« Pour qu’ils aient la vie en abondance ! » Quel programme, frères et sœurs ! La vie, un mot qui évoque tant pour nous. Et le souhait de Jésus, c’est qu’elle soit abondante. En ce temps de Pâques, cette promesse résonne particulièrement : Jésus est ressuscité ! Il a ouvert les portes de la vie. Il en a fait sauter les verrous les plus tenaces.

Un jour, un artiste avait réalisé une magnifique affiche. On pouvait voir Jésus frapper à une porte. Quelqu’un remarqua qu’il n’y avait pas de clenche ! Rassurez-vous, l’artiste ne l’avait pas oubliée. Mais il y a des portes qui ne s’ouvrent que de l’intérieur. Vous avez compris, les enfants ? Sans prière, sans vie intérieure, il ne peut y avoir rencontre de Jésus.

Des persécutions au pouvoir…

Aujourd’hui, en ce dimanche des vocations, j’ai envie de parler à Jésus de ce troupeau dont il a pris la tête. Il ne va pas si bien. Une récente enquête en Belgique a révélé la baisse sensible de la foi et de la pratique religieuse et, en France, le cardinal Vingt-Trois, inaugurant la session des évêques à Lourdes, n’a pas hésité à tenir un langage inquiet. Oui, Jésus, ton troupeau est malade.

Près de 2000 ans ont passé depuis ce discours de Pierre au jour de Pentecôte. Convertissez-vous, disait-il, et venez nous rejoindre, passez par la porte du baptême. Et ce jour-là, 3000 personnes environ s’adjoignirent aux Apôtres. Durant trois siècles, des petites communautés où l’on s’aimait les uns les autres, tous sur pied d’égalité, sont nées dans l’Empire romain. Les nombreuses persécutions n’y firent rien. C’était le temps des martyrs. Saint Pierre, encore lui, dans sa première lettre, avait d’ailleurs prévenu : le Christ lui-même a souffert et vous a laissé un exemple. Et il ajoutait : « Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous. »

Petit à petit, le troupeau a pris de l’importance. L’Église est devenue puissante. Tous se disaient chrétiens, ce qui ne les empêchait pas de faire la guerre ! Hélas, ce n’est pas toujours lorsque chrétiens étaient les plus nombreux qu’ils étaient les meilleurs ! À chaque génération, en effet, il faut se convertir.

Un petit troupeau

Aujourd’hui, nous sommes redevenus un petit troupeau. On ne nous met plus à mort, mais notre voix se perd dans l’oubli. Nous pouvons en être désolés et rêver du temps mythique où les églises étaient pleines (comme aujourd’hui à Nandrin). Mais peut-être pouvons-nous saisir ce changement de décor comme une chance, une grâce. Ne serions-nous pas appelés à réentendre la voix du berger qui nous appelle chacun, chacune par notre nom ? Ne devrions-nous pas nous décider à passer par la porte en toute vérité ?

Dimanche dernier, j’ai baptisé le petit Sergio, 10 ans. Quand il s’est présenté à la paroisse, demandant lui-même le baptême, il a déclaré : « Pour faire enfin partie de la communauté chrétienne. » Enfin ! Il avait hésité pendant un an ou deux. C’est que passer par la porte de Jésus, ce n’est pas une mince affaire…

Beaucoup parmi nous sont tombés dans la cuve baptismale dès leur naissance, comme Obélix dans la potion magique. N’est-il pas temps que nous reprenions notre vie chrétienne en main, que nous rechoisissions notre baptême ? Tant de portes aujourd’hui nous sont offertes – les plaisirs, les jeux, les sports… – et Jésus nous dit : ma porte, elle aussi, est ouverte. Elle exigeante, c’est vrai, mais si tu passes par elle, tu trouveras des prés d’herbe fraîche, une vie en abondance.

Une autre manière

Avec beaucoup d’autres, je pense que le christianisme n’en est peut-être qu’à ses débuts, mais qu’il est appelé à une métamorphose dont nous n’avons sans doute pas idée, à une manière radicalement neuve de vivre et de proclamer l’Évangile, à une refonte en profondeur de notre Église. Il nous faudra être chrétiens autrement. Le ferment contenu dans l’événement et la prédication Jésus de Nazareth n’a pas encore fait lever toute la pâte. Inventerons-nous une manière, adaptée à notre époque, mais sans compromissions ? Soyons audacieux, libérés des choses secondaires et attachés à l’essentiel.

Le fait qu’il y ait si peu de vocations aujourd’hui n’est-il pas un signe que Dieu veut nous donner ? L’Église est devenue l’affaire de chacun, et plus seulement celle des prêtres. En ces temps de disette, l’Esprit nous invite à prendre nos communautés en charge, à leur donner de notre temps et de notre cœur.

Et l’Église a besoin de chacun de nous, même des plus jeunes. Un jour, la colombe s’ennuyait. Elle se mit à compter les flocons de neige qui tombaient sur sa branche. Un flocon, ça pèse trois fois rien ! Eh bien, elle compta les trois fois rien. Un, deux, trois… 2788… et la branche cassa. Il suffit d’un trois fois rien de plus pour briser une branche. Un flocon peut tout changer. Tous sont donc indispensables. L’Église a besoin de chacun, sans exception. Et de vous aussi, mes enfants.

Une Église est occupée à disparaître, une autre à naître. Seul un surcroît de foi, d’amour et d’espérance permettront à nos petites communautés de traverser l’hiver et de germer en un nouveau printemps. L’Évangile d’aujourd’hui nous invite à la confiance. Jésus, le bon Berger, nous devance et nous conduit. Nous sommes en bonnes mains.

Références bibliques : Actes 2 14a.36.41 ; Psaume 22 : 1 Pierre 2, 20b-25 ; Jean 10, 1-10.

Référence des chants :

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