Frères et sœurs, il y a des phrases de l’Évangile qui nous mettent si mal à l’aise que nous aimerions les raturer, les gommer du texte, bref tout faire pour éviter de les entendre…

Notamment chez saint Luc, l’évangéliste de la Miséricorde, on pourrait s’attendre à plus de douceur, voire plus de littérature pieuse… Il n’en est rien, Jésus a l’art, de temps en temps, de nous secouer avec des phrases terribles, de propos qu’on voudrait ne jamais entendre de sa bouche ! « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez ! », mon Dieu, mais c’est qu’il nous menace ! Oh, ce n’est peut-être qu’un écart de langage, un coup de sainte colère, on le sait, cela passera tout seul…

Pas du tout. Relisez le texte, Jésus se répète, deux fois la même menace dans le même passage, c’est fort de café… Alors, que faire ? Trouver un prédicateur habile qui réussira à spiritualiser tout ça, avec de belles phrases, faire passer l’amertume de la pilule avec une douceur, du chocolat par exemple ? C’est tout à fait faisable vous savez… « Malheur à moi si je ne prêche l’Évangile ! », dit saint Paul. Malheur à moi si je vous dis que cette phrase terrible du Christ n’est qu’une figure littéraire !

Alors accrochons-nous au texte et battons-nous avec lui : il y a des circonstances où des hommes et des femmes innocents meurent dans des conditions atroces et scandaleuses ; comment, en hommes et en femmes fidèles au Christ, réagissons-nous ? Que disons-nous de ces scandales où la mort et l’injustice semblent avoir le dessus ?

Vous, comme moi, frères et sœurs, n’avons-nous pas la tentation terrible de chercher une justification aux malheurs les plus horribles qui touchent nos contemporains ? N’avons-nous pas une petite voix fielleuse qui nous murmure à l’oreille : « Qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire au Bon Dieu pour mériter ça ? » ou pire encore : « Oh, de toute façon, rien ne se passe par hasard, s’ils ont subi cette mort, c’est que quelque part, ils l’ont méritée, ils ont dû commettre une grave offense contre le Bon Dieu. »

Eh bien, à ce moment-là, le Christ me dit : « Si tu ne te convertis pas, toi, Éric, tu périras ! » Oui, il faut que je me convertisse, il faut que je change complètement mon regard sur Dieu et sur les autres : je ne peux pas dans la même phrase utiliser l’expression « Bon Dieu », et dire en même temps qu’il donne la mort et qu’il punit des innocents ou des présumés coupables. Je ne peux pas non plus m’ériger en tribunal ecclésiastique qui juge mes contemporains en accordant le salut à certains et en vouant à la damnation éternelle ceux qui ne me ressemblent pas : oui, si je ne me convertis pas, si je ne change pas mon regard sur Dieu, je vais périr ! Terrible, n’est-ce pas ?

Pas vraiment. La parabole du figuier nous redonne courage… oui, avec le temps, avec l’engrais de la Parole, avec le soin du Christ sauveur, mon regard peut changer, avec le temps, oui tout est possible avec Jésus, même ma conversion personnelle ! Amen.

Références bibliques : Ex 3,1-8a .13-15 ; Ps. 102 ; 1Co 10, 1-6.10-12 ; Lc 13,1-9

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Rennes le 28 février 2016

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