Christ élevé de terre, c’est, pour qu’en le regardant avec foi, avec confiance, nous soyons sauvés, pardonnés. N’est-ce pas une façon « d’agir selon la vérité et ainsi venir à la lumière. » Le Christ nous demande, de son regard : « vas-tu préférer les ténèbres à la lumière ? ».

Frères et soeurs, vous rassemblés dans cette église Saint-Gilles de Grandvilliers, et vous qui êtes devant votre écran de télévision, savez-vous que le Christ attend que vous leviez les yeux vers lui ? Son regard vous est assuré, non pas un regard qui juge, encore moins un regard qui condamne, son regard veut vous sauver, vous relever, vous rendre confiance.

Je revois encore cet homme qui me disait un jour : « ceux qui m’ont aimé sont ceux qui m’ont élevé ! » et il accompagnait sa parole d’un geste de ses mains qui élevaient. Et bien, voulez-vous que nous nous laissions élever par Celui qui fut élevé sur la croix par amour. Le Père Paul Baudiquey qui a tant médité sur l’oeuvre de Rembrandt, devant le tableau du retour du prodigue, a cette belle parole : « les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent ». Dans la rencontre du sacrement du pardon, Dieu nous espère en nous attendant, alors nous aussi espérons en sa tendresse de Père.

Références bibliques :

Référence des chants :

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