« L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit-Saint ». Oui, j’ai vu et je rends ce témoignage : c’est Lui le Fils de Dieu.
Jean baptisait pour la purification de tous ceux qui venaient à lui. Jésus, lui, nous ouvre à la réalité même de Dieu. Par lui, avec lui, en lui, nous sommes aimés du Père. Après sa résurrection, Jésus enverra ses apôtres baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit pour que tous les hommes puissent recevoir ce don de la vie et de l’amour et devenir les coopérateurs du projet de Dieu pour l’humanité : faire de toutes les nations et de tous les peuples une seule famille.
Cette foi au mystère d’amour de Dieu manifesté par le Christ nous rend profondément solidaires des hommes.
Nous ne vivons pas les uns à côté des autres par hasard : nous parcourons tous un même chemin comme hommes et donc comme frères et sœurs.
C’est une situation qui nous concerne tous, nous qui, dans l’histoire de nos régions, depuis quelques décennies, avons accueilli des familles venues d’Italie, d’Espagne, de Pologne, du Portugal et, plus récemment, des africains, des maghrébins, des asiatiques et des personnes venues de bien d’autres pays.
C’est un monde nouveau, avec ses joies et ses tristesses, ses réussites et ses échecs, ses angoisses et ses moments de vraie fraternité qui est maintenant devant nous comme un appel de plus en plus urgent à nous rencontrer dans nos différences et à réaliser le projet de Dieu pour ce monde qui nous est confié.
Frères et sœurs de la communauté catholique malgache issue de la migration, avec tous ceux et celles qui se sont joints aux paroissiens de Saint-Pierre-de-Montrouge ou qui s’y joignent, grâce à la télévision, vous êtes le signe vivant que l’accueil des légitimes diversités humaines est devenu réalité.
Sans renier vos racines géographiques, ni vos coutumes, votre culture et votre manière, à vous, d’exprimer votre foi, vous vous êtes intégrés à notre société, y apportant la richesse de ce que vous êtes.
Chrétiens, nous savons que notre humanité est blessée et qu’elle reste durablement travaillée par des forces qui la déshumanisent.
L’actualité quotidienne nous en apporte la preuve. Les guerres, le terrorisme, la haine et la violence aveugle, en particulier contre des chrétiens, comme en Orient récemment, nous renvoient l’image d’une humanité blessée, fragilisée à un point tel que nous nous demandons pourquoi nous en arrivons à de telles extrémités !
Et nous ne pouvons pas oublier le poids de souffrance, de malaise et d’aspirations qui accompagne les flux migratoires.
« Voici celui qui enlève le péché du monde… »
Nous croyons que Jésus est bien l’Envoyé de Dieu qui vient libérer l’humanité de tout ce qui la défigure et l’anéantit.
Il incarne le rêve d’hommes et de femmes, de migrants et de réfugiés d’hier et d’aujourd’hui, affrontés aux dures réalités de la vie où s’entremêlent inextricablement l’espoir et la peine, les séparations et les échecs… toute la vie de Jésus consistera à manifester que l’amour et la vie ont le dernier mot.
Mais justement, pour que la vie ait le dernier mot, il faudra faire preuve d’initiatives et d’ouverture ; et pour que l’amour l’emporte sur l’indifférence ou le rejet, il faudra aimer jusqu’à donner sa propre vie dans un combat quotidien dont Jésus même n’est pas sorti indemne.
Le film récent « Des hommes et des dieux » en est un témoignage émouvant. Ce film reprend la vie de cette communauté des moines de Tibhirine, mise au défi de son idéal par la dure réalité. Le prieur, Christian de Chergé envisageait l’éventualité d’une fin dramatique pour lui et ses frères. Il écrivait à sa famille ce qui fut son testament : il y parlait de sa « lancinante curiosité » de voir ses frères de l’Islam à travers les yeux de Dieu, tout illuminés de la gloire du Christ… et investis par les dons de l’Esprit, dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance en jouant avec les différences ».
Oui, notre fraternité universelle a du prix ; elle naît du cœur transpercé du Christ et peut nous entraîner sur un chemin de douleurs.
Unis au Christ, espérant contre toute espérance, avec audace et courage dans l’attente du jour où tout sera accompli et où nous pourrons enfin vivre rassemblés et communier dans le même amour pour chanter et louer notre Père commun.
Références bibliques : Is 49, 3.5-6 ; Ps. 39 ; 1 Co 1, 1-3 ; Jn 1, 29-34
Référence des chants :