Dieu est à l’œuvre, au-delà de nos frontières

 

« Bien-aimé, souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon Évangile. » « Voilà mon Évangile » s’écrie Paul, et ce cri résonne dans l’Église depuis 2000 ans. « Voilà mon Évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance… » Pouvons-nous nous-aussi, dire que le Christ ressuscité est notre Évangile, notre Bonne Nouvelle, et que nous trouvons en Lui la force d’affronter ces forces de mal qui provoquent tant de souffrance dans le monde et dans nos propres cœurs ? 

L’Évangile, pour un chrétien, n’est évidemment pas un recueil de vérités à croire, mais il n’est pas non-plus seulement un texte sacré ; on ne pourrait même pas se contenter de dire que l’Évangile est la Parole de Dieu faite chair, à moins que l’on accepte de comprendre que la particularité de cette venue dans la chair est d’être, à la fois absolument unique dans la personne historique de Jésus, et en même-temps de concerner absolument la chair de tous les hommes, celle de toutes les créatures de tous les temps jusqu’aux extrémités de l’univers. L’Évangile est comme une note de musique sortie de Dieu, qui aurait retenti en un seul lieu, en un seul instant, mais qui résonnerait depuis ce lieu et cet instant, jusqu’aux confins des temps et de l’espace, capable de déployer des harmoniques infinies dans des êtres aussi divers que ceux qu’il désire rassembler. 

Pour comprendre un peu mieux ce que veut dire ce « voilà mon Évangile », en restant dans les métaphores musicales, nous pourrions dire que l’Évangile qu’est le Christ vivant, doit devenir dans les instruments à cordes que nous sommes, comme l’âme… vous savez, cette petite pièce de bois posée entre le fond d’un violon et sa table d’harmonie. Sans cette pièce presque invisible, aucune résonnance ; avec elle c’est tout l’instrument qui devient capable de transmettre à nos oreilles ce qu’il y a de plus subtile et de plus caché dans le cœur de l’homme. Si l’Évangile est fiché dans nos cœurs comme l’âme dans le violon, nous sommes rendus capables de transmettre non seulement ce qu’il y a de plus vrai dans l’homme, mais aussi de faire entendre par nos vies quelque chose de l’harmonie du Royaume.

Mais que l’Évangile soit ainsi comme notre âme, n’est jamais une évidence ! Il ne suffit pas d’être chrétien et même de se croire plus chrétien, plus sauvé, plus saint que les autres, pour que l’Évangile mette vraiment nos vies en tension, en résonance. Et les textes de ce dimanche nous rappellent avec force que ce sont bien souvent ceux que l’on juge étrangers au Salut qui en vivent déjà, peut-être tout simplement parce qu’ils sont en quête de vérité et non pas dans l’illusion de la détenir. Si l’Évangile est notre vie, nous devons être comme Naaman, le général syrien, ou comme le Samaritain de l’Évangile revenant vers Jésus après avoir été guéri ; ces deux-là n’ont pas seulement en commun d’être des lépreux guéris, ils sont surtout des hommes qui ont reconnu le passage du Sauveur dans leur vie et qui ont été capables de remettre en question leurs schémas, leurs idées préconçues, leurs représentations du monde, qui ont laissé Dieu les transformer.

Toute la famille vincentienne, qui fête aujourd’hui les 190 ans de la première conférence fondée en province, ici-même, à Nîmes sait bien ce que signifie « être remis en question par l’action de Dieu ». Vous avez tous fait, à un moment ou à un autre, l’expérience de cette déstabilisation qui nous rend en fait plus disponible au Salut de Dieu. Et la capacité de résonance que permet l’Évangile en vous, cet Évangile qui est devenu votre vie, ne vous a pas seulement permis de reconnaître l’action de Dieu en vous et de vous en réjouir, mais elle vous a rendus capables de voir Dieu agir bien au-delà de vos frontières naturelles et des frontières naturelles de l’Église. Ceux que vous rencontrez n'ont pas à entrer dans nos sérails pour refléter la lumière du Ressuscité, et c’est en les servant, en les aimant, en vous découvrant aimés par eux, que vous voyez Dieu agir en ce monde. Comme le rappelle avec force le pape Léon dans sa première exhortation apostolique parue cette semaine, avec la relation aux pauvres, « nous ne sommes pas dans le monde de la bienfaisance, mais dans celui de la Révélation » (DT 5) Comme chrétiens et comme catholiques nous devrions toujours être des passionnés de l’action de Dieu au sein de ce monde ; nous devrions déployer cette attention permanente à ce que Dieu réalise déjà en dehors de nos cercles, au-delà des frontières étroites que nous avons en tête quand nous disons « catholicisme ». Partout où la vie cherche sa voie à travers les obstacles, Dieu est à l’œuvre.

 

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