Et voilà que Jésus semble envoyer les Apôtres en vacances – c’est l’époque -.  Et certains diraient qu’il les envoie deux par deux pour les empêcher de s’ennuyer durant leur séjour …  Vous savez que la réalité est un peu différente.  Si Jésus les envoie deux par deux, c’est d’abord parce que dans le monde antique, pour qu’une parole soit reconnue comme authentique, il fallait au moins être deux.  Mais il faut aller plus loin.  Si Jésus fait cela c’est surtout pour nous montrer à nous, aujourd’hui, qu’annoncer la Parole de Dieu, cela se fait en Église ; cela ne se fait jamais seul !  Si on est seul pour annoncer l’Évangile, on risque de finir par s’annoncer soi-même plutôt que d’annoncer Jésus.  Oui, c’est ensemble que nous sommes envoyés ; c’est ensemble – en comptant les uns sur les autres – que nous sommes témoins de la Résurrection ; c’est ensemble – avec la diversité de nos dons – que nous voulons dire aux autres la joie que nous avons d’être chrétiens.  Cet adverbe  « ensemble », nous l’avons vécu il y a un an, en dépassant, et de loin, les frontières de l’Église : il n’y avait plus des habitants d’ici et des gens venus d’ailleurs, des chrétiens et des non-croyants, des opinions politiques, des flamands et des wallons.  Nous étions « ensemble »
    
Jésus nous envoie ensemble, mais il nous envoie sans sac ni sandales …  Autrement dit, Jésus ne nous envoie pas avec des moyens humains, mais avec lui pour seul bagage.  Mais souvent, comme pour les disciples d’Emmaüs, il marche à nos côtés et nous ne le voyons pas.  Et quand nous ne nous rappelons pas qu’il est à nos côtés, nous commençons à nous « armer » avec des moyens humains !  Cela peut être un critère de discernement.  Évidemment, il est bon d’avoir toutes sortes de moyens dans une paroisse : c’est clair.  Mais si une paroisse s’occupe trop de moyens concrets, c’est peut-être qu’elle oublie que le plus important, c’est d’avoir Jésus comme bagage.  Encore autrement dit : une paroisse qui fait beaucoup de choses, c’est très bien, mais s’il elle en vient à oublier de prier son Seigneur, vraiment cela doit lui poser question. Plus nous prierons ensemble, plus notre agir aura du sens, sinon, ce ne sera que du vent … N’avons-nous pas fait cette expérience de personnes qui, alors qu’elles avaient tout perdu, donnaient du temps pour d’autres qui avaient tout perdu également.  C’est Paul qui écrit : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort »

Enfin.  Il faut rester longtemps, nous dit Jésus, dans cette maison, sans passer de maison en maison.  Étonnant, non ?   Pour annoncer l’Évangile, nous ne sommes pas dans l’ordre de la rentabilité humaine ; pour annoncer Jésus ressuscité, il nous faut – et longuement – « être avec », être en symbiose avec nos contemporains, être en communion avec eux.  Je vous rappelle que Jésus a vécu 30 ans de sa vie de 33 ans à ne rien faire qu’être avec ses contemporains.  Et, sans doute, durant ces 30 ans a-t-il déjà été un témoignage du Royaume qui était arrivé.  Nous sommes chrétiens dans le monde ; nous sommes paroisse dans une commune et notre première mission est d’être avec les habitants, enfouis comme eux dans la pâte de notre commune, partageant leurs joies et leurs peines, leurs soucis et leurs espérances … et par nous, mystérieusement, c’est Jésus lui-même qui leur devient proche dans leurs joies, leurs peines, leurs soucis et leurs espérances.  Pendant près de 6 mois, nous avons célébré dans cette église qui accueillait aussi des dons et des bénévoles. Cela donnait parfois un joyeux tapage durant les célébrations, mais ce tapage était sans doute le plus beau signe que le Royaume de Dieu s’était approché de nous.  

À vous qui nous regardez, peut-être n’avez-vous pas vécu les inondations, mais tous nous vivons des inondations spirituelles, des jours où nous sommes submergés, des jours où nous avons l’impression d’être seul au milieu des eaux de la souffrance et de la mort.  Le Seigneur nous invite à être ensemble, à nous donner aux autres, même si nous souffrons.  « Allez, nous dit Jésus, je vous envoie »  Personne n’est assez pauvre qui ne puisse rien donner. Un proverbe de notre région dit : « Deûs pôves qui s' coplèt, ça fêt rîre li bon Dju. » « Deux pauvres qui s'entraident, cela fait rire le bon Dieu.»  En aidant, non seulement, nous mettons de la joie dans le cœur de l’autre, dans notre propre cœur, mais aussi dans le cœur-même de Dieu.  Nous n’avons  pas beaucoup de moyens, mais il multiplie le peu que nous avons.  Et cela prendra du temps.  « Pour faire un monde, mon Dieu, que c’est long ».  Amen   

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