Vous avez entendu !? Tout semble bien facile, immédiat… quasi magique, en tout cas féérique !
Il suffit qu’un séraphin touche d’un charbon brulant les lèvres d’Isaïe dans le sanctuaire et « pouf » le voilà purifié et devenu prophète !!!
Quant au psalmiste il se met, de même, en présence du Tout-Puissant (c’est si facile !) et voilà que des anges l’environnent.
À ces disciples de Corinthe, Paul, qui se traite lui-même d’avorton et de « plus petits des apôtres », nous révèle tout bonnement que le Christ Ressuscité lui est apparu à lui, aux apôtres et à plus de 500 frères à la fois…(excusez du peu !)
Enfin l’Évangile nous montre Jésus dans la barque de Pierre. Il monte… et « pouf » ! les filets se remplissent !

Évidemment avec tous ces miracles et ces grâces mystiques, environné du merveilleux céleste, tout ce beau monde semble n’avoir aucune difficulté à suivre les commandements de Dieu et à Lui consacrer sa vie. Aussitôt dit, aussitôt fait, les uns deviennent prophètes, les autres témoins, disciples, apôtres et même martyrs… « Laissant tout, ils le suivirent ».

Avouons qu’une telle facilité dans la vie chrétienne, celle d’une conversion, rapide, spontanée, d’un coup de baguette magique divin nous fait rêver. Dieu intervient et tout va bien ! Certains récits hagiographiques plus ou moins légendaires comme des témoignages contemporains nous donnent parfois l’illusion que l’irruption de Dieu dans une âme dispense celle-ci d’affronter le lent, patient et douloureux combat contre les misères d’ici-bas :

 - celles du péché d’abord dont les racines profondes ne se dissipent pas dès la première expérience de l’amour de Dieu

- celles des souffrances de l’âme et du corps dont les morsures régulières sont autant de tentation de découragement

- celle des drames et des mensonges de notre monde dont le tsunami tente chaque jour de submerger la lumière de la Foi et de l’Espérance.

Rassurez-vous, si on regarde de plus près les textes de ce jour tout n’est pas si facile. Le prophète, le psalmiste et les apôtres ne nous servent pas un conte de fée. Pour eux comme pour nous, comme pour tant de saints à travers les siècles, « le pèlerinage de la foi » est un chemin escarpé et non une route large et spacieuse :

Isaïe se sent bien faible et subira l’adversité et même le martyr.
Le Psalmiste David sera longtemps en lutte contre les passions de la chair et l’opposition politique.
L’Apôtre Paul outre un « ange de Satan chargé de le souffleté » connaîtra outrages et persécutions. À tel point qu’il affirmera « achever dans sa chair ce qui manque aux souffrances du Christ ».
Les Apôtres, à commencer par Pierre, comprendront que l’humiliation de l’expérience de leur propre faiblesse est la condition même pour appartenir au Christ et devenir disciple.

Tous nous apprennent que Dieu vient à nous précisément dans nos misères. Il nous communique sa gloire sur le chemin qui, après l’illusion des Rameaux, nous fait passer par la passion et par Croix jusqu’au tombeau vide de la Résurrection. Là est le Kérygme (l’annonce fondamentale de la foi) qui n’est pas seulement annoncé mais renouvelé de siècle en siècle et sur tous les continents…. et dans la célébration de l’eucharistie et dans l’existence du peuple despauvres, des captifs, des affligés….

J’aime ces passages de la Prière eucharistique N°IV que nous prierons tout à l’heure :

Dans ta miséricorde, Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton Fils unique pour qu’il soit notre Sauveur. Il a vécu notre condition humaine En toute chose, excepté le péché,
Annonçant aux pauvres La bonne nouvelle du salut ; Aux captifs, la délivrance ; Aux affligés, la joie.
Pour accomplir le dessein de ton amour, il s’est livré lui-même à la mort, et, par sa résurrection, il a détruit la mort et renouvelé la vie.

Tout est dit.

Sur cette terre des Antilles où nous sommes, alors que des souffrances nouvelles, réveillent les blessures des crimes anciens, rappelons-nous qu’un peuple autrefois vendu par les siens, déporté, esclavagisé, humilié a su trouver dans l’Évangile, et l’Évangile seul, la source de dignité, derelèvement, de résilience et d’espérance.

En ce jour où nous prions pour le monde de la santé et particulièrement pour nos frères malades, je crois devoir redire le message des prophètes, du psalmiste et des apôtres. C’est celui du jubilé et celui de nos ancêtres Mamaiy-la : « l’espérance ne déçoit pas ».

Vidéos liées

Recevez chaque
semaine vos newsletters :

Les différentes newsletters