Chaque année, on s’y remet. Quand les jours commencent à rallonger, quand on sent que la nature cherche à éclore et que la vie pousse, l’Eglise nous invite à une autre aventure ! 


40 jours de carême, en commençant par le désert. Evidemment, ça peut paraître un peu rude. Et puis, au milieu des inquiétudes présentes à toutes les échelles du monde… On a l'impression que ce sont les années qui sont devenues un grand carême, … bref, on n’en sortira jamais !
Pourtant, chaque année, on s’y remet ! Comme s’il y avait secrètement quelque chose en plus à vivre ou à gagner, peut-être une volonté de devenir meilleur, retrouver un filet d'espérance ou un désir un peu plus affirmé de joie. 


On s'y remet ou plutôt ne serait-ce pas l’Esprit qui nous pousse à nous lancer une nouvelle fois ? Cet Esprit, lui qui a conduit au désert le peuple hébreu avec Moïse pour retrouver la liberté, lui qui conduit Jésus au début de sa vie publique pour se libérer des tentations de ce monde, n’est-il pas aussi celui qui nous guide pour vivre à notre tour un exode, une marche pour sortir de nos enfermements, de nos pollutions ? Le désert, finalement comme un indispensable détour !


Aujourd'hui, les treks dans le désert, on adore, c’est très tendance ! Mais pas sûr que Jésus et ses contemporains partageaient cet attrait ! 
Le désert, c’est d'abord le lieu de la création qui n’a rien d’un paradis perdu, au contraire, c’est plutôt une image du tohu-bohu initial, “un chaos de hurlements sauvages” (Dt 32) nous dit d’ailleurs la Bible, peuplés de bêtes sauvages. Avec au milieu d'elles, celui que l’on appelle Satan, le diable. Étymologiquement, Lui, il signifie le “diviseur”. Celui qui vient mettre du chaos dans la relation, insinuer le soupçon, déchirer la communion, souffler la violence. L’évangile nous le campe au désert mais pas besoin d’avoir les pieds crochus et des cornes sur la tête, pour en apercevoir, voire en fréquenter, dans notre cœur et autour de nous   !


Avec lui, se joue l’épreuve et la tentation. C’est avec raison qu’il joue sur les deux tableaux car c’est le même mot en grec. La tentation qui nous fait chuter ou l’épreuve qui peut nous faire grandir sont les deux faces qui souvent alternent d’une même réalité à vivre, à traverser. Ce qui se joue pour Jésus, à travers les pierres à changer en pain, à avoir tous les royaumes de la terre et à provoquer l’action de Dieu, sont les grands domaines qui viennent agacer, blesser notre humanité.


Derrière ses trois tentations, en reprenant le pape François, c’est comme si le diable disait : « Si tu es le Fils de Dieu, profite-en ! ». En insinuant dans la tête de Jésus qu’il pourrait être totalement indépendant, seul maître du monde, propriétaire de tout, disposant des êtres et des choses selon sa convenance et son intérêt. Bref, être un big boss ou un big brother, s’amusant de la parole donnée ou reçue.    
Car fondamentalement, dans ce face-à-face entre le diable et Jésus, le désert devient aussi le lieu du combat de la Parole.

Avez-vous noté qu’entre eux deux, c’est Parole de Dieu contre Parole de Dieu ? « Il est écrit » et « moi je te dis aussi qu’il est écrit » ... Tiens, c’est curieux ça ! … sauf à comprendre comme le disait le pape François que « le malin sait même se déguiser avec des motifs sacrés, apparemment religieux ! ». Quand la vie est engagée, la parole entre dans un combat, passe par un feu semblable à celui du buisson ardent, révélant le nom brûlant de la vérité. D’ailleurs, si on allait creuser la racine hébraïque du mot désert, on trouverait le mot parole. Enfouie dans la terre sèche et aride de nos vies, creusée par la faim et la soif, la parole peut profondément surgir libératrice, féconde. Elle est celle qui nous fait naître à nous-mêmes. 
Jésus, sorti de ce combat, se révèle comme Fils, libre et vainqueur. En avance, il signe sa victoire sur le chaos de la mort. Sorti vivant, au matin de sa Pâque, il est celui qui avec nous dit à son Père, « ne nous laisse pas entrer en tentation ».

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