Sommes-nous tous convoqués par Jésus ?
Dans les versets qui précédent le texte lu aujourd’hui, Jésus a fait l’appel de ses douze apôtres, tous par leur prénom. Avec eux, il descend de la montagne et gagne un bel espace où une grande foule est réunie...
Pas sûr que ce soit pour jouer ! Au moins est-ce pour écouter ses enseignements.
Jésus guérit même ceux qui sont malades ou qui ont des bobos. Il console et apaise.
Tous ceux qui l’approchaient voulaient le toucher. Quel engouement… c’est la guest star !
Dans l’effervescence du moment et l’agitation de la situation évoquée dans l’évangile, il est étonnant d’entendre Jésus faire la lecture du règlement à respecter selon des principes éducatifs et moraux.
Vous voulez être heureux et bien suivez mes conseils. Soyez prêts !
Le bonheur viendra de la confrontation à ce qui apparaît habituellement comme une difficulté, un manque ou une souffrance. Quelle abnégation est demandée !
Qui en effet considèrera spontanément que la pauvreté, la faim, la tristesse, la haine et les insultes peuvent devenir source de joie ?
Pourtant, cela se vérifie dans la vie courante comme dans le sport et toute activité physique : on n’obtient rien sans rien.
Il faut bien suer pour s’entraîner, il faut se muscler et s’échauffer pour sauter les obstacles et tenir avec endurance.
Ce que le corps exige pour s’entraîner est comparable aussi à l’entrainement de l’âme et de l’esprit.
Jésus est un bon coach, exigeant et bien conscient de ce qu’il est possible de réaliser, afin de conduire ses disciples à répondre à de hautes ambitions. Pour satisfaire aux exigences d’une croissance saine et ardente, il est indispensable de se préparer à souffrir non par masochisme mais par nécessité, pour passer des seuils et dépasser ses limites. Les élèves du lycée horticole du Bocage savent combien il faut s’investir dans les études pour comprendre et dans le travail pour permettre la croissance des plantes. L’effort produit du fruit.
Si l’objectif premier n’est pas la satisfaction ou la jouissance de biens facilement acquis ou mis à disposition, alors le manque temporaire ne créera pas de frustration. Avoir faim, être tiraillé, triste même, recevoir les moqueries de ses adversaires, toutes ces contraintes constituent un puissant stimulant pour aller de l’avant. On ne se laisse pas rabaisser, décourager par les oppositions ou l’hostilité véhémente.
Par ces quatre béatitudes et ces quatre malédictions, l’évangéliste Luc rappelle la prudence nécessaire à un vrai épanouissement de nos aptitudes spirituelles. Un engagement personnel vers la sainteté ne sera pas toujours aisé, il sera même couteux et douloureux mais grande sera la joie atteinte après l’épreuve du dépouillement et de l’investissement personnel.
Nous sommes tous appelés à devenir des saints, des champions, des étoiles, des stars, mais dans cette version des béatitudes chez Luc, on discerne deux voies possibles, soit chercher Hollywood boulevard soit prendre le boulevard du ciel…
Vous savez en effet que de leur vivant des artistes célèbres voient leur nom inscrit au centre d’une étoile posée sur Hollywood Boulevard, près de studios éponymes, à Los Angeles sur la Côte Ouest des Etats-Unis.
Cette étoile figée dans le sol est censée inscrire le nom de ces artistes comme dans un panthéon culturel permanent. Malheureusement, la matérialisation de ces célébrités se trouve piétinée par tous les touristes qui avancent tête baissée. Drôle faire valoir d’un éclat et d’une notoriété. On écoute en écho la parole de Jésus : « Malheureux, vous les riches, ...vous qui êtes repus…. Vous aurez faim »
Mais ce n’est pas dans l’effervescence hollywoodienne que notre étoile doit briller.
La nôtre, signe d’un éclat spirituel et reflet de la splendeur de Dieu, manifestation de notre désir de marcher vers la sainteté, sera semblable à celles qui ornent déjà le plafond de cette chapelle.
Dans la profondeur de l’azur divin, chacun prendra place, tourné vers Dieu, non sans effort, au cours d’une existence où se dessinera le pourtour de la forme étoilée avant de s’emplir de cet or éclatant par petites touches. A l’égal de ce qu’a vécu l’abbé Camille Costa de Beauregard, fondateur du Bocage, chaque bonne action, chaque prière et chaque espérance constituent autant de petits coups de pinceau pour dorer le cœur de l’étoile que nous voulons former dans le ciel de Dieu. Par l’acceptation des béatitudes et le rejet des malédictions, le Seigneur oriente la vie de chacun.
Comme le rappelle le Pape François : « Le mot heureux ou bienheureux, devient synonyme de saint, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur ».
L’éclat de notre étoile sera d’autant plus intense que la conversion de notre vie à la sainteté aura permis à chacun de s’imprégner en profondeur de cette couleur dorée. Pour vivre les béatitudes, il suffit de laisser briller fidèlement en nous l’amour de Dieu.