L’orgue de Notre-Dame de Paris va enfin renaître lors de la réouverture de la cathédrale au printemps, après 3 années de restauration. À Pâques, découvrez le documentaire Le souffle de Notre-Dame, de Julien Leloup, qui raconte l’incroyable aventure de la renaissance de cet orgue, instrument monumental et fragile. Entretien.

Notre-Dame de Paris : la restauration monumentale de l'orgue

L'un des plus grands orgues de France, les traitements nécessaires à sa restauration, les grands défis du chantier... En savoir plus

 

La facture d’orgue, tradition artisanale méconnue


Vous êtes allé à la rencontre de 3 ateliers de restauration d’orgues. C’est aussi le travail d’artisans, d’artistes, que vous mettez en avant dans le film. Quels sont les métiers, les artisans mobilisés ?
 
La facture d’orgue regroupe plusieurs métiers en un seul : la menuiserie, la tuyauterie, la peausserie, toute l’électronique et l’informatique de la console, l’harmonie finale… C’est un métier polyvalent mais souvent on voit que chaque facteurs d’orgue a sa spécialité parmi toutes ces composantes.
 
 
Qu’est-ce qui vous a marqué dans ces métiers ? Est-ce une profession qui connaît une crise des vocations ?
 
Au cours du tournage, j’ai eu plaisir à voir des artisans passionnés par la mécanique des orgues qu’ils poussent au plus prêt de la perfection par l’expérience, par le savoir-faire, par la connaissance des techniques de leur prédécesseurs. Et entre leurs mains ce grand orgue de Notre Dame de Paris est un peu comme un joyau qu’on façonne encore et encore. C’est une attention qu’ils ont pour cet orgue mais aussi pour tous les orgues qui passent dans leurs ateliers.

Les Piliers de Notre-Dame - Olivier Chevron, facteur d'orgue

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5

 

Le tournage du documentaire Le souffle de Notre-Dame de Paris

Qu’est-ce que l’on ressent lorsque l’on pénètre sur le chantier de Notre-Dame ? Par quelles sensations, quelles émotions est-on saisi ?
 
Je suis arrivé plus d’un an après l’incendie et l’espace était rempli de milliers d’échafaudages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il n’y avait plus de stigmates de l’incendie, pas de perspective de vue. L’orgue lui-même était cerné par des échafaudages et on avait aucune référence de l’endroit où on se situait finalement dans la cathédrale. Donc je l’ai pris ce lieu comme un nouvel endroit qu’on découvre. Au fil des tournages, en parcourant d’autres parties du chantier, j’ai progressivement découvert Notre-Dame de Paris par ses détails, des sculptures sur les voutes par exemple que je ne verrais plus d’aussi près.
 
Quels ont été les défis ou les difficultés de tournage ?
 
Le défi principal a été de comprendre assez vite le fonctionnement d’un orgue, apprendre le vocabulaire pour avoir des discussions précises avec les facteurs d’orgues et les organistes. Et ensuite arriver à simplifier ce jargon pour le spectateur dans le documentaire.
 
La difficulté majeure a été de cibler les bons moments à filmer. C’est-à-dire se concentrer sur les étapes importantes ou visuelles de restauration de l’orgue et ne pas être dépensier en nombre de jours de tournage. C’est tout ce travail de synchronisation sur plusieurs années, avec les artisans, avec les membres de notre équipe de production et de tournage (Franz Griers et Denis Bensoussan) qui était nécessaire pour faire en sorte d’être là au bon moment.
 
Des conseils à des jeunes réalisateurs qui souhaitent débuter dans le métier ?
 
J’ai commencé l’écriture et la réalisation il y a 10 ans et je retiens surtout qu’il faut suivre l’idée qu’on a en tête, s’obstiner et ne pas renoncer facilement. Souvent les premiers temps sont difficiles parce qu’il faut pouvoir faire ses preuves, apprendre à travailler, progresser… Les nuages de mauvaises nouvelles peuvent s’accumuler mais ce n’est pas grave, le ciel finit par se dégager.
 
Propos recueillis par Marie-Aude Lenain