Remplir, unir, habiter

Qui es-tu, Esprit Saint ?

La fête de la Pentecôte, chers frères et sœurs, est une occasion privilégiée qui nous est donnée pour découvrir un peu mieux chaque année la personne, je dirais même la personnalité de l’Esprit Saint. Celui-ci, malheureusement, apparaît trop souvent comme le grand inconnu de la Trinité, que l’on a du mal à se représenter, comme si c’était un peu une abstraction. Or l’Esprit Saint est tout sauf une abstraction ! Vous l’avez entendu surgir comme un fort coup de vent dans la pièce où les apôtres étaient réunis, vous l’avez vu se partager et se poser en langues de feu sur chacun d’eux, vous avez vu comment il les pousse à sortir de la maison alors qu’ils y étaient enfermés, comment il les conduit à parler et à proclamer avec audace, dans toutes sortes de langues, les merveilles de Dieu, eux qui, jusque-là, étaient muets et craintifs, confinés dans leur petit groupe, leur cénacle. Croyez-moi, une abstraction, une notion théorique, ça ne fait pas tout cela !

C’est bien en regardant comment l’Esprit Saint agit, non seulement à travers les apôtres aux premiers temps de l’Église, mais encore aujourd’hui, en chacun de nous, c’est en le regardant agir que nous pouvons apprendre à mieux connaître l’Esprit, à le reconnaître aussi dans nos vies, à l’aimer, à le prier. Car l’Esprit Saint a une manière d’agir bien à lui, reconnaissable entre toutes et qui est comme sa signature.

D’abord, le propre de l’Esprit, quand il survient quelque part ou chez quelqu’un, c’est de tout remplir, de combler en plénitude. Le récit des Actes nous dit que la maison où se trouvaient les apôtres fut « remplie tout entière » par ce bruit et ce grand souffle de vent, puis que « tous furent remplis d’Esprit Saint ». Mais il y a des remplissements qui vous étouffent, vous saturent, qui ne vous laissent plus d’espace libre et qui finalement paralysent et empêchent toute vie. Ce n’est pas ainsi que l’Esprit remplit les cœurs : les apôtres, en effet, tout remplis d’Esprit Saint, se sont aussitôt mis en mouvement pour transmettre aux autres cette plénitude, pour la faire déborder autour d’eux comme en cascade. De même, nous aussi, nous pouvons demander à l’Esprit Saint de remplir notre cœur, non pour le saturer et le renfermer sur lui-même, mais pour le dilater au contraire et en faire pour les autres une source jaillissante de vie.

S’il nous remplit sans nous étouffer, l’Esprit Saint nous unit aussi les uns aux autres, mais sans nous uniformiser sur le même modèle. C’est bien ce qui se passe au jour de la Pentecôte : vous l’avez remarqué, les apôtres reçoivent tous le même Esprit, mais chacun s’exprime différemment selon le don particulier de l’Esprit qui lui est fait, et les pèlerins rassemblés à Jérusalem, si divers par leurs origines, les entendent tous proclamer les merveilles de Dieu, mais chacun dans sa propre langue, sa langue maternelle. C’est exactement ainsi, frères et sœurs, que l’Esprit Saint continue aujourd’hui de faire notre unité de chrétiens, de réaliser la communion dans l’Église, non en abolissant toute diversité, en nivelant toute différence entre nous, mais en respectant, en valorisant même ce que nous avons de plus propre, de plus personnel, de plus intime. Et, en réalisant cette unité, cette communion des uns avec les autres, l’Esprit révèle le secret le plus profond de sa personne, puisqu’il est lui-même, en personne, l’unité, la communion du Père et du Fils, il est le souffle qu’ils échangent ensemble éternellement, il est leur commune respiration d’amour.

L’Esprit donc survient, remplit sans étouffer et unit sans uniformiser. Que fait-il encore ? L’Esprit de Dieu ne se contente pas de passer, de souffler sur nous comme un ouragan et puis de s’en aller ; non, il veut habiter en nous, de manière stable, permanente, pacifiante. Or habiter, ce n’est pas seulement occuper un lieu, c’est l’animer, l’embellir, le faire vivre de jour en jour. Saint Paul nous le dit : « L’Esprit de Dieu habite en vous », « l’Esprit vous fait vivre », et Jésus lui-même nous l’a promis dans l’Évangile : le Défenseur, l’Esprit Saint « sera pour toujours avec vous ». Mais alors, frères et sœurs, cela change tout ! Cela veut dire que nous sommes libres comme lui-même, l’Esprit Saint, est infiniment libre ; cela veut dire que nous ne sommes plus des esclaves, mais des enfants de Dieu et qu’avec l’Esprit de Jésus, nous pouvons crier à Dieu : « Abba, Père ! » Laissons-nous donc conduire par l’Esprit, laissons-le habiter en nous, laissons-le être notre Enseignant pour qu’il nous fasse souvenir de toutes les paroles de Jésus. Alors, c’est le Dieu d’amour, la Trinité tout entière, Père, Fils et Esprit Saint, qui viendra chez nous pour y faire sa demeure. Amen.

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