Cher Théophile, 
Chers bien-aimés de Dieu, 
Frères et sœurs,

 
Si je vous interpelle ce matin en ces termes, c’est que Luc, en s’adressant à Théophile il y a 2000 ans, destinait son Evangile à chacun de nous aujourd’hui, puisque nous sommes tous « les bien-aimés de Dieu ». Ce que Luc entend nous confier c’est bien une « bonne nouvelle ». Il n’y a rien de plus agréable que d’entendre une bonne nouvelle, surtout quand l’atmosphère est morose, comme elle l’est souvent, particulièrement en politique ces derniers temps.

Alors, imaginez-vous un instant au Palais Bourbon au milieu de nos députés.

Le premier ministre, fraîchement nommé, se lève pour prononcer son discours de politique générale. Une heure passe, les paroles se bousculent, le ton est solennel, mais quelquefois les intuitions semblent noyées dans des généralités. Certains parlementaires baillent, d’autres jettent un œil discret à leur montre. Ce genre de discours-fleuve nous l’avons tous subi ou vu à la télévision.

Mais en ce dimanche de la Parole, quel contraste avec le discours de Jésus, dans l’Evangile que nous venons d’entendre ! En quelques phrases, Jésus annonce son programme :  clair, net, précis. Et, dans une déclaration saisissante il affirme : « Aujourd’hui cette parole s’accomplit ». Pas de discours interminable, pas de promesses floues : une vision, une mission et un engagement immédiat. Voilà une leçon d’éloquence efficace qui mérite d’être explorée.

En effet, mes bien-aimés de Dieu, la citation d’Isaïe, que Jésus reprend à son compte, sonne comme un véritable discours-programme qui précise la direction que Jésus entend donner à sa mission : une annonce de bonheur en direction des pauvres, de ceux qui ont le cœur brisé, la libération des esclaves et des prisonniers, le retour à la vue pour les aveugles…. Quel programme ! Utopique ? Idéaliste ?

Et pourtant l’Evangile de Luc consolide cette orientation. Il suffit de penser aux récits qui lui sont propres : la compassion de Jésus pour la veuve qui a perdu son fils unique, pour la femme courbée depuis 18 ans.

Et que dire de la miséricorde manifestée au fils prodigue, au larron.

Que dire de sa bienveillance à l’égard du pauvre Lazare et de Zachée, sans oublier la sollicitude du Bon Samaritain. Les pauvres, les petits, les humbles, les opprimés occupent la place centrale dans l’Evangile de Luc.

Jésus n’a pas prêché une parole abstraite, éloignée des réalités humaines. Il s’adresse directement à ceux qui galèrent et qui, dans leur vulnérabilité, attendent une libération. Il parle aussi bien à ceux qui sont prisonniers de leurs peurs, de leurs addictions, qu’à ceux qui subissent les structures injustes du monde.

Mes bien-aimés de Dieu, et, si on actualisait le discours-programme de Jésus, quelles seraient aujourd’hui les bonnes nouvelles à annoncer ?
Pour un malade, c’est l’annonce de la guérison 
après un traitement long et pénible. 
Pour une femme battue, c’est de pouvoir se reconstruire 
et retrouver un milieu bienveillant et sécurisé. 
Pour une personne dépendante aux drogues, à l’alcool, 
c’est de pouvoir se libérer de cette servitude 
et de se réapproprier sa dignité. 
Pour des Ukrainiens, des Palestiniens, des Juifs, 
des Soudanais, des Libanais, des Syriens, 
c’est la fin de la guerre. 
Si, la liste des bonnes nouvelles souhaitées 
pourrait s’allonger à l’infini,
n’oublions jamais, il y a 80 ans 
la bonne nouvelle 
c’était la fin de l’enfer des camps d’extermination nazis.

Alors, bien-aimés de Dieu, quelle est notre contribution 
pour que cette déclaration exigeante 
et universelle de Jésus s’incarne encore aujourd’hui ?
Il est grand temps de nous réveiller. 
Depuis 2000 ans Jésus a annoncé 
sa bonne nouvelle aux pauvres, 
la compassion à ceux que la vie n’a pas gâtés, 
l’effacement de la dette des plus démunis. 
Nous ne pouvons plus nous contenter de discours 
et de causeries au salon devant la cheminée. 

Comme le Pape François nous y invite, 
il nous faut rêver une Eglise qui bouge, qui met debout, 
qui a une parole pour les hommes d’aujourd’hui, 
qui ose inventer des horizons nouveaux 
et dessiner l’avenir en mille couleurs.

Cher Théophile, mets-toi au travail, 
le chantier est immense, il ne manque que des bras 
pour mettre en œuvre avec Jésus son discours-programme.

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